Gabon : trois détenues rasées pour «manque de respect» à la prison centrale de Libreville

Pour avoir supposément manqué de respect à des agents affectés à la maison d’arrêt des femmes (MAF) de la prison centrale de Libreville, Diane K., Marlène N.M. et Nathalie A.-M. auraient subi une humiliation et des promesses de passage à tabac de la part de ces fonctionnaires, révèle l’ONG SOS Prisonniers Gabon qui a sollicité auprès de la ministre de la Justice une enquête pour faire toute la lumière sur cet évènement qui ne serait pas le premier du genre à «Sans-Famille».

La prison centrale de Libreville. © Gabonreview
Si la coupe à ras tend à revenir à la mode chez les femmes, ni Diane K., ni Marlène N.M. et encore moins Nathalie A. n’ont souhaité coller à la tendance. Les trois femmes, détenues à la prison centrale de Libreville, ont pourtant récemment été contraintes par des agents de la maison d’arrêt des femmes d’arborer ce style. La justification des matonnes : le manque de respect dont elles auraient été victimes de la part de trois prisonnières, révèle SOS Prisonniers Gabon (SPG) qui n’a pas hésité à porter l’affaire à la connaissance d’Erlyne Antonella Ndama-Damas.
Dans une lettre adressée, mardi 1er juin 2021, à la ministre de la Justice, chargée des Droits de l’Homme, l’ONG présidée par Lionel Ella Engonga, sollicite son intervention en vue d’une enquête visant à faire toute la lumière sur cet évènement ayant eu lieu en mai dernier. L’organisation évoque un acte d’humiliation de la part des fonctionnaires qui ne seraient pas à leur premier coup au sein de cette maison d’arrêt.
«Le cas de ces trois femmes n’est pas isolé, raconte SPG. Il y a de cela un mois, Audrey, une jeune élève en 3e, avait été frappée par des agents pour des faits similaires de manque de respect.»
Pour l’ONG, «ces traitements ne sont conformes à aucune loi en vigueur, et vont à l’encontre des textes ratifiés par le Gabon». Aussi rappelle-t-elle que l’article premier alinéa 1 de la Constitution gabonaise dispose que «nul ne peut être humilié, maltraité ou torturé même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement». Or, «couper les cheveux de force est un acte humiliant et de maltraitance. [Et] dans l’arrêté 0018/MJGS/CAB du 15 juillet 2014 portant Règlement intérieur des établissements pénitentiaires, notamment au chapitre 2 intitulé “Des sanctions et des récompenses”, il n’est nullement mentionné que si une personne détenue manque de respect aux chefs, on doit couper ses cheveux ou la frapper».
À en croire l’ONG, l’une des trois détenues rasées, Nathalie A.-M. présenterait des troubles psychiatriques depuis son incarcération. «Elle n’a pas encore bénéficié de soins», regrette SPG.

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