Les propos «tribalistes», «haineux», «mettant à mal le vivre-ensemble» prononcés récemment à la tribune du Conseil national de la démocratie (CND) par le président du Rassemblement des Gaulois, Max Anicet Koumba, à l’encontre de l’ethnie fang continuent de faire des remous, malgré son mea culpa. Cette fois, les «Ressortissants de la communauté fang du Gabon» sont montés au créneau, le 6 novembre, pour «s’indigner fortement de ces termes vexatoires et séparatistes au plus haut point».

Le président du Front patriotique gabonais (FPG), Gérard Ella Nguéma, porte-parole des «Ressortissants de la communauté fang du Gabon», entouré de quelques élites fang, le 6 novembre 2021. © Gabonreview

 

Assurant avoir consulté les notables, les leaders d’opinion, syndicaux et sociaux fang avant de s’exprimer à la suite des déclarations «fâcheuses» du président du Rassemblement des Gaulois, Max Anicet Koumba, contre les Fang, un Collectif présenté sous l’appellation de «Ressortissants de la communauté fang du Gabon» s’est exprimé le 6 novembre à Libreville. Le porte-parole du Collectif, le président du Front patriotique gabonais (FPG), Gérard Ella Nguéma, a rappelé d’emblée que «le Gabon demeure un et indivisible comme lui confère d’ailleurs la Constitution en son article 2 du Titre premier intitulé «de la République et de la Souveraineté»».

Les «Ressortissants de la communauté fang du Gabon» estiment que les propos de ce leader ont de «relents sécessionnistes». Par ailleurs, «si tant est que les Fang du Gabon constituent le blocage du développement du pays, nous indiquons que les Fang du Gabon ne sont ni anarchistes, ni monarchistes». «La communauté fang du Gabon est par contre sertie des jacobins en quête permanente du progrès social. Et les Fang, pris dans leur globalité, sont des bâtisseurs par excellence», a déclaré Gérard Ella Nguema.

Ce dernier a affirmé qu’il peut «dire haut et fort que le malaise du Gabon ne peut avoir comme seuls responsables les Fang, malgré la stigmatisation subie depuis belle lurette», tout en dénonçant la théorie de «Badjague» consistant, selon lui, à «freiner la propension des Fang à l’enseignement, à l’éducation, à la formation et au savoir» avec le «Tout sauf les Fang (TSF)». Un «projet politique de faire sans les Fang» et qui peut se transformer en «Tuez-les tous».

Tout en récusant la phrase choc de max Anicet selon laquelle «l’imposture, l’incivisme et l’indiscipline des fang sont responsables du blocage du Gabon», le porte-parole de la communauté fang rappelle que celle-ci ne saurait être «quantité négligeable», d’autant plus qu’elle représente entre 49% et 52% de la population gabonaise et ses membres sont répartis sur cinq des neuf provinces.

Bannir la cristallisation identitaire aux conséquences imprévisibles

Au regard de l’amplification de la «stigmatisation des Fang», leur porte-parole se demande si l’acte de Max Anicet Koumba n’est pas «les prémices d’un éventuel génocide», en s’appuyant sur les cas allemand et rwandais. «Les faits étant têtus, et au regard de la démonstration qui précède, la communauté fang du Gabon s’interroge si finalement c’est cette voie vers laquelle l’on est en train de la conduire ?».

Quoi qu’il arrive, a-t-il indiqué, la communauté fang restera «viscéralement attachée» à la cohésion nationale, à l’unité nationale et à un meilleur vivre-ensemble, chers aux pères fondateurs de la Nation gabonaise ; tout en regrettant que ce Gabon soit devenu  «un pays affaibli par un repli identitaire affirmé, où l’ethnisme apparait comme un prétexte pour certains acteurs politiques avides de pouvoir».

Les Ressortissants de la communauté fang du Gabon ont invité le président Ali Bongo à envisager «de nouvelles hypothèses susceptibles d’empêcher la cristallisation des options identitaires, aux conséquences imprévisibles».

Le 28 octobre au Conseil national de la démocratie, Max Anicet Koumba avait déclaré que «les dysfonctionnements constatés dans la conduite des affaires du Gabon sont causés par l’incivisme et l’indiscipline d’un petit nombre de nos compatriotes. Je tiens à dire ici, je l’affirme et je le répète, le Gabon est bloqué par l’imposture des Pahouins et le tribalisme…». Il indexait, pour ainsi dire, la communauté fang.

