Du message du président de la République, se dégageait une posture politicienne, en rupture avec les attentes d’un corps social anémié.

À en juger par de nombreux commentaires, le discours d’Ali Bongo avait des airs de déjà entendu, sur fond d’autocélébration mais loin de tout bilan objectif. © Gabonreview/Shutterstock

 

«Le même discours», se désolent certains internautes. «Vivons-nous dans le même pays», s’interrogent d’autres. Dans le message à la nation du 16 août dernier, on retrouvait toute la rhétorique, tous les éléments de langage à la mode depuis 12 ans. S’en dégageait une posture politicienne, en rupture avec les attentes d’un corps social anémié. En suintait un mécanisme de défense, un refus du vécu, perçu comme menaçant. Même s’il s’est posé en chantre de l’idéal national, le président de la République a donné le sentiment de défendre des intérêts particuliers voire extérieurs au pays. Se livrant à un exercice d’autocongratulation, il a laissé l’impression de poursuivre des objectifs peu avouables. Comme trop souvent, il a paru coupé du réel, peu au fait du quotidien des populations. Le déni de réalité…

Doxa internationale

Depuis de trop longs mois, les grèves rythment l’activité au ministère des forêts, les écogardes se plaignent de ne pas avoir d’existence légal. Occupant des locaux de fortune, accumulant des impayés de salaires, l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) navigue en eaux troubles. Comme si cela ne suffisait pas, l’Agence française de développement (AFD) a récemment menacé de suspendre «tous les contrats liés au fonctionnement» de l’Unité de gestion du projet de Contrôle de l’aménagement forestier (Caf), dénonçant des «dépenses inéligibles (…) non remboursées». Au lieu d’instruire le gouvernement de régler ces questions, Ali Bongo a repris la doxa internationale, affirmant conduire une action «déterminante pour l’avenir de l’humanité́.» Au lieu de donner aux partenaires des garanties de saine gestion financière, il s’est contenté de se satisfaire de la contribution de la Norvège à l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (Central africa forest initiative – Cafi). Au lieu d’offrir une perspective aux personnels, il a choisi de présenter «Cynthia» comme un modèle, faisant fi du débat sur la légalité du mandat des écogardes.

Certains y verront des remarques peu fondées. Mais, peut-on inventer l’avenir quand on évolue en marge de la légalité ? Au-delà, peut-on se gargariser de réformes contraires à l’essence de notre République ? Sauf à méconnaître nos textes, la loi n° 9/2016 du 5 septembre 2016 recommande «30% de femmes à des postes de responsabilité.» Loin de viser la «parité», elle consacre l’usage «des quotas», principe hérité du communautarisme et peu conforme à l’universalisme républicain. Avant de présenter la parité comme «une question de justice sociale, d’égalité́, d’équité», il aurait fallu adapter la loi à l’esprit de nos institutions. En 1999, la France le fît en consignant dans l’article premier de sa Constitution : «La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales.» Comment le président de la République en est-il arrivé à convoquer une notion sans s’assurer de son existence légale et de sa pertinence politique et institutionnelle ?

Autocélébration

Il faut redonner aux notions leur sens. Si le Centre international de recherches médicales de Franceville (Cimf) abrite l’un des deux laboratoires P4 du continent, cette classification renvoie à la sécurité biologique. Elle n’est nullement gage de performance.  Même s’il peut être sollicité pour la manipulation de certains virus, le Cirmf ne peut susciter «l’admiration de la communauté́ scientifique mondiale», sans résultat concret. En a-t-il ? Lesquels ? Quelle est leur portée ? De même, compte tenu des «ruptures incessantes en oxygène», dénoncées par le Syndicat des médecins fonctionnaires gabonais (Symefoga), le Gabon ne peut s’autoproclamer «champion continental en matière de riposte face à la covid-19.»  Il ne peut non plus vanter «l’efficacité́ de (son) système de santé» ou la qualité de ses infrastructures. Il suffit de se rendre à l’intérieur du pays pour constater l’état de dégradation avancée de nos routes ou le niveau de désespérance des populations. Plus grave, l’effondrement de notre système éducatif ne se discute même plus…

Particulièrement attendu sur le sort des bacheliers de ces dernières années, la mise à niveau des infrastructures de transport (routes et chemin de fer notamment), l’atténuation des effets pervers des restrictions imputées à la lutte contre la covid-19, la dette et la gouvernance politique, le président de la République a plutôt appelé à l’unité, au patriotisme et à l’espérance. La manœuvre a-t-elle fonctionné ? Rien n’est moins sûr. A en juger par de nombreux commentaires, le discours d’Ali Bongo avait des airs de déjà entendu, sur fond d’autocélébration mais loin de tout bilan objectif. La suite ? Elle relève de la responsabilité du peuple souverain.

