Le président de la République a annoncé un retour à la vie normale. Pour de nombreux compatriotes, cette décision a été rendue inévitable par la fin annoncée du pass sanitaire en France.

Le gouvernement n’en sera pas moins accusé d’avoir agi par mimétisme et non en fonction des réalités locales. Au-delà de la levée des restrictions, il lui reste à gagner en crédibilité afin de rebâtir la confiance. © Gabonreview

 

Comme on pouvait le deviner, l’annonce d’un retour à la vie normale n’a pas vraiment extasié l’opinion publique. Sans y être opposée, elle est restée de marbre, y allant de ses railleries. «C’est ça ton projet de société ?», lançait, goguenard, un internaute, en réaction à la déclaration du président de la République. «Copier-coller», assénait un autre, prenant bien soin de poster les drapeaux français et gabonais. Pour de nombreux compatriotes, cette décision n’a pas été prise au regard de la situation épidémiologique du pays. Elle a plutôt été rendue inévitable par la fin annoncée du pass sanitaire en France. Pour ainsi dire, la dernière sortie d’Ali Bongo a donné relief et crédit à une critique mille fois entendue : dans la gestion de la crise sanitaire, les pouvoirs publics n’auraient nullement conçu une stratégie adaptée à notre réalité ; ils se seraient plutôt contentés de reproduire des décisions prises par leurs homologues français.

Parallèle évident 

De fait, cinq jours avant la fin du pass vaccinal en France, le président de la République a annoncé «la levée de l’ensemble des mesures restrictives en vigueur pour freiner l’épidémie de la covid-19.» Selon lui, elles «ne sont plus justifiées.» Seulement, du point de vue de nombreux observateurs, il n’avait pas le choix, «la France qu’il aime tant copier (l’ayant) fait avant lui.» C’est dire si la religion du peuple est faite : comme depuis l’apparition du cas zéro, Ali Bongo s’est posé en relais d’Emmanuel Macron. Pourtant, cette décision se comprend et se justifie aisément : avec une dizaine de contaminations par un jour et un taux de vaccination estimé à 25% de la population-cible, le Gabon a de bonnes raisons de tourner définitivement la page de ces deux années de privation.

Le 09 mars courant, le président de la République s’est voulu peu disert sur les modalités pratiques. Du coup, les questions fusent. Va-t-on maintenir la quarantaine imposée aux voyageurs ? Et l’autorisation spéciale pour se rendre à l’intérieur du pays. Quid de la pratique des sports collectifs ? Comment ramener les prix des transports en commun à leurs niveaux d’avant la covid-19 ? Le gouvernement apportera-t-il des réponses à ces interrogations ? On jugera sur pièces. Pour l’heure, un parallèle semble évident : comme Emmanuel Macron, Ali Bongo a fait le choix de décliner l’orientation et d’indiquer le cap, laissant au Premier ministre le soin d’en détailler la mise en œuvre et d’assurer le service après-vente. Comme s’il n’avait pas été possible de faire autrement. Comme si on était condamné à reproduire le schéma français, au risque de tomber dans la caricature.

Le plus dur commence

Par ailleurs, Ali Bongo a fortement insisté sur la nécessité de se faire vacciner, invitant «toutes celles et tous ceux qui ne l’ont pas encore fait» à franchir la pas. A en croire ses dires, il s’agit là du «seul moyen efficace de maintenir l’épidémie sous contrôle» et de garantir «un retour irréversible à la vie normale.» Une fois de plus, on croirait entendre Emmanuel Macron. Face à ses compatriotes, le 12 juillet dernier, le président français affirmait : «Pour nous protéger et pour notre unité, nous devons aller vers la vaccination de tous (…) car c’est le seul chemin vers le retour à la vie normale.» Quand le président de la République demande de «respecter le schéma vaccinal prescrit par les autorités sanitaires», d’aucuns y voient une transposition des directives du gouvernement français. Et pour cause : déterminé à convaincre les réticents, notamment les personnes contre-indiquées, l’équipe de Jean Castex s’est lancé dans la promotion du Novavax. Surtout dans les territoires ultra-marins, particulièrement hostiles à l’obligation vaccinale.

