Évoqué en 2019 par le chef de l’Etat, un plan de prévention des catastrophes est plus qu’urgent au moment où les villes de Lambaréné et Ndjolé sont en proie aux crues de l’Ogooué avec le volume des précipitations ces derniers temps. Eau potable et électricité affectées, habitations et plantations inondées et détruites, impossibilité de navigation sous le pont, donc de ravitailler Ndjolé et le Woleu-Ntem en carburant, écoles fermées, risques de maladies, etc. la situation est à l’urgence.  

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Les réseaux sociaux, notamment Facebook, charrient de nombreuses vidéos et photographies relayant la catastrophe naturelle survenue ces jours-ci au centre du Gabon : l’Ogooué, fleuve essentiel ayant de surcroit le plus grand débit du pays, est sorti de son lit à la suite des dernières grandes pluies. Si dans le passé, ce phénomène avait déjà été noté, notamment en 2019 et 2020, la crue actuelle est résolument inédite au point que le chef-lieu de la province du Moyen-Ogooué est au bord de la catastrophe humanitaire, à en croire les témoignages reçus par GabonReview au téléphone.

Le niveau de l’Ogooué empêche le passage sous le pont de Lambaréné et donc le ravitaillement en carburant de Ndjolé où se trouve l’entreposage OLA qui alimente les provinces du Woleu-Ntem, de l’Ogooué-Ivindo et le Sud carburant en essence. © Facebook

Eau potable, électricité et cri d’alarme d’un responsable du PDG

Après une difficile tournée dans certains quartiers en vue de mesurer l’ampleur de la catastrophe, le Secrétaire national 3 du Parti démocratique gabonais (PDG) chargé de l’animation politique de la province du Moyen-Ogooué, Roger Ekomi-Ndong, s’est résolu à tirer la sonnette d’alarme en rencontrant les autres autorités de la province et en échangeant avec les populations sinistrées.

S’invitant dans cette atmosphère digne du commencement du déluge biblique, l’électricité est venue en rajouter au désarroi de certaines populations. Selon un agent de maîtrise de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), joint au téléphone, le transformateur situé dans le 2ème arrondissement de la ville du Dr Schweitzer s’est retrouvé inondé par la crue, coupant ainsi l’électricité. «Mais le problème est en voie de résolution, un transformateur de secours est en cours d’acheminement en provenance de Mouila». Il en est de même pour la fourniture en eau potable : «la prise de brut» (terme technique) de la station de traitement de l’eau a été engloutie. La SEEG est à pied d’œuvre pour la résolution urgente de ces problèmes.

Il n’en reste pas moins que le niveau de l’Ogooué est tellement monté que les embarcations et remorqueurs qui acheminaient le gasoil, l’essence et le pétrole lampant en amont, ne peuvent plus passer sous le pont de Lambaréné. La ville de Ndjolé où se trouve l’entreposage OLA qui ravitaille les provinces du Woleu-Ntem, de l’Ogooué-Ivindo et le Sud carburant en essence, ne va donc pas tarder à être privé de carburant et d’électricité. Cette ville est elle-même en proie à d’importantes inondations ayant notamment ravagé bien d’entrepôts, boutiques et étals de son marché.

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Dégâts matériels et infrastructurels

Pour rester sur Lambaréné, il y a que la plupart des habitations bordant l’Ogooué ou qui n’en sont pas très éloignées sont touchées, notamment les quartiers Invouang, Agnundzuma, Atsie, Lalala, Carrière. De même, dans le 2ème arrondissement de la commune, pour les quartiers Dieu-Le-Fit, Saint François-Xavier, Dakar, Sohoty, Sainte Thérèse, et le Centreville dans le 1er arrondissement.

Si aucune perte en vie humaine n’a été signalée jusque-là, il se trouve que de nombreux habitants des zones touchées ont du mal à quitter leurs domiciles, certains empruntant des pirogues qui, depuis la catastrophe, trouvent leur chemin dans des zones qui, auparavant, étaient de la terre ferme. Des familles entières ont perdu leurs habitations, leurs enfants étant exposés à diverses maladies alors que certaines écoles ont dû fermer. En tout cas des champs, des récoltes et des habitations entières sont détruites, les occupants se retrouvant littéralement sans domicile fixe (SDF).

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Quid du plan de prévention d’Ali Bongo ?

Si on ne saurait accuser l’Etat pour une défectuosité ou un manque d’infrastructures, il est tout de même impératif pour les pouvoirs publics de prendre le taureau par les cornes, afin de garantir la sécurité des biens et des personnes contre les dangers inhérents à ce type de catastrophe.

En novembre 2019, une catastrophe similaire avait frappé Lambaréné et certaines localités du centre-ouest du pays. Ce qui avait amené le chef de l’Etat, Ali Bongo, à déclarer, sur son compte Twitter, que «La situation de nos compatriotes de Ndjolé et Lambaréné du fait d’inondations exceptionnelles est préoccupante. J’ai donc donné instruction au gouvernement de se rendre sur place pour venir en aide à ces sinistrés pour certains en détresse sociale. Une solution rapide sera trouvée».

Julien Nkoghé Bekalé, alors Premier ministre, dû réagir illico presto en se rendant dans les principales localités sinistrées. Il fut alors question de l’élaboration d’un plan de prévention permettant de limiter les dégats lors de la reproduction de ces inondations. Ali Bongo souhaitait un traitement du problème à la racine, en s’attaquant à la question de l’urbanisation anarchique en zone inondable. Pour rappel, à la mi-novembre de la même année, 2 000 familles furent victimes d’inondations dans le Moyen-Ogooué et la Ngounié. Ils reçurent du gouvernement une enveloppe 500 millions de francs CFA.

 
GR
 

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