 
GR
 

16 Commentaires

  1. Ernest dit :

    Vous faites exprès de ne pas savoir, ou bien les français vous ont bien roulés dans la farine en vous convainquant qu’il est toujours en vie ?

  2. Irène dit :

    Ce sera ainsi jusqu’en 2023. Parce que c’est à cette date que veut nous amener la francafrique. Les élections présidentielles de 2023 sont déjà montées comme pièce théâtrale. Il ne suffira plus qu’à mettre à exécution la dite pièce pour faire « gagner » le nouveau pantin de la francafrique.
    Notre pays aurait pu être libéré depuis l’an 2019 avec le décès d’Ali Bongo (ne doutez pas svp, il est bien décédé à Riyad. les français veulent gagner du temps comme ils l’ont fait avec Léon M ba en 1967).

    Dommage que l’unité entre nous ne se vit pas. Car c’est surtout par cette unité des gabonais que ce régime(et la francafrique n’y pourra rien) aurait pu tomber.

    Ce que les français craignent au Gabon et dans le reste de l’Afrique zone CFA, c’est notre solidarité, notre UNION. C’est nous l’étions, ce serait la fin de l’influence française en Afrique.

  3. Venance Pambou dit :

    Pourquoi Gabonreview continue à publier les sottises des huluberlus qui, pour éviter tout débat, décrété la mort de quelqu’un sans apporter la moindre preuve ? Les mêmes huluberlus, pour justifier leur lâcheté, voient la France partout, y compris dans la naissance de leurs enfants

  4. Hugo dit :

    Ne sois pas dupe. Ouvre bien les yeux pour déceler la ruse de la francafrique au Gabon et dans le reste de l’Afrique.

  5. Rembourakinda dit :

    Toujours le même costume, la même cravate et toujours dans la même posture…. Quand Léon MBA est mort la bande de Jacques Foccard a fait pareil. Il ne fallait pas aller aux élections, mais changer la constitution cad le Vice-président de la République devient Président en cas de vacances du pouvoir. Vous connaissez la suite. Hilarion Nguema à chanté « Votez photo ». Chres compatriotes, réfléchissons un peu :si « Trois M » déclaré tout de suite la vacance du pouvoir, que va-t-il se passer ? La Révolution. C’est trop dangereux pour la France Afrique. Donc on « bidonne » tout jusqu’à l’année 2023.J’ai regardé le film du passage des troupes le 17,une honte. Ali Bongo chef des armées n’est pas mis en valeur, les plans sont larges, on filmé n’importe quoi pour éviter de nous le montrer. C’est bon je ne suis pas dupe. Mais où est passé Bouteflika? Où est passé Beji Caïd Essebssi ? L’avc ce n’est pas la grippe.

  6. Lavue dit :

    Supposons qu’ALI BONGO soit mort. Mais c’est encore plus grave. Ca veut dire que le pays est géré par des personnes sans légalité ni légitimité. Supposons qu’il ne soit pas mort et qu’il soit bien l’homme très diminué physiquement et intellectuellement qu’on nous montre; ça veut également dire que le pays est dirigé par des personnes plus aptes que lui mais qui n’ont aucune légalité ni légitimité. Vous voyez bien que ça revient au même. Inutile donc de passer son temps à savoir si ALI BONGO est mort ou pas, ça n’a aucun intérêt. Quant à la France qui serait à l’origine de tous nos malheurs, ce raccourci presque du stupide ne permet pas d’assumer nos propres responsabilités internes. C’est certainement le quai d’orsay, pour paraphraser notre ami Serge MAKAYA, qui a demandé à NDEMEZO’O OBIANG, à FEFE ONANGA, à EYEGHE NDONG de réintégrer le PDG d’ALI BONGO. Faut être un peu limité intellectuellement pour accepter cela.
    Le Gabonais dans sa grande majorité est un paresseux que le système OMAR BONGO a façonné, c’est un jouisseur qui aime la vie facile, qui sait mendier, qui va au plus offrant. Beaucoup de ce qui font la politique dépendent de l’Etat, du système politique pour survivre. Le pays n’a pas de véritable hommes libres, de véritables hommes d’affaires capables de s’affranchir des méandres de la politiques politiciennes et de soutenir financièrement quelqu’un de crédible. Ca n’existe pas. Alors quand ça devient dur, toute la personnalité des gens apparaît au grand jour.
    Si la France, le clan BONGO ont leur part de responsabilité dans malheurs du Gabon, le Gabonais dans son ensemble à sa part de responsabilité également. Il doit doit adapter son comportement aux exigences de liberté et de prospérité. Il faut le reconnaître afin de changer pour espérer le changement des forces à qui la mal gouvernance profite actuellement.
    Donc ne perdez pas le peu d’énergie que vous avez à s’imaginer ALI BONGO mort ou sosie qu’est-ce que ça change au problème. Il faut aussi savoir qu’elle est notre responsabilité lointaine en tant que Gabonais.