Interpellé puis raillé deux années durant, l’exécutif peut toujours se vanter d’avoir réagi à la «nette amélioration de la situation épidémiologique.» Il peut, tout autant, se dire «soucieux d’une reprise du cours normal de la vie des populations.» Il n’en sera pas moins accusé d’avoir agi par mimétisme et non en fonction des réalités locales. Au-delà de la levée des restrictions, il lui reste à gagner en crédibilité afin de rebâtir la confiance. Après tout, sans en avoir la moindre preuve, une large frange de l’opinion le considère comme l’exécutant d’un complot international visant à transformer les Africains en «cobayes» ou, tout moins, à mettre en œuvre des politiques répondant non pas aux attentes des populations mais à des intérêts étrangers. C’est dire si le plus dur commence. En clair, l’heure du bilan de la covid-19 a peut-être sonné.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    Moi j’ai vraiment honte d’être toujours colonisé et ridiculisé, enfantilise par ces mêmes français. Quand vas-tu te réveiller peuple gabonais ? Quand ? N’as tu pas honte d’être tout le temps ridiculisé par ce colonisateur qui t’a fait croire que tu es « indépendant ». Il n’y a pas plus manipulateurs que les français. A Ntare Nzame.

    • Maganga Octave dit :

      @Serge Makaya. Es tu obligé de commenter ? Ce sont les français qui te ridiculisent ou ce sont plutôt tes compatriotes gabonais qui sont au pouvoir ? Ce sont les français qui leur demandent de les imiter comme des toutous ? En Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Bénin aussi Sénégal as-tu un tel zèle dans les affaires de coronavirus ? Y a qu’au Gabon où on cherchait qu’elle médaille ? Parfois ferme ta bouche Serge Makaya

  2. Lavue dit :

    Tout le problème du Gabon depuis 2009 réside dans la qualité des gens qui le gouverne. Il est difficile de faire du bon ou de l’excellence avec des personnes médiocres à la base.
    Qui au Gabon avant 2009 pouvait croire qu’ALI BONGO avait l’étoffe d’être Président de la République? Je ne pense pas que 5% le croyait. Et pourtant il y est jusqu’à aujourd’hui, trimballant avec lui des délinquants et des novices opportunistes de tout horizon, un peu à son image.

    Si à cela vous rajouter les pratiques ésotériques importées dont sont friands ces gens pour chercher à exister, la messe est dite.

    Le Gabon a passé son temps mimer la France durant toute la durée de la pandémie, cela n’a échappé à personne. Et quand on ne sait pas travailler, il est simple de copier chez l’autre, surtout quand ce dernier est « crédible » en tant que maître dominateur.
    Tant que l’esclave ne cherchera pas à se libérer, faut rien en attendre du maître. Le Gabon baigne depuis une dizaine d’années dans la pure médiocrité et cela est plus que visible. La France en profitera toujours tant qu’elle y trouvera un intérêt.

  3. Gabonais au Gabon dit :

    Comment ramener les prix des transports en commun à leurs niveaux d’avant la covid-19 ? Voici une question qui intéresse le gabonais des PK, Akébé, Owendo, Akanda, PoG, Oyem, etc.
    Mr le Ministre des Transport on vous attend sur cet aspect.. Robert MENIE Président du syndicat des Transporteurs venez parler, Ibrahim Tsendjiet Mboulou président de l’Organisation gabonaise des consommateurs (OGC), on vous attend; Christian ABIAGHE de SOS consommateur défendez nous…
    Mr le Président, vous nous avez fait cette promesse au peuple que vous ne serez heureux que lorsque le peuple lui sera heureux… on continue d’attendre notre bonheur…

    Un gabonais dans son pays..

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