Réagir Gabon | Rencontre avec François Ndong Obiang : «Reconstruire le pays avec tous les Gabonais d’où qu’ils viennent même s’ils s’appellent Bongo»

Situation politique du Gabon, débat sur la vacance du pouvoir, connivence de sa formation politique avec des Bongo, amélioration du système électoral, présidentielle 2023, discours de réappropriation… François Ndong Obiang, figure de proue du nouveau parti politique dénommé Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir), s’est épanché avec Gabonreview sur ces divers sujets. Entretien.

François Ndong Oiang, président du mouvement Réappropriation du Gabon pour son indépendance et sa reconstruction (Réagir), le 1er avril 2022 à Libreville. © Gabonreview
Gabonreview : Pouvez-vous, pour commencer, livrer votre opinion sur la vie politique du Gabon durant les trois dernières années, notamment depuis l’AVC du président de la République ?
François Ndong Obiang : Je suis juriste, j’analyse les faits. Et dans les faits, la loi électorale prévoit, pour être élu, que le candidat fasse un bilan médical. Par parallélisme de forme pendant la fonction, s’il appert qu’un événement arrive on peut s’en remettre à la même situation pour apprécier la capacité du chef de l’Etat. Je suis suspendu à la réalité de ce que nous avons vu au perron de l’Elysée. Nous avons observé qu’un chef d’Etat était en difficulté de se mouvoir, nous avons pu voir qu’il a failli tomber. Ces faits devraient interpeller toutes les institutions en charge d’apprécier la qualité et la capacité du président de la République à assumer ses fonctions. Ça ne fait plaisir à aucun gabonais de voir que le président de la République est dans cette situation. Mais on ne voit rien venir malgré la bonne volonté du groupe Appel à agir qui a passé son temps à traiter du sujet. J’ai le regret de constater que les tribunaux ne sont pas allés au fond pour l’appréciation de ce dossier.

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Cette situation alimente bien de fantasmes sur le véritable donneur d’ordre au sommet de l’Etat. Faut-il relancer le débat sur la vacance du pouvoir tel que l’a, tout récemment, fait Jean Ping ?
Nous ne nous attarderons pas sur la demande d’une vacance de pouvoir. Je réitère que les instituions ne fonctionnent pas. On a été la risée de tout le continent et on devrait en tirer les conclusions. Je constate qu’on ne les tire pas. On ne va pas s’éterniser dessus. Réagir à l’ambition de voir plus loin et de poser les bases qui lui permettent d’aller sur le terrain pour tenir son discours de réappropriation.
Que pensez-vous donc des forces en présence sur l’échiquier politique national, notamment de la situation de l’opposition ?
L’opposition gabonaise existe et c’est bien. Nous sommes passés au multipartisme en 90 et parfois on l’a confondu à la démocratie. Il s’agit de deux choses différentes. La démocratie c’est l’alternance. C’est ma définition personnelle mais on ne peut pas dire d’un Etat qui n’arrive pas l’alternance qu’il est démocratique. L’opposition aussi s’est affligé le droit de penser que tout ce qu’elle admettait comme sens était vrai. Donc il est bon que l’opposition se regroupe, harmonise ses idées, la vision de son combat pour la conquête du pouvoir et mettre le PDG hors d’état de nuire. Pas dans le sens physique mais dans le sens de la gestion de l’Etat. L’opposition a intérêt à mieux concentrer son débat afin que les Gabonais reprennent le train parce qu’aujourd’hui, les Gabonais sont déconnectés de cette opposition chancelante, qui pratique la transhumance politique et qui est dans un appétit de positionnement.
Votre parti s’est lancé à 18 mois de la prochaine présidentielle. Prendrez-vous part à cette élection capitale ?
Nous sommes créés à 18 mois, c’est vrai. Mais Réagir a un passé. Réagir est une association qui est en place à Paris depuis 2015 et qui a œuvré largement dans tout ce que vous avez vu au Trocadéro. Réagir a été à Bruxelles pour faire du lobbying afin d’avoir la présence de l’Union européenne aux élections de 2016. Cette association de Paris fait de la politique depuis 2015. Réagir a le récépissé qui permet d’obtenir, de la préfecture de Paris, l’autorisation de tenir une marche au Trocadéro. Ce sont les documents de Réagir qui ont permis de faire ça. Maintenant que ces jeunes-gens ont décidé de se constituer en parti politique, ce qui est louable : ils ont l’ambition de conquérir le pouvoir. C’est légitime.
Mais nous ne venons pas pour établir le désordre. Nous sommes pour le regroupement de l’opposition, nous sommes pour une candidature unique et nous y avons déjà œuvré en tant qu’association en 2016. Personnellement avec ma famille, j’ai œuvré pour la candidature unique en 2009. Nous avons une traçabilité historique qui nous donne la légitimité d’en parler. Si l’opposition n’y arrive pas, Réagir aura son candidat. Au sein de Réagir il y a des statuts qui permettent de désigner un candidat. Nous ne sommes pas le parti des présidents fondateurs, d’un candidat naturel ou surnaturel… au cas où il serait frappé d’incapacité. Réagir c’est vraiment la démocratie et l’un des jeunes qui ont créé cette association à Paris n’est même pas le président et rien ne laisse penser que même le président serait le candidat. C’est pour vous montrer l’esprit démocratique qui y règne.

