Le monde célèbre la journée mondiale de l’Identité (ID-Day) chaque 16 septembre de l’année. Dans ce cadre, Gabonreview a cédé ses colonnes au Dr Joseph Atick. De renommée mondiale, il se positionne comme un expert en matière d’identité. Il est d’ailleurs le fondateur d’ID4Africa, l’organisation qui mène la campagne pour la reconnaissance du 16 septembre comme Journée de l’identité (ID Day) dans le monde. Selon lui, cette journée a pour but de rappeler au monde entier l’importance pour chacun d’avoir une identité et que la vie privée des individus est protégée. Ci-dessous, l’intégralité de l’interview.

Dr Joseph Atick. © D.R.

 

Que faut-il exactement comprendre lorsqu’on parle de journée internationale de l’identité ?

C’est une journée commémorative pour rappeler au monde entier l’importance pour chacun d’avoir une identité, pour s’assurer que cette identité responsabilise son titulaire, que les données d’identité sont sécurisées et que la vie privée des individus est protégée. Avoir la preuve de son identité est un droit fondamental et une nécessité pratique pour l’expérience humaine, notamment dans le contexte de la transformation numérique de la société. Très peu de constructions sociales jouent un rôle aussi fondamental dans nos vies que l’identité personnelle, et pourtant le monde ne la commémore pas. Grâce à une journée commémorative, nous espérons promouvoir un récit responsable sur l’atout humain le plus important – notre identité.

Pour aller plus loin

Lorsque ID4Africa a lancé l’appel pour que le 16 septembre soit reconnu comme la journée internationale de l’identité, la motivation initiale était de maintenir l’objectif de développement durable (ODD) 16.9, l’identité juridique pour tous, au centre du programme de développement.  Il est devenu clair, en cours de route, qu’une journée commémorative de l’identité est nécessaire pour sensibiliser le monde entier sur trois résultats qui englobent, mais vont au-delà de l’ODD 16.9. Premièrement, une journée commémorative est l’occasion pour toutes les parties prenantes de renouveler leur engagement pour atteindre l’inclusion totale et de réaffirmer leur volonté d’aider les personnes sans preuve d’identité à obtenir leur identité.  Deuxièmement, la commémoration devrait permettre aux individus d’évaluer dans quelle mesure leur identité est utilisée pour renforcer leurs actions. Troisièmement, ID Day devrait rappeler à tout le monde d’examiner dans quelle mesure leurs données sont protégées et dans quelle mesure leur vie privée est assurée.

Pourquoi le choix du 16 septembre ?

Le choix de la date du 16 septembre (16.9) est hautement symbolique.  C’est  en  commémoration  de  l’Objectif  de  développement  durable  16.9  des  Nations  Unies  qui  appelle à la fourniture d’une identité juridique pour tous d’ici  2030,  notamment  grâce  à  l’enregistrement  des  naissances.

ID4Africa fait de l’identité son créneau. Si vous nous expliquiez pourquoi ce combat ?

Depuis sa création en 2014, ID4Africa aide les nations africaines à renforcer leurs capacités stratégiques nécessaires au développement d’écosystèmes d’identité robustes et responsables au service du développement et de l’action humanitaire. Nous plaidons pour l’identité pour tous, non seulement comme un droit juridique (conformément à l’ODD 16.9), mais aussi comme une nécessité pratique pour l’accès aux services. Le Mouvement estime que des schémas d’identité inclusifs fondés sur le respect de la vie privée et des droits de l’homme sont essentiels à la croissance économique et à la transformation numérique du gouvernement.

Cette année vous avez lancé la campagne adopte le slogan «Tout le monde mérite une identité… l’identité mérite une journée». Quel est l’enjeu ?

Nous convenons tous que nous ne pouvons pas détourner le regard alors que plus d’un milliard de personnes continuent d’être privées d’accès à l’identification et continuent d’être confrontées quotidiennement à l’exclusion et la discrimination. Le défi de l’inclusion est devenu un pilier central de l’agenda de développement depuis la création d’ID4Africa, il y a 7 ans, pour soutenir ID4D sur le continent qui en a le plus besoin, l’Afrique, où résident plus de la moitié des invisibles du monde… Pour avoir une idée de l’ampleur du problème en Afrique, il suffit de dire qu’il s’apparente à un scénario où chaque individu au sein de l’Union européenne serait dépourvu de preuve d’identité, ou à un scénario où tout le monde aux États-Unis, au Mexique et au Canada réunis serait invisible. De tels scénarios seraient clairement impensables en Europe, et en Amérique du Nord alors pourquoi seraient-ils acceptables en Afrique ? La journée commémorative rappelle aux autorités le travail qui reste à faire pour résoudre le défi de l’exclusion. Il devrait encourager le dialogue national sur cette question et donner à la communauté du développement, aux dirigeants politiques et aux donateurs l’occasion de renouveler leurs engagements en faveur de l’inclusion totale.

Plusieurs pays reconnaissent cette journée. Quelle opportunité pour les pays d’Afrique ?

De nombreux pays ont actuellement des décrets et des propositions législatives en cours en faveur de la reconnaissance légale du 16 septembre comme Journée nationale de l’identité, et nous nous attendons à ce que plusieurs d’entre eux rejoignent cette semaine le Nigeria, Niger et la Namibie qui ont déjà officiellement reconnu la journée. Un grand nombre de pays célèbrent ou observent cette journée chaque année également. La Journée de l’identité est une occasion inouïe de réaffirmer son engagement à la fourniture d’une identité à chacun et à ce que cette identité soit protégée et rende la vie plus simple.

 

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire