Arrêté au même titre que d’autres membres de l’entourage de Brice Laccruche Alihanga (BLA) dans le cadre de l’opération Scorpion, Lemerre Yvan Niarra Mackoundji, le chauffeur de BLA était à la barre ce 27 mai. Poursuivi pour des faits de concussion et de blanchiment, il connaîtra son verdict le 10 juin. Mais son conseil réclame sa relaxe pure et simple.

De droite à gauche, Me Gey et Nzigou à l’issue du procès du 27 mai. © D.R.

 

Les comparutions se poursuivent dans le cadre de l’opération Scorpion qui a donné lieu à l’incarcération de plusieurs proches de l’ancien directeur de cabinet du président de la République (DCPR) Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga (BLA). Ils sont accusés de détournement ou de complicité de détournement de fonds publics.

Parmi eux, Lemerre Yvan Niarra Mackoundji, le chauffeur de BLA. A la barre ce 27 mai, il est poursuivi pour des faits de concussion et de blanchiment. «Nous venons de sortir du procès qui opposait le ministère public à Niarra Mackoundji Yvan Lemerre qui était poursuivi pour des faits de concussion et de blanchiment», a déclaré l’un de ses conseils à l’issue du procès.

«Il a la particularité d’avoir été le conducteur du DCPR. C’est dans le cadre de ses missions qu’il était poursuivi. Pendant l’audience nous avons démontré que l’accusation reposait sur une élucubration intellectuelle» a poursuivi Me Charles-Henri Gey selon qui, la défense n’a eu aucun mal pour déconstruire cette accusation. «Le procès a duré 4h et l’affaire a été renvoyée au 10 juin. Nous reviendrons le 10 juin pour écouter la décision du tribunal», a-t-il informé. «Dans tous les cas, si on s’en tient au droit, aucune infraction n’est constituée et nous avons demandé la relaxe pure et simple de notre client parce que les faits ne sont pas constitués», a-t-il indiqué.

L’opération Scorpion selon Anges Kevin Nzigou

Pour son confrère Me Anges Kevin Nzigou, lui aussi conseil du chauffeur de BLA, cette affaire résume de façon globale la situation de l’opération Scorpion. A en croire ses propos, des personnes sont arrêtées sans le respect des procédures en plus d’être torturées pour qu’ils donnent une information précise. «Lorsqu’elles refusent de coopérer, on les renvoie devant la justice, on leur trouve des qualificatifs juridiques et on demande aux magistrats de faire le mercenariat judiciaire», a-t-il déclaré. «Vous avez une personne qui a fait 9 mois de garde-à-vue. Comment dans un Etat de droit, on peut considérer qu’après 9 mois de torture, à cause d’avoir refusé de jouer le jeu, on a une justice qui va se prononcer en disant qu’elle rend justice en le condamnant», a-t-il argumenté.

S’il faisait allusion à Yvan Niarra qui aurait encore sur tout son corps des marques de torture, il a affirmé qu’ «il est pour nous impensable d’aboutir à une condamnation dans ce cas». Me Nzigou estime que le cas Niarra est particulier tant, «à la base il n’y a pas d’affaire». «Il y a affaire parce qu’il ne veut pas en créer une. Ou il vient dire qu’on lui a demandé de dire des choses sur BLA et il a refusé de le faire, ou il vient dire qu’il a été torturé pendant 9 mois, ou il vient dire qu’il n’a aucun bien», a-t-il expliqué. Selon lui, cette affaire est tout intéressante tant le procureur de la République aurait avoué qu’il n’est pas au courant de la procédure. «La détention lui échappe». Il dit espérer que le juge rendra une décision en conséquence.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Paul Bismuth dit :

    À la lecture de cet article, il me vient à l’esprit un certain nombre de citations de Benjamin Constant, dans « principes de politique » :

    « Le respect des formes (la manière dont les affaires sont jugées et instruites) sont une sauvegarde » ;

    « Lorsqu’un individu soufre sans avoir été reconnu coupable (en respectant les formes), tout ce qui n’est pas dépourvu d’intelligence se sent menacé et avec raison » ;

    « De simples déclarations ne suffisent pas. Il faut des garanties positives, il faut des corps assez puissants pour mettre en œuvre au profit de l’opprimé les moyens de défense que la loi écrite consacre ».

    À la lumière de ces citations et de cet article (conjuguée à mes expériences personnelles), je me rends que l’état de droit dans ce pays « is not coming tomorrow », tout comme mon retour au bercail.

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