Gabon : Ali Bongo insensible au risque de détérioration du climat social ?

L’avenir n’incite pas à l’optimisme au Gabon avec un risque de débrayage généralisé contestant les nouvelles mesures anti-Covid du gouvernement. Une situation qui devrait interpeller la première autorité du pays qui, jusqu’ici, ne s’est pas encore prononcée sur ces nuages sombres qui planent au-dessus du pays.

Le pays s’enlise tout doucement mais sûrement dans les sables mouvants, sans mot dire du chef de l’Etat, pourtant garant de la stabilité du pays. © D.R.

Prompt à se prononcer sur l’affaire Patrick Assoumou Eyi ou, plus récemment, sur la disparition de Desmond Tutu, paix à son âme, Ali Bongo brille par un silence assourdissant, voire inquiétant, sur l’actualité du moment : les nouvelles mesures anti-Covid du gouvernement. Impopulaires, ces mesures ont mis en mal la cohésion de l’équipe conduite par Rose Christiane Ossouka Raponda, face à la requête introduite à la Cour constitutionnelle par le Copil citoyen.

Après avoir invalidé l’arrêté n° 0559/PM du 24 novembre 2021, pour des questions de forme, la haute juridiction a de nouveau invalidé l’arrêté n° 0685/PM du 24 décembre 2021 pris par le gouvernement, après la nouvelle requête introduite par le Copil citoyen auprès de la Cour constitutionnelle.

Entre ces deux démarches du gouvernement, la première autorité du pays ne s’est pas prononcée sur la question. En se prononçant publiquement, Ali Bongo aurait fait baisser la pression autour de cette question qui déchaine les passions.

En effet, suite à la décision du gouvernement de rependre le même contenu de l’arrêté querellé dans un autre arrêté pour le réintroduire dans le circuit formel, tel qu’exigé par la Cour constitutionnelle, les principaux syndicats des secteurs Pétrole et activités connexes de l’Eau et l’électricité au Gabon menacent d’entrer en grève générale illimitée en janvier 2022. Cette menace, qui fait suite à la pétition lancée par le Copil citoyen pour contester les mesures querellées, va-t-elle faire reculer le gouvernement ?

Rien n’est moins sûr, car sur le Covid-19, l’expérience a démontré que Rose Christiane Ossouka Raponda et son équipe sont inflexibles, prétextant se soucier avant tout de la santé des populations. Et vu la détermination des partenaires sociaux, cette situation devrait logiquement conduire à une détérioration du climat social. En l’état, seul Ali Bongo, garant de la stabilité du pays, semble en mesure d’éviter une telle issue. Mais le veut-il vraiment ? Plus que jamais, le chef de l’Etat devrait reprendre la main sur ce dossier pour sortir le pays de l’impasse. Mais, peut-être calmera-t-il le jeu lors de son traditionnel discours de fin d’année.