Cop26 : Pour une vraie justice climatique
A Glasgow, on parlera d’«adaptation.» On en dira le moins possible sur l’«atténuation.» On glosera sur la gestion durable des forêts, abusivement présentées comme le «poumon de la terre.» Mais on éludera le débat sur la gestion des océans, pourtant reconnus comme le premier producteur d’oxygène.
Du 1er au 12 novembre courant se tient, à Glasgow en Ecosse, la 26ème Conférence des Nations-Unies sur le climat. Derrière les discours officiels, un enjeu à la fois inavouable et pernicieux sera au centre des préoccupations : le maintien des modes de production et de vie en vigueur dans les pays industrialisés. Comme toujours depuis 2009, on y parlera énormément d’«adaptation» et de «résilience.» Comme souvent, on en dira le moins possible sur l’«atténuation» et les causes structurelles des vulnérabilités aux changements climatiques. Bien entendu, on glosera sur la gestion durable des forêts, abusivement présentées comme le «poumon de la terre.» Par voie de conséquence, on éludera le débat sur la gestion des océans, pourtant reconnus comme le premier producteur d’oxygène et recycleur de dioxyde de carbone.
Patate chaude aux pays forestiers
Officiellement, cette conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-unies sur les changements climatiques (CCNUCC) vise quatre objectifs : garantir zéro déforestation nette à l’échelle mondiale d’ici au milieu du siècle et maintenir le seuil de 1,5 degré ; s’adapter pour protéger les communautés et habitats naturels ; mobiliser les financements et ; établir des synergies opérationnelles. Pour y parvenir, les pays sont invités à accélérer l’élimination progressive du charbon, encourager les investissements dans les énergies renouvelables, réduire la déforestation et accélérer le passage aux véhicules électriques. Ils doivent aussi construire des défenses, mettre en place des systèmes d’alerte et rendre les infrastructures et l’agriculture plus fiables En contrepartie, les pays industrialisés s’engagent à lever 100 milliards de dollars par an grâce à des partenariats public/privé. Naturellement, tout ceci doit se faire conformément à des procédures consignées dans un manuel en cours de finalisation.
Comme le dit Alok Sharma, ce sommet sera l’occasion de «faire avancer les actions de protection et de restauration des forêts et des écosystèmes.» Il devrait aussi permettre d’impulser une «transition vers une agriculture durable, résiliente et respectueuse de la nature.» Comme s’il entendait inviter le monde à prendre acte du refus des pays industrialisés de se soumettre au plafonnement de leurs émissions de gaz à effet de serre, l’ancien secrétaire d’État britannique à l’Énergie goûte peu à l’atténuation, préférant miser sur l’adaptation. Or, selon le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), «au rythme (actuel), l’élévation des températures à la fin du siècle sera bien supérieure aux objectifs de l’Accord de Paris» En se gardant d’évoquer les énergies fossiles, le président de la Cop26 a feint de ne pas l’entendre. En évitant de se prononcer sur la gestion durable des océans, il a refilé la patate chaude aux pays forestiers.
Aller au fond du débat
Depuis plus d’une décennie, l’adaptation est au cœur du débat sur les changements climatiques. Mais pas grand monde n’en cerne les véritables enjeux. A se satisfaire des promesses de financement, beaucoup se montrent favorables à cet «ajustement au climat actuel ou à venir» Sans en mesurer les conséquences, ils adhèrent à toutes sortes d’initiatives portées par les pays du Nord, au risque de marginaliser leurs administrations. Sans se poser des questions d’ordre juridique ou institutionnel, ils délèguent les aspects opérationnels aux ONG et fondations internationales, quitte renoncer à leurs missions régaliennes ou à créer des zones de non-droit. Dans un tel contexte, les populations sont invitées à s’adapter ou à souffrir en silence. Or, pour mieux lutter contre les changements climatiques, il faut mobiliser l’ensemble des forces. Cela suppose établir des partenariats fondés sur des stratégies adaptées à nos réalités, forces et faiblesses.
Rien de solide ne se construit sur le prêt-à-penser ou les stratégies conçues par d’autres et pour d’autres. Au lieu de reprendre la novlangue à la mode, il faut aller au fond du débat sur la régulation du climat. Il faut, tout autant, se poser des questions sur la pertinence scientifique de certaines options. Ayant longtemps souffert du pillage des ressources, nos pays vont-ils se laisser duper une fois de trop ? L’Histoire appréciera… Pour l’heure, les africains doivent se le dire : leurs pays ne sont ni les principaux émetteurs de gaz à effet de serre ni les principales puissances maritimes. Au lieu de demander de l’aumône pour des plans d’adaptation ou des mesures de gestion durable des forêts, nos négociateurs doivent avoir le courage d’inviter l’Occident à mettre en œuvre des plans d’atténuation et de gestion durable des océans. C’est cela œuvrer à une vraie justice climatique.
2 Commentaires
Vos négociateurs sont qui ? Le clan Bongo et Valentin, valets de la francafrique et eux-mêmes pilleurs du Gabon ? Continuez à rêver.
Même autant de milliards ne serviront pas le pays, mais plutôt les mêmes voleurs toujours au.
Le Gabon est mille fois plus riche que l’Arabie Saoudite et tous les pays golfe. Mais malgré ça, il restera pauvre parce que c’est le voeu de la francafrique. Elle maintiendra ses valets au Gabon, son armée. Elle va continuer avec sa politique « d’aide au développement » (quelle insulte au peuple gabonais), parce que c’est la seule façon pour elle de continuer à PILLER nos richesses.