Dans la mise en œuvre de sa stratégie de protection des ressources naturelles, le Gabon a initié avec l’appui de la Banque mondiale le Projet de gestion de la faune et des conflits Homme-Eléphant (GeFaCHE). L’objectif de ce projet articulé autour de 4 composantes est de réduire le braconnage des éléphants et accroître les avantages des communautés grâce à une meilleure gestion des conflits opposant les habitants aux pachydermes dans les zones-cibles, notamment au sud du pays. Exemple du parc national de Mayumba, une des 4 zones d’implantation du projet.

Des barrières électriques ont été installées dans le cadre du projet, notamment à Ndindi, dans la périphérie du parc national de Mayumba. © ANPN

 

Le Parc National de Mayumba

Ce parc est essentiellement marin. Il est situé au sud-ouest du Gabon, plus précisément dans la province de la Nyanga. Ses limites géographiques sont comprises entre 03° 25.994’ de longitude sud 010° 39.240’ de latitude est. Il couvre une superficie de 97.163 ha. Il est situé dans la province de la Nyanga et partagé sur deux Départements : la Basse Banio et la Haute Banio. Il abrite 60 km de plages de végétation côtière, sur environ 1 kilomètre de large entre la lagune Banio et l’Océan Atlantique. Sa superficie marine de 800 Km2 s’étend sur 15 km dans l’océan Atlantique, perpendiculairement à la côte.

On accède au Parc National de Mayumba principalement :

– par voie terrestre depuis la route nationale 6, qui relie Tchibanga à Mayumba ;

– prochainement par avion, en 2014, suite à la mise en service de la piste d’atterrissage de l’aéroport national de Mayumba.

Population et peuplement du parc national de Mayumba

Les habitants de Mayumba (chef-lieu du département) et des villages situés à dans la zone tampon qui est d’un rayon de 5 km du Parc National sont issus des ethnies Vili et Lumbu. Les personnes vivant dans la zone sont majoritairement gabonaises, avec un nombre important de Béninois à Mayumba et de Congolais à Ndindi.

Les populations de la lagune Banio situent la création d’un grand nombre de villages à l’époque postcoloniale. Les autres sont plus récents et datent des années 80 et 90. L’installation des populations dans ces villages s’était faite suivant deux mouvements migratoires majeurs. Le premier selon un ordre naturel et volontaire des populations (recherche d’une terre, suivi des proches). Et le second, par contrainte due à la fois aux conflits familiaux ou guerres interethniques et à l’administration coloniale (travail forcé, déplacement des populations ou regroupement des villages).

La majorité des personnes vivant à proximité du Parc National sont présentes dans la ville de Mayumba. La lagune Banio est entourée par 13 villages, dont 7 se trouvent dans la zone tampon (5 km) du Parc National. Seul le village de Nkoka situé sur la lagune est en contact direct avec le Parc National. La population de ces villages est estimée à environ 470 habitants.

Les activités économiques majeures

Les populations locales vivant dans les villages recensés autour de ce parc qui est une aire protégée marine, ont des pratiques rurales, basées majoritairement sur la pêche, l’agriculture et dans une moindre mesure de la chasse de subsistance. Selon une étude récente, (ASF, Juillet 2011), la pêche est la principale source de revenus des communautés vivant le long de la lagune Banio. Elle est génératrice de gros revenus, la part de poissons destinée à la vente est nettement supérieure à celle destinée à l’autoconsommation. Elle constitue de ce fait un enjeu majeur pour les populations et un moyen d’existence essentiel des villages.

L’agriculture est pratiquée dans la majorité des villages, comme seconde activité, pour compléter les revenus tirés de la pêche. Aucune localité n’est située à l’intérieur du parc.

La chasse est peu pratiquée dans les villages. C’est une activité qui n’apporte pas de revenus conséquents pour les populations à cause de la protection de certaines espèces et des restrictions de la zone de chasse dues à la création du parc national et la présence de la zone tampon, d’où sa faible attractivité.

La cueillette et le sciage sont les deux dernières activités anthropiques marginales, relevées dans ces villages.

Zones d’utilisations villageoises

Plusieurs études sociologiques ont été réalisées sur les villages présents en périphérie du Parc National de Mayumba. Les différentes études ont abouti aux résultats suivants :

– Zones de pêche : La pêche s’effectue sur toute la Banio. L’on pêche généralement à plus de 1 Km du village en allant vers l’amont jusqu’aux limites avec le prochain village, voire au-delà. La pêche sur la Banio n’est faite que dans les limites de la Banio, malgré l’existence d’autres cours d’eau telles que Louzibi, Loutchiéni, Nzoungou, etc.

– Espace cultivé : L’agriculture quant à elle se fait aux alentours des habitations, à une distance d’environ 1 à 2 Km. On rencontre des petites zones de cultures au niveau de chaque village excédant rarement 3 000 m2 ;

– Autres activités anthropiques : La cueillette se fait essentiellement en allant dans les champs ou lors d’une partie de chasse. Le sciage est quasi-inexistant, on trouve de très faibles zones de sciage parsemées à travers la localité. Il n’est fait que pour la construction des maisons. La principale activité des villages périphériques au PNM étant la pêche, l’emprise sur la Banio est très importante. Cette activité de pêche se pratique sur la Banio qui est un cours d’eau situé dans la zone tampon (5 km après les limités du parc). Aucune localité n’est située à l’intérieur du parc. Les trois-quarts des villages étant installés sur une même rive, toutes les activités villageoises en rapport avec la forêt (agriculture, chasse, sciage et cueillette) se font sur cette même rive.

Elles commencent depuis les alentours des villages jusqu’à une distance maximum de dix kilomètres. D’une manière générale, les activités socio-économiques en elles-mêmes ne représentent pas un grand danger pour le Parc National de Mayumba, elles n’ont qu’une faible incidence sur la conservation. Ce sont en revanche la fréquentation des anciens sites situés vers le parc pour le prélèvement des fruits ou autres plantes qui s’y trouvent (plantes médicinales) et le ramassage des objets sur la plage qui peuvent amener à une fréquentation accrue dans le Parc National.

Localisation du parc national de Mayumba et des populations locales sensibles dans l’aire d’influence du projet. © ANPN

Conclusion

La gestion durable des réserves biologiques implique nécessairement l’adoption d’une approche participative qui amène tous les acteurs tirant des ressources de ces réserves, de s’y identifier et de coopérer. Les enjeux du projet GeFaCHE et le modèle de mise en œuvre mettent les communautés de base au centre du processus. Il convient que les acteurs institutionnels au niveau central et au niveau du bailleur de fonds veillent au respect des mécanismes de participation de tous les acteurs à la mise en œuvre du projet.

A cet effet, il conviendrait que :

  • Les procédures administratives de mise en œuvre du projet intègrent les préoccupations de participation des populations à la base ;
  • Les mécanismes communautaires et décentralisées soient toujours privilégiés/responsabilisés au premier plan dans le processus de gestion mise en place ;
  • Les mémorandums, accord ou contrat de gestion soient réalisés et étendus à tous les acteurs communautaires concernés dans les aires où cela s’avère pertinent puis réétudiés dans le cadre du parc national de Mayumba ainsi que dans les trois autres parcs cibles (Moukalaba-Doudou, Loango et Waka) du point de vue de leur complémentarité à l’existant.

Source : ANPN

 

 
GR
 

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