Présenté comme un pilier central des politiques de lutte contre les dérèglements climatiques, le carbone aiguise les appétits des occidentaux et suscite plus d’intérêt du côté du Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale (Roscevac), qui exige l’ouverture des négociations pour un prix à la tonne, ouvert à partir de 200$ contre un prix moyen de C02 se situant généralement entre 5$ et 50$.

Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale exige l’ouverture des négociations pour un prix à la tonne, ouvert à partir de 200$ contre un prix moyen de C02 se situant généralement entre 5$ et 50$. © D.R.

 

Dans la perspective de création de 187 millions de crédits carbone, dont près de la moitié pourraient être vendus sur le marché des compensations, d’ici avant la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) prévue en novembre en Égypte pour une valeur d’environ 291 millions de dollars sur la base du prix moyen de projets similaires calculé par Allied Offsets; le gouvernement s’organise ainsi que   les acteurs de la société civile qui appellent à une négociation à partir de 200$ la tonne.

A la faveur de la cinquième conférence sur les forêts tropicales organisée par Norwegian International Climate and Forest Initiative, à Oslo en Norvège du 21 au 22 juin dernier, Marie Claire Aboghe, du Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale, a dénoncé cette situation qu’elle estime comme étant une injustice. «Pourquoi devrait-on vendre le meilleur carbone à 10 dollars, alors que le moins bon se vend à 100 dollars la tonne ? Le Gabon n’a pas pendant 50 ans, consenti tous ces sacrifices ( parcs nationaux, éléphants dont les dégâts en perte de vies humaines sont irréparables, gestion durable des forêts, conservation de la biodiversité) pour occuper la première place et se voir attribuer les plus bas prix», a-t-elle fustigé.

Taxe ou marché

Marie Claire Aboghe, du Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale à la conférence sur les forêts tropicales organisée par Norwegian International Climate and Forest Initiative, à Oslo en Norvège. © D.R.

Le prix du carbone peut être matérialisé sous la forme de taxes (les taxes carbones) ou sous la forme d’allocations de quotas d’émissions (permis de polluer) échangeables sur un marché (marché carbone). L’organisme régulateur fixe le plafond global des permis de polluer. L’échange des droits d’émission sur le marché se fait entre ceux qui doivent compenser des émissions excessives du fait de leur activité et ceux qui ont réussi à diminuer leurs émissions en-dessous du plafond qui leur avait été alloué. Plus les quotas alloués sont importants et plus le prix unitaire du carbone sur le marché aura tendance à être faible.

Le gouvernement gabonais pour sa part travaille avec le mécanisme REDD+ de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques pour créer ces crédits carbone qui sont des jetons représentant une tonne de dioxyde de carbone qui réchauffe le climat et qui est réduite, supprimée ou non ajoutée à l’atmosphère.

Si le Roscevac est favorable pour que le Gabon vende son carbone, il s’oppose cependant à ce que celui-ci soit vendu au prix actuellement pratiqué sur le marché du carbone. Il invite à l’ouverture de nouvelles négociations sur la fixation du prix de la tonne de CO2. Il reviendra aux autorités gabonaises de choisir le modèle de compensation face à sa politique de séquestration de carbone, issue de ses 88% du couvert forestier.

Le Gabon est le premier pays d’Afrique à recevoir des paiements pour la préservation de sa forêt à travers un accord de 150 millions de dollars avec la Norvège dans le cadre de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI). En 2021, le Gabon a recu   une rétribution de 17 millions USD récompensant les réductions réalisées par le pays en 2016 et 2017, par rapport aux niveaux d’émissions annuels de 2006 à 2015.

 
GR
 

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