Semaine africaine du climat : Le mouvement «TropCtrop» ne veut pas de Ségolène Royal au Gabon

Annoncée au Gabon dans le cadre de la Semaine africaine du climat organisée du 29 août au 2 septembre prochain, Ségolène Royal, présidente de «Désirs d’avenir pour la planète», a été interpellée par le mouvement «TropCtrop». Cette association de défense des droits de l’homme rappelle à l’ancienne candidate à la présidence en France, que «les premiers poumons à défendre sont ceux des populations «humaines» et que la «justice climatique» n’a de sens que si la justice et les droits humains sont préservés».

Ségolène Royal invitée par « TropCtrop » à ne pas participer à «un événement gabonais visant probablement à détourner des fonds». © Daniel Pier / NurPhoto via AFP

Le mouvement «TropCtrop», créé en 2018 par des membres de la diaspora gabonaise s’est adressé, le 26 août, à l’ancienne ministre française de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, Ségolène Royal. Le prétexte pour cette lettre est l’organisation, à Libreville, de la Semaine africaine du climat. Un événement qui réunira, 29 août au 2 septembre, des chefs de gouvernement, des leaders du secteur privé et de la société civile afin de débattre des positions et des solutions à envisager et à défendre à la Conférence des parties sur les changements climatiques (COP 27), qui se tiendra en Égypte en novembre prochain.

Invoquant «des colères parfaitement saines», le mouvement TropCtrop fait savoir qu’elles sont salutaires pour la présidente de «Désirs d’avenir pour la planète» d’autant plus qu’elles la préviennent de «la compromission» au-devant de laquelle elle court «en répondant favorablement à l’invitation émanant de la ‘bongocratie’ la plus féroce». «Votre présence n’est pas souhaitable dans un énième événement gabonais visant probablement à détourner les fonds de l’aide à la «justice climatique»», a mis en garde ce mouvement.

«Est-il besoin de rappeler qu’outre la faune et la flore, il y a des vies humaines au Gabon ? Ou votre silence ; sur les conditions de vie des populations, sur la démocratie et les droits des prisonniers, sur l’oppression due à la dictature, sur les élections maintes fois truquées, sur la pollution faite par les entreprises françaises ; n’est-il qu’une énième façon de nier ces maux et de « fermer les yeux » … comme toujours depuis plus de soixante ans ?!», interroge ce mouvement de la société civile qui renchérit : «Madame Royal, nous ne vous avons pas entendue lorsqu’il s’est agi de dénoncer la pollution faite par l’entreprise Eramet dans ses usines de manganèse à Moanda, ni même celle du groupe Perenco dans son terminal pétrolier à Port-Gentil».

«…la «Justice Climatique» n’a de sens que si la justice et les droits humains sont préservés»

Invoquant ces éléments, TropCtrop note que si Ségolène Royal prétend défendre le «poumon de la planète» et la «Justice Climatique», elle devait savoir «que les premiers poumons à défendre sont ceux des populations «humaines» habitant cette partie de la terre et que la «Justice Climatique» n’a de sens que si la justice et les droits humains sont préservés».

Ce qui fait regretter à ce groupe le fait que ni les actions visibles dans le cadre de son engagement en faveur de la planète, ni ses prises de position publiques à propos du Gabon ne laissent penser, jusqu’ici, que «le sort des populations, notamment des Gabonais», soit pris en compte dans son projet de contribution. «C’est à croire que votre projet de «maternité solaire» concerne un territoire inhabité, sans présence humaine», fait remarquer cette association de la société civile qui lui fait comprendre que «la Jeunesse gabonaise, à l’instar de bien d’autres sur le continent, a changé» et qu’elle n’accepte plus «de s’accommoder du système prévaricateur de la nébuleuse «Françafrique»».

Pour TropCtrop, «en acceptant cette nouvelle invitation», Ségolène Royal «prête le flanc à un système qui opprime les peuples». Ce qui fait que le mouvement lui a demandé de ne pas participer à cette Semaine du climat à Libreville. «Nous vous appelons plutôt à vous faire l’alliée d’une Jeunesse qui certes souffre, mais s’éveille et ne se laisse pas d’autre choix que celui de s’organiser pour vaincre les dictatures et toutes les nébuleuses qui oppriment les peuples, destructrices de l’humanité», indique le mouvement.