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Que disent ces statuts ?
Les statuts disent que si on ne peut pas convoquer un congrès, on va à une convention nationale qui recevra les candidatures aux fonctions électives et votera le meilleur des candidats.
Vous appelez à un front uni des forces de l’opposition pour «libérer le Gabon du joug des du pouvoir Bongo-PDG». Quelle légitimité avez-vous pour lancer cet appel ?
La légitimité de la classe politique actuelle c’est ce que Réagir a fait depuis 2015. Nous sommes légitimes pour parler au peuple de la possibilité d’avoir une candidature unique. Réagir a soutenu M. Ping. Le porte-parole de M. Ping à Paris s’appelle Persis Lionel Essono, il est de Réagir. Nous avons un passé qui démontre à suffisance que nous avons œuvré pour la candidature unique de 2016 et que nous avons œuvré pour la réclamation des résultats de vote de 2016. Personne ne pourrait nous jeter la pierre d’une quelconque légitimité. Et la Constitution proclame que tout citoyen a le droit de défendre son pays. Même le quidam qui passe dans la rue a la légitimité de lancer un appel.
Sur les réseaux sociaux il se dit que derrière votre parti se trouvent des Bongo en rupture de ban ou en délicatesse avec Ali Bongo. On cite Félix Bongo, le fils de Martin Bongo, Christian Bongo ou encore Omar Denis Junior Bongo, frères d’Ali Bongo. Qu’en dites-vous ?
Il se dit de tout sur les réseaux sociaux. Dans les faits, Félix Bongo est membre de Réagir France association. Il a, en France, un statut de réfugié politique avec des documents délivrés par l’Etat français. Il a participé à la création de Réagir France association et est légitimement membre de Réagir parti politique. Réagir ne fait pas dans l’invective ni le délit de faciès, de patronyme ou d’opinion. Nous entendons, à Réagir, reconstruire le pays avec tous les Gabonais d’où qu’ils viennent même s’ils s’appellent Bongo. Il n’y a pas à entrer dans cet ostracisme ambiant qui veut que la faillite du Gabon repose sur un seul nom. La faillite du Gabon repose sur Bongo, les deux présidents, et tous leurs collaborateurs. Si un de leurs enfants veut réagir, je prends. Quant à Junior Bongo, je constate qu’il y a un fantasme national sur cette personne. Je trouve d’ailleurs que le jeune homme que je ne connais pas est resté calme. Mais si un jour Junior Bongo veut adhérer à Réagir, il y adhèrera. Beaucoup de choses se disent sur les réseaux sociaux mais avec l’apparition de Réagir, les réseaux sociaux seront mieux identifiés. On saura désormais pour qui travaille qui. Je prends tout le monde à Réagir, l’essentiel étant que ce gabonais veuille participer à la réappropriation, l’indépendance et la reconstruction de notre pays.
Lors de votre discours de réappropriation, vous avez donné l’impression que vous êtes contre le fait que les Bongo soient toujours attaqués…
C’est le fruit de mon éducation. Mon père n’a stigmatisé personne. Même quand il crée le Morena en 81, mon père n’a insulté personne. Je n’ai pas entendu, dans mon enfance, Léon Mba insulter quelqu’un. L’invective n’est pas dans mon éducation qui est construite sur la tolérance, la dignité, la reconnaissance de tout un chacun à avoir sa libre opinion. Qu’on vive sur le stigmate que les Bongo sont seuls responsables de la faillite du Gabon, je dis que c’est exagéré. Je veux ‘’tirer’’ sur un Bongo s’il est responsable de quelque chose. Je m’attaquerai à Ali sur l’exercice de ses deux mandats qui sont sans résultats. Il ne faut pas oublier que ce sont les Gabonais qui ont mis Ali Bongo au pouvoir. Je n’entre pas en politique pour faire de l’invective. Je rentre en politique pour dire aux Gabonais ce qui est et ils doivent comprendre qu’on ne s’attarde pas sur les gens, on s’attarde sur les idées.
Le 20 mars dans votre discours d’acceptation, votre énumération des figures ayant marqué le pays n’a retenu ni Paul Mba Abessole ni Pierre Mamboundou ni André Mba Obame ni Jean Ping. Des personnalités qui ont la particularité d’avoir affronté Omar puis Ali Bongo à des élections présidentielles, revendiqué des victoires supposées et clamé que leurs victoires avaient été volées. Comment expliquez-vous que ces personnalités majeures de l’histoire de la démocratie aient été oubliées ?

