Ouvrage à quatre mains consacré aux premières heures de la crise centrafricaine (1996-2003), «Au cœur de la crise centrafricaine» de Barthélémy Ratanga et André Adjo entend restituer les faits, et surtout les comprendre. C’est un essai doublé de témoignages que livrent, aux Éditions Raponda Walker, l’ancien général et l’universitaire. Paru en juillet 2021, ces 250 pages sont préfacées par Guy Rosatanga-Rignault, ancien Haut représentant personnel du président de la République en charge des Relations internationales, qui, sous la houlette d’Omar Bongo, s’était vu confier le dossier centrafricain en 2008.

«Au cœur de la crise centrafricaine», l’ouvrage de Barthélémy Ratanga et André Adjo consacré aux premières heures de la crise en République Centrafricaine (1996-2003). Editions Raponda Walker, juillet 2021. © Gabonreview

 

Les premiers moments de la crise centrafricaine, notamment la période 1996-2003, sont le sujet central de l’essai et livre témoignage, «Au cœur de la crise centrafricaine», paru en juillet dernier aux Éditions Raponda Walker. Ouvrage à plusieurs mains, cet opus est le résultat d’un travail collaboratif entre Barthélémy Ratanga et André Adjo ; Le premier est un ancien général gabonais ayant été Commandant de la Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (Misab), puis de la Mission des Nations unies en République centrafricaine (Minurca) et de la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac). Le second quant à lui est actuellement chef du département d’études politiques et directeur du Groupe d’études politiques et de défense (Grepod) à l’Institut de recherches en relations humaines (Irsh) de l’Université Omar – Bongo (UOB).

© Gabonreview

La crise centrafricaine qui éclate à la suite d’une mutinerie en 1996, a eu pour implication des acteurs régionaux et internationaux, notamment par le biais des opérations de maintien de la paix. Au sujet de celles-ci, les auteurs relèvent «un vif débat théorique sur ces variants : imposition de la paix, rétablissement de la paix, consolidation de la paix, maintien de la paix, etc.». C’est sans doute pourquoi, Barthélémy Ratanga et André Adjo braquent le projecteur sur le déploiement et le mandat de la Misab. Il s’agit pour eux de cerner les contours de cette première expérience africaine en matière de maintien de la paix. Cette étude phénoménologique constitue la première partie du livre titrée «De la mutinerie d’avril 1996 à la mise en place de la Misab». Les auteurs y abordent en deux chapitres, «les facteurs déclencheurs de la crise», ainsi que «La mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui et les défis de la reconstruction».

La deuxième partie, «La RCA sous mandat onusien : la Minurca, dans le prolongement de la Misab», s’intéresse au relai onusien avec «la Minurca venue assurer la consolidation de l’œuvre commencée par la Misab et accompagner l’organisation des élections politiques», explique le préfacier. Elle est bâtie sur des chapitres tels que «la Minurca face aux défis de la consolidation de la paix» et sur «la Minurca et l’organisation des élections politiques».

La dernière partie, «Du déploiement de la Fomac au départ d’Ange Félix Patassé», est consacrée à la reprise en main de l’initiative de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) dans le cadre de la Fomac, mais aussi au départ de l’ex-président.

L’ouvrage compte six chapitres ponctués de nombreux témoignages recueillis auprès des acteurs ayant influé sur l’évolution du pays durant cette période. S’appuyant sur une importante recherche documentaire, aussi bien pour les aspects factuels que théoriques, le livre comporte, en annexe, des photographies et notes de références. Le travail des auteurs «montre comment, à partir des revendications de soldats autour d’arriérés de soldes, les mutineries de 1996 ont progressivement conduit à une crise multidimensionnelle et multisectorielle due à la difficulté pour les acteurs de politiques centrafricains à rechercher et trouver le minimum de consensus nécessaire à la réalisation d’une paix durable».

Mais encore, l’examen minutieux des huit premières années de la crise centrafricaine amène à des observations laissant apparaitre certaines tendances, tels que le soulignent les auteurs. En effet, concluent-ils, «le dissensus politique, caractéristique du paysage politique centrafricain pendant toutes ces années, est ainsi devenu la règle, le consensus l’exception». Ratanga et Adjo relèvent de plus une extension du domaine de la crise, une internationalisation de celle-ci, notamment avec des implications de la Guerre en République démocratique du Congo (RDC) d’une part, et la dégradation des relations tchado-centrafricaines, d’autre part.

«Au cœur de la crise centrafricaine» laisse percevoir que «pendant toutes ces années, la présence des forces de maintien de la paix n’est pas parvenue à stabiliser le pays». La crise étant encore latente dans le pays jusqu’alors.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. NGOMAH dit :

    Pour comprendre ce qui se passe en RCA il faut plutôt un agrégé es sciences rocambolesques et un général en roublardise.

Poster un commentaire