Cermel : La fin du projet Symav ouvre la voie à un projet plus ambitieux

Le Japon, via l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), a mis en place le projet d’établissement d’un système de surveillance en laboratoire des maladies virales représentant un problème de santé publique (Symav). Estimé à plus de 2 milliards de francs CFA, ce projet débuté en avril 2016 s’achève ce mois de février 2022, avec un bilan positif en termes de découvertes de virus et de formation des chercheurs.

Le Pr Yasuda (droite) et les directeurs du Cermel. © Gabonreview
Débuté en avril 2016, le projet d’établissement d’un système de surveillance en laboratoire des maladies virales représentant un problème de santé publique (Symav), prend fin ce mois de février 2022. Réalisé au Centre de recherches médicales de Lambaréné (Cermel), sous la supervision de l’Institut de médecine tropicale de l’Université de Nagasaki (Nekken), le projet a été financé par le gouvernement japonais via l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), à hauteur d’un peu plus de 2 milliards de francs CFA. Les différentes parties notent plusieurs progrès réalisés aussi bien en termes de formation que de découvertes de virus.
Les différentes parties satisfaites
«Nous sommes satisfaits des résultats du projet surtout concernant la partie formation car les techniciens gabonais ont été formés dans le cadre de la recherche», a déclaré le Pr Jiro Yasuda, directeur de recherches à l’Institut de médecine tropicale de l’Université de Nagasaki (Nekken) et chef de projet Symav
Selon ce dernier, durant les 6 années, 6 chercheurs ont été acceptés pour des études à l’Université de Nagasaki en plus d’être formés sur place au Cermel. «On a été formé par des chercheurs japonais qui ensuite ont été rappelés par leur pays. Il nous revenait de prendre le relai en plein Covid et on a su gérer en appliquant tout ce que nous avons reçu comme enseignement en leur présence», a confié Georgelin Nguéma, l’un des chercheurs ayant été acceptés en thèse.
En pleine crise de Covid-19, grâce aux laboratoires P2P3 d’une part et d’immunologie et biologie moléculaire d’autre part, offerts par le Japon pour les recherches virologiques, le Cermel a pu analyser les échantillons qui provenaient de Libreville, Makoukou et autour de Lambaréné. Les chercheurs ont été formés à un nouveau système de diagnostic rapide autre que le PCR. «Le Cermel est dans la zone depuis environ 30 ans mais la recherche des maladies virales a été quelque chose d’assez nouveau pour nous. Nous avons commencé avec le projet Symav», a déclaré le Pr Bertrand Lell, co-directeur du Cermel, Pr de médecine tropicale à l’Université médicale de Viennes en Autriche.
Un tour au laboratoire P2P3

Vue intérieure du labo P2P3 du Cermel. © Gabonreview
Le Labo P2P3 se compose d’une zone P2 contrôlée et sécurisée où l’accès est réglementé, et une zone P3 strictement réservée aux personnes habilitées. «Là-bas on travaille avec une certaine pression négative pour être protégé contre les virus», a expliqué Rodrigue Bikangui, chercheur biologiste. La zone, a-t-il ajouté, contient également un ensemble d’équipements permettant de protéger les manipulateurs «parce qu’on peut faire aussi de la culture virale en regardant de façon poussée, les effets de virulence pour certains pathogènes». Une zone plus sécurisée que la zone P2 qui contient des équipements de froid ; de biologie moléculaire pour les amplifications de l’ADN.

Vue intérieure du labo P2P3 du Cermel. © Gabonreview
A cela s’ajoutent une zone de cultures virales ayant permis la découverte des virus potentiellement dangereux. «Ici on suit essentiellement des virus tels que la Dingue, le Chikougounia et des virus tel qu’Ebola», a fait savoir Georgelin Nguéma. Selon lui, Symav a permis la gestion d’une vingtaine de virus aussi bien des arbovirus (transmis à l’homme via des insectes), que des virus respiratoires et bien plus. .
Découverte
A Lambaréné, a indiqué le Pr Leel, la population vit proche des forêts. Ce qui favorise les interactions entre les animaux et les hommes avec à la clé, des opportunités d’échange de virus. «Nous avons regardé dans le sang de certains patients fiévreux, attrapé quelques rongeurs pour chercher les virus. Jusqu’à présent, nous n’avons pas trouvé l’évidence, des échanges de maladies virales entre animaux et hommes mais nous avons trouvé certains virus dans certains animaux» a fait savoir Bertrand Lell, faisant référence aux virus n’ayant pas encore été décrits dans la zone. Notamment, le virus lymphocytaire de la méningite des animaux de brousse découvert chez les rongeurs.
Découvert en 2020, il est considéré comme l’une des plus grandes découvertes dans le cadre du projet Symav qui a tout aussi permis de mettre en évidence d’autres virus comme le virus de la Dingue et de Chikoungounia. «C’est important que nous gagnons de l’expérience dans le domaine de la virologie. Cette importance nous l’avons d’ailleurs vu avec la pandémie actuelle», a commenté le Pr Lell rappelant que le Centre international de recherches médicales de Franceville (Cirmf), et le Cermel étaient les seuls pendants quelques mois à faire le diagnostic du Sars-Cov. «Jusqu’à présent, nous sommes parmi les seuls à faire le séquençage pour voir quelles sont les souches actuelles les plus importantes», a-t-il commenté.
Un projet plus étendu en perspective

Rodrigue Bakinda et Georgelin Nguéma au labo P2P3. © Gabonreview
«Ce projet a été très important et c’est important qu’il y ait ce centre de recherches (Cermel) au Gabon», a déclaré Bertrand Lell. «J’espère que la collaboration va continuer. Pas seulement avec le Cermel mais aussi avec l’Institut de recherches en écologie tropicale (Iret) ici au Gabon», a souhaité le Pr Jiro Yasuda. Selon lui, le projet Symav se termine cette année mais un nouveau financement a été mis à disposition pour un projet qui pourrait prendre forme dans les 3 prochaines années. Un projet semblable au Symav dont les bases ont été posées. «Il s’agit tout simplement d’étendre les secteurs de recherches et de continuer à développer les capacités de recherche des homologues gabonais», a expliqué le Pr Yasuda.

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