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Il s’agit là d’un choix sélectif et subjectif. Dans mon discours, les personnalités citées sont classées par catégorie. Ceux qui ont créé l’émulation. J’ai cité des anciens étudiants, je ne peux pas les citer tous. C’est ainsi, par exemple, que j’oublie mon propre frère, Stanislas Ewore, ingénieur en télécom étudiant en 55, mort il y a 3 ans et bien d’autres.
Nous entendons, quand nous parlerons du processus électoral, quand nous présenterons notre Procès-verbal par vidéo (PVV), quant nous mettrons en lumière tout le processus électoral, rappeler l’histoire électorale de nos 30 dernières années. Et là, nous allons dire que Mba Abessole a gagné les élections de 93, que Mamboundou a gagné les suivantes, que Mba Obame a gagné en 2009 et que Ping a gagné en 2016.
La liste que j’ai constituée n’est pas exhaustive. Il manque énormément des gens. Et je suis heureux que cette réappropriation a commencé car je lis maintenant sur la toile des Gabonais qui sortent des noms très anciens. On parle enfin de l’histoire et tout ceci vient de Ndong Obiang. Il y avait dans ma démarche une allusion très historique. D’ailleurs, ce discours je l’ai finalisé le samedi matin. Un discours politique n’est jamais achevé, on le structure jusqu’à la dernière minute.
Vous avez évoqué la refonte du système électoral, une vieille rengaine de l’opposition. Quelle nouveauté apportez-vous ? Quels sont les points qu’il va falloir retoucher ?
Le gouvernement en place n’a cessé de tripatouiller le Code électoral et, légèrement, la Constitution. Ce tripatouillage aggrave la sécurité et la transparence électorales. Donc, il faut que dans les bureaux de vote on proclame les résultats, que les PV des élections soient communiqués à toutes les parties et soient opposables à toutes les parties par un film vidéo.
Le bureau de vote est le lieu où s’exprime la volonté d’un citoyen et ce citoyen est en droit, à la fin du processus, d’avoir les résultats de son opération. Il faut que le processus de transparence aille jusqu’à la proclamation in situ. Il faut donc mettre à contribution la vidéo d’autant plus que nous sommes à l’ère des nouvelles technologies de production et de circulation de l’information.

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Il faut ensuite, alléger le processus de l’organe de gestion des élections. Nous voulons que le président du centre des élections soit élu dans la transparence. On peut procéder par un système de vote par tirage qui ferait que les partis de l’opposition amènent 5 noms, ceux de la majorité 5 noms. Par tirage neutre, on sortira le président du CGE et son vice-président automatiquement de l’autre bord. On commencera ainsi par ne plus craindre le nommé qui lui-même est séduit par celui qui le nomme. Vous aurez la substance de l’ambition de Réagir sur ce processus. Nous allons quitter la toile, pour enfin rentrer sur le terrain.
Pour conclure, y a-t-il un sujet qui vous tenait à cœur et que nous n’avons pas abordé ?
Oui, le concept de réappropriation. Le problème de la réappropriation c’est l’essence et l’esprit de Réagir. La réappropriation passe par la rappropriation du Gabon dans sa substance de l’être. Il faut que le Gabonais sache qui il est. Quand on aura des citoyens pénétrés de leur contenu ethnique et cosmopolite on aura des hommes. Ensuite la réappropriation de notre économie : que les Gabonais reprennent notre économie en main. Il faut ensuite que les Gabonais reprennent le champ politique dans un système d’apaisement, de transparence et de vie sereine du milieu politique. Mais ça passe par des élections légitimes parce qu’on a des présidents ayant un pouvoir venu de Dieu que s’il a été réellement élu.