 
GR
 

8 Commentaires

  1. aze dit :

    Les fangs camerounais ont noyauté la communauté fang du Gabon.
    Que les fangs fassent d’abord le ménage entre eux.
    La preuve c’est que c’est eux mm qui étouffent cette affaire.
    Ils savent pourquoi ?

  2. SERGE MAKAYA dit :

    Faites comme MOI, épousez une femme d’une autre ethnie du Gabon, l’unité du pays passe aussi par ces UNIONS. Autre chose : aucune CULTURE ethnique n’est au dessus d’aucune autre, en dehors de la CULTURE DE L’AMOUR qui est est CULTURE UNIVERSELLE A CULTIVER ET A PRIVILÉGIER.

  3. Hermann O. dit :

    Il y a malheureusement 3 inconvenients à cette déclaration que je trouve personnellement inopportune et contre-productive: Un, elle contribue à atiser le repli identitaire en donnant de la resonnance aux propos du gaullois (sic!!); Deux, elle joue le jeu de ceux qui souhaitent distraire l’opinion et l’éloigner des reflexions sur les véritables enjeux de l’heure (mesures covid, prolongations de l’etat d ‘urgence sanitaire, la grève des ensignants, etc..); Trois, elle va donner du crédit aux condamnations folkloriques du ministère de l’interieur et de la majorité (pyromane et pompier!!??). Nonobstant son manque d’envergure et celui de son pseudo-parti, M. Koumba n’est pas un novice dans le landerneau politique gabonais. Cette déclaration a été pensée et reflechie. Il n’est que le pion d’un schéma beaucoup plus large. Dieu seul sait quelles sont les véritables intentions de ceux qui ont inspiré, piloté et commandité ce « dérapage », qui en verité n’en est pas un.

  4. Gayo dit :

    Donc chez les fangs avec de nombreux intellectuels, artirses, leaders dans la société civil, il n’y a que Ella Nguema, et Jonathan Ntoutoume qu’on sait vendus au régime responsable de la menace qui pèserait sur les fangs si il en existe pour les représenter. La preuve que ces manges milles poursuivent des intérêts obscures. La communauté fang ne suivra pas le jeu de manipulation de Max Anicet Koumba et des leaders fang en manque de popularité parce que vendu au régime.

  5. KIALO dit :

    Les Fang ne constitue pas une communauté; mais un groupe groupe ethnolinguistique.

  6. Goita dit :

    quand un peuple est depourvue de sa spiritualité, c’est la regression totale.. Rassemblement des gaullois, rien que le nom du partit montre que c’est un negre de peau et blanc dans l’ame. A l’heure ou les peuples se battent pour se liberer de joug neocolonial, nous on passe le temps sur les histoires de fang, de miene, j’en passe. Si chaque gabonais connaissait l’histoire du peuple Ekang, de peuple Akele, du peuple punu ou encore nzebi le tribalisme n’existerait pas au Gabon. L’histoire du Gabon commence avec l’arrivée des colons, ce qui est enseigné a l’école et personne ne s’en offusque. A un moment donné dans une lutte, on doit se poser une question: Est ce que la stratégie marche? si elle ne marche on la change mais perserver est suicidaire et contre productif.

  7. Mabele dit :

    Haro! sur cette affaire
    Passons maintenant on à autre chose qui a des conséquences palpables sur tous les groupes ethnolinguistiques du Gabon:
    Une blanche franco-marocaine veut placer son enfant à la tête du pays parce que son mari(aux origines troubles) n’a plus qu’un bout de cerveau…
    On fait comment? on joue à faire Okoukout! ou bien pour une fois on s’organise grâce à la richesse de notre sagesse culturelle ou du moins ce qu’il en reste.
    Ma chérie est Fang-Ntoumou et on rit bien de l’okoukoutisme du grand René.Pour nous cet Okoukoutisme se trouve dans tous les groupes ethniques du Gabon… Donc le gaullois Max, ferait mieux d’élargir son analyse au lieu de s’équiper d’une courte vue..Bien équipé, il y mettrait toutes les ethnies. Et c’est ça le problème.

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