  7. Rembourakinda dit :

    @Lavue,je suis d’accord avec une partie de votre discours. Je ne sais pas quel est votre âge alors je vais vous rappeler ceci:Albert-Bernard Bongo sort d’où ? C’était le plus nul, analphabète, à côté de J. H. Aubame, J. M. Ekoh, G. Damas etc… Pourquoi Bongo ? Si vous répondez à cette question nous serons OK pour la suite. Qui détruit l’éducation au Gabon ? Ce sont des gens qui n’ont pas été formés, ils donnent à notre jeunesse un exemple désastreux pour leur avenir. La facilité, les fétiches, le tape à l’œil etc… Tout ceci n’est pas le fait du hasard. L’histoire étant un éternel recommencement je vous suggère de lire l’histoire de la colonisation romaine de Jules César delà Gaulle, autour de-45 avant notre ère. Si je vais au Gabon, n’étant pas du sérail, mon matériel sera bloqué à la douane. Pour entreprendre il faut avoir un parrain qui est du système. Alors entre vous et moi le plus naïf ce n’est pas moi,je suis l’un vieux jeune. Sans rancune.

    • NGOMAH dit :

      Ce sont les gens qui ont été faussement formées qui « détruisent » l’éducation au Gabon et non celles qui non pas été formées SVP.

      Sinon nos arrières parents ne se seraient pas sacrifiés pour notre scolarité. La formation n’est pas le pb du Gabon.

  8. Lavue dit :

    Merci mon cher Rembourkinda pour votre réaction à ma précédente intervention. On a la chance d’échanger à travers ce média et tant mieux pour nous . En vous lisant je vois que votre analyse rejoint celle de beaucoup d’autres intervenants. Vous êtes à la recherche des coupables de la situation misérable dans laquelle se trouve le Gabon. Agir ainsi c’est défoncer une porte ouverte. Les coupables de la situation actuel du pays son bien connus. En tête desquels les personnes qui ont présidé ou qui président aux destinées du pays, là-dessus je crois que y a pas discussion. Moi j’ai un discours qui cherche à faire comprendre que la masse que nous sommes pouvons contribuer à changer les choses en ayant un comportement différent de celui qui est affiché par beaucoup d’hommes politiques aujourd’hui. La facilité avec laquelle ils se laissent manipuler par le pouvoir et décrédibilisent la pratique de la politique provient notamment du fait de la grande pauvreté matérielle dans laquelle ils vivent, malgré que certains soient restés aux affaires publiques de longues années. Pour être libres il faut se donner les moyens de s’affranchir du bourreau, de l’oppresseur, du tyran. Ailleurs en Afrique francophone la situation politique n’est pas très différente, à la différence qu’il existe une classe d’hommes d’affaires, d’entrepreneurs, de planteurs , d’agriculteurs, qui contribuent à l’essor économique du pays. Ils est difficile à la politique de détourner ces gens qui servent de modèle aux jeunes également. Au Gabon, on a l’impression qu’on ne vit qu’à travers la politique. Le seul modèle disponible c’est l’adhésion aux partis politiques pour se faire une place dans l’administration ou l’intégration dans les corps habillés. Dans ce schéma le système est à l’aise et ne voit pas pourquoi changer.
    Donc vous voyez nos discours ne portent pas la même vision, vous recherchez des coupables qui seraient remplacés par des gens plus instruits et vertueux, moi je pense que désigner les coupables ne suffit pas et que malgré l’adversité, les difficultés il faut s’imaginer d’autres voies pour ne pas trop dépendre du système politique. Je suis bien sûr conscient de la difficulté que représente le changement de mentalité après 60 ans de pratiques rétrogrades (corruption, clientélisme, népotisme). Quant à l’âge des individus, je ne sais pas s’il garantit forcément le bon sens, la sagesse et la connaissance. Des personnes âgées idiotes y en a tout autant que des personnes jeunes, ne vous y méprenez pas..
    Sur ce média on échange par amour de notre pays, y a aucune place pour la rancune surtout qu’on ne se connaît même pas.

    Salut

  9. Moulonguichi Karlyto dit :

    Nous boxons a une catégorie supérieure… en fait nous au Gabon on a fini avec la satisfaction des besoins primaire du quotidien chez le citoyen, on a fini avec la fibre optique, on a fini avec le transport terrestre, l’aérien aussi tout ces maitrisés au Gabon. maintenant nous au Gabon on construit des Fusées et on explore la planète la plus éloignée du système solaire. un Brave pays ce Gabon…

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