Nominations aux Travaux publics : Confusion et je-m’en-foutisme
Au-delà du spectaculaire reniement, le chassé-croisé entre Léon Armel Bounda Balonzi et Toussaint Nkouma Emane a quelque chose de stupéfiant.
Tout juste ont-ils annoncé leur décision, commencé le service après-vente ou entamé le redéploiement des équipes, les voilà condamnés au rétropédalage. Le 12 septembre dernier, la Première ministre informait l’opinion de la dissolution du ministère des Travaux publics. Dénonçant les «lenteurs constamment observées (…) dans la réhabilitation du réseau routier national», elle annonçait la création «au sein de la Primature (d)’un département en charge des Travaux publics, de l’équipement et des infrastructures.» Le 12 octobre dernier, la même cheffe du gouvernement communiquait sur la nomination d’un nouveau ministre des Travaux publics. Le lendemain, l’ancien titulaire du poste était parachuté à la tête du conseil d’administration du Fonds autonome national d’entretien routier (Faner) sur décision du conseil des ministres, c’est-à-dire de l’instance regroupant le président de la République et l’ensemble du gouvernement.
Parachutage problématique
En l’espace d’un mois, quatre décisions contradictoires et administrativement douteuses ont été prises. Le ministère des Travaux publics a-t-il été dissout et son administration rattachée à la Primature ? On se demande en vertu de quelles dispositions juridiques, la création, l’organisation et le fonctionnement des services publics étant régis par la loi n° 20/2005 du 3 janvier 2006. Ce texte permet-il de tels tours de passe-passe ? On peut en douter. Un nouveau ministre a-t-il été nommé et son prédécesseur envoyé dans un établissement sous tutelle ? On cherche à savoir à quel moment Léon Armel Bounda Balonzi a-t-il été démis de ses fonctions. La dissolution du ministère signifiait-il le renvoi du ministre ? Si l’on s’en tient à l’expérience du passé, on ne peut l’affirmer. En juin 2011, la révocation des agents du ministère de l’Habitat n’avait pas donné lieu au départ du ministre. Blaise Louembé avait-il été épargné en raison de l’intitulé de son département ? S’était-il simplement vu retirer un pan ? Avait-il implicitement été nommé ministre de l’Écologie et du Développement durable ? Peu importe. Tout ceci relève ou du gymkhana intellectuel ou de la prestidigitation juridico-administrative.
Ali Bongo et Rose Christiane Ossouka Raponda pourront toujours affirmer avoir démis Léon Armel Bounda Balonzi de ses fonctions en lui retirant la totalité de ses prérogatives. Son parachutage au conseil d’administration du Faner n’en reste pas moins problématique. Fallait-il absolument lui trouver un point de chute voire une planque ? Quelle valeur accorder alors aux accusations formulées contre lui ? Devenu président du mécanisme de financement, ne garde-t-il pas le contrôle du programme d’entretien du patrimoine routier national ? N’est-ce pas une réhabilitation en bonne et due forme ? Au-delà, on peut s’interroger sur la marge de manœuvre de son successeur, par ailleurs son prédécesseur. Quel sens donner à une telle inversion des rôles ? N’est-ce pas une manière voilée de placer Toussaint Nkouma Emane sous tutelle ? Et pourquoi seulement Bounda Balonzi ? N’y avait-il pas un autre cadre à même de remplir cette mission ? A ne rien y comprendre…
Prédécesseur et successeur
A travers leurs dernières décisions, le président de la République et la Première ministre ont choisi d’ajouter la confusion à l’incompréhension, le je-m’en-foutisme à l’absence de résultats. Même si on doit lui accorder le bénéfice du doute, on imagine mal Toussaint Nkouma Emane jouir de la totalité de ses prérogatives. Malgré son expérience, on le voit mal cohabiter avec son prédécesseur et successeur. Pourquoi cet attelage marcherait demain quand il s’est révélé impotent hier ? Destinataire des projets d’ordre du jour et des comptes-rendus du conseil d’administration, le ministre de tutelle va-t-il jouer le jeu ? A l’inverse, le président du conseil d’administration consentira-t-il à lui soumettre les documents ? N’y a-t-il pas risque de voir l’un rendre à l’autre la monnaie de sa pièce et vice versa ?
A l’évidence, l’exécutif pourrait très vite se retrouver face à de nouvelles «lenteurs». D’un point de vue politique, éthique, administratif ou technique, ses dernières décisions se comprennent difficilement. Si des «lenteurs» ont été constatées, il faut en tirer les conséquences. Pourquoi Léon Armel Bounda Balonzi réussirait-il à la tête du Faner quand il a échoué au ministère des Travaux publics ? Pourquoi aiderait-il son successeur à accomplir sa mission ? Pour mieux noircir son bilan à lui ? Personne n’oserait le croire. Et pourquoi son prédécesseur et ministre de tutelle lui faciliterait-il la tâche ? Au-delà du spectaculaire reniement, ce chassé-croisé a quelque chose de stupéfiant. La gestion du réseau routier national ne saurait être efficace dans un contexte où les manquements les plus variés se choquent.
3 Commentaires
C’est vraiment à ne rien comprendre. C’est à croire que ces gens là ne savent plus quoi faire. La chose publique est gérée au piffaumètre.
A quoi vous attendez-vous ? ces gens ont montré leur incapacité à gérer correctement le pays…
Tout ce qui important pour eux c’est le pouvoir qu’ils confisquent en empêchant tout autre gabonais de pouvoir travailler et développer le pays.
On tourne en rond, c’est la manifestation ,si besoin en est, qu’ils ne peuvent plus rien proposer . Mais tout est organiser pour se maintenir …au pouvoir, pour quoi faire, serait-on tenté de se demander?
Quelqu’un du même bord disait qu’on ne fait pas du neuf avec du vieux. Aujourd’hui tout le monde (à l’exception des moutons du PDG) semble reconnaître qu’on ne pas peut faire de l’excellence avec des cancres, des petites gens minables que le sort a souri à un moment de leur existence. Et quand d l’homme ne connaît plus la honte, il n’est pas loin de l’animal. Ces gens ne connaissent plus la honte.
Incapables de gérer un tout petit pays d’à peine 2 millions d’habitants. Vous vous y imaginez un instant si le pays avait la population de la Côte d’Ivoire, du Sénégal ou du Cameroun. Où en serions nous?
De pauvres gens. Aujourd’hui tous, sans gêne, se battent pour le maintien d’un handicapé, intellectuellement, culturellement limité et mentalement diminué à la tête du pays. On devient fou. Avec ce pitoyable régime, les Gabonais sérieux, les vrais Gabonais et qui sont attachés à leur patrie commencent a avoir honte d’être Gabonais.
C’est triste !!