10 Commentaires
Moi aussi, je n’ai rien contre les Bongo ou Valentin. Ce ne sont que des pantins à la solde du Quai d’Orsay. Notre seul ennemi ABATTRE s’appelle FRANCAFRIQUE. Quand cette nébuleuse sera enfin MORTE, l’Afrique francophone ressuscitera. Croyez-moi.
Le pays est à reconstruire, les gabonais doivent se reprendre et prendre le pays en mains. Par contre les bongo doivent aller en taule. Il n’y aura pas le simulacre de réconciliation à la Sud africaine où les gens qui ont tué, torturé, affamé, empoisonné et réduit les autres en esclavage n’ont pas été condamné.
Que Meboon arrête de distraire les gens avec son PVV. Même les pays les plus transparents dans matière d’élections n’ont jamais eu besoin de vidéo pour y arriver. Les vidéos aussi peuvent être truquées. On a juste besoin que les gabonais apprennent à contrôler leurs administrations et à être contrôlés dans leurs rôles au service de l’état. Qu’on est des hommes et des femmes capables d’imposer une culture de transparence à la tête de l’état. Cela passera par la mise à la place qu’il faut, des personnes qu’il faut au sommet de l’état et dans la direction de nos institutions. Avec les Bongo au pouvoir et les mafieux du pdg, le PVV ne seront pas un remède. La première ressource d’un pays pour le développement d’un pays restent la qualité des hommes qui le gèrent. Un pierre Mamboundou ou un Mba Abessole auraient pu nous bâtir ce pays ou la loi et la souveraineté du peuple sont moins bafouées quoi qu’on dise de leurs limites.
Mba des Bois est toujours VIVANT. Et tant qu’on vit, il y a de l’espoir. Il peut toujours apporter sa contribution, autant que l’élu de 2016. Mais je vous le répète encore et toujours : la 1ère chose à ABATTRE sur notre ROUTE, c’est la FRANCAFRIQUE. Tant qu’elle est là, même un vrai changement de régime ne va pas résoudre TOTALEMENT nos problèmes. Que le Burkina Faso puisse vous servir d’exemple. Nous devons COUPER DÉFINITIVEMENT avec la FRANCAFRIQUE pour le bien du Gabon et du reste de l’AFRIQUE FRANCOPHONE qui ne décolle toujours pas.
Je suis un témoin de la vie socio-politique du Gabon depuis les temps chauds du monopartisme jusqu’à l’avènement du multipartisme. De tout ce temps avec tant d’efforts et de visions, je constate malheureusement que le Gabon a régressé et maintenant fait du surplace. Je ne sais si Réagir peut galvaniser les foules comme ont su le faire ses dévanciers à l’instar des Bûcherons jusqu’à Jean Ping? À présent qu’on le veuille ou non c’est le RPM de ABC qui est sur le terrain. Pourquoi Réagir ne s’associerait-il au RPM pour battre campagne? Dans mon antre j’attends voir les stratégies qu’imposera Réagir pour évincer le système Bongo-pdg sans s’unir aux autres. Car ce pays ressemble aux femmes et enfants où tout est nouveau tout beau. Dans cette quête n’oubliez pas Luc Bengone Nsi.
N’importe quoi il y a des gens bizarres dans ce pays. A chaque élection naissent des nouveaux sorciers dans ce pays. Qui t’a dit que les Bongo ont à cœur la construction de ce pays?
Lui même Omar avait dis que le Gabon sera à terre à sa mort, a-t-il menti? continuer à rêver.
Qui a but, boira; Un défaut devenu une mauvaise habitude est indélogeable. Mais la chose plus dangereuse à mon avis est la naïveté manifeste de certains individus bien- pensants. Monsieur François Ndong Obiang , n’occupez plus inutilement les colonnes de cet organe avisé.
Oui c’est le seul projet des ciniques les diables du Gabon le projet des faux opposants « lés Bongo »votre projet.
Je ne comprends pas : Ce parti se nomme RÉGIR.
Parce que la lettre A est supprimée par un X stylisé.
Pourquoi on l’appelle RÉaGIR (RÉxGIR) alors que c’est RÉGIR ?
Bjr. comme disait le patron de les « démocrates » au cours du 5eme anniv’ de son parti, je cite: » bien malin qui pourra nous dire sui sera présent en 2023. Amen.