Forêt du bassin du Congo : Pr Ngomanda sonne l’alerte face au changement climatique
Commissaire général du Centre national de la recherche scientifique et technologique du Gabon (Cenarest), Pr Alfred Ngomanda a appelé, mercredi 19 mai, dans une tribune publiée dans le quotidien L’Union les dirigeants des pays industrialisés, donc les plus pollueurs, à renforcer leur lutte contre le changement climatique qui a un impact néfaste sur les forêts tropicales déjà vulnérables, à l’instar de la forêt d’Okoumé du Gabon dont le risque est économique pour le pays.
Pr Alfred Ngomanda en est convaincu : le Gabon et son président, présenté comme un «champion» de la lutte pour la préservation de la nature, auront beau se démener pour la cause, leurs efforts seraient vains si les plus gros pollueurs de la planète ne comprennent pas la nécessité de soutenir davantage l’Afrique et particulièrement les pays de la sous-région de l’Afrique centrale à préserver la forêt du bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne couvrant plus de 268 millions d’hectares, en réduisant notamment et de façon significative leurs émissions de gaz à effet de serre. «L’urgence s’impose dans l’accélération de cette lutte contre les changements environnementaux globaux si on veut maintenir la biodiversité et les services écosystémiques que nous procurent les forêts du bassin du Congo», estime le Commissaire général du Cenarest dans une tribune publiée ce mercredi dans le quotidien L’Union.
Ayant participé à une étude internationale parue dans la revue scientifique Nature, en avril 2021, qui a démontré la vulnérabilité des forêts d’Afrique centrale face au réchauffement climatique, Pr Alfred Ngomanda, rappelle que «les forêts d’Afrique centrale sont vulnérables aux changements globaux» de par leur composition jugée «extrêmement vulnérable à l’augmentation des pressions climatiques et humaines» qui sont d’ailleurs attendues dans les prochaines décennies.
Or, prévient-il, «les experts du GIEC (dont il fait partie) prévoient qu’au rythme actuel des émissions des gaz à effet, la température moyenne de la planète va au minimum augmenter de 1.5 à 3.5°C en 2085. Par ailleurs, des projections démographiques des Nations Unies prévoient un triplement de la population de la région à la fin du siècle».
Un risque pour l’économie gabonaise
Dans sa tribune, le représentant du Gabon au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne manque pas également d’appeler l’attention des pays industrialisés sur l’impact négatif de la pollution dont ils sont les principaux acteurs sur les économies des pays de la sous-région de l’Afrique centrale, parmi lesquels le Gabon. Explication : les forêts du Gabon sont majoritairement composées d’Okoumé. Cet arbre emblématique de l’industrie forestière nationale a rapporté 321,5 milliards de FCFA en 2019. Seulement, cette essence est fortement influencée par la qualité du climat, notamment la quantité des pluies pendant la petite saison sèche qui correspond à la période au cours de laquelle tombent les graines d’Okoumé.
«En conséquence, prévient Pr Ngomanda, si le réchauffement climatique change les caractéristiques des deux saisons sèches, la répartition géographique et la densité d’Okoumé dans les forêts atlantiques seront considérablement modifiées, ce qui risque d’affecter la durabilité du modèle d’exploitation forestière basée sur cette espèce, et donc d’engendrer une baisse des recettes d’exportation.»
Il faut faire pression !
«En tant que citoyens du monde, nous devons tous accentuer la pression sur les pays les plus industrialisés, responsables de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, afin qu’ils participent de manière active à la réduction de leurs émissions de carbone, et surtout qu’ils financent des initiatives permettant d’aider les économies des pays les plus vulnérables à s’adapter au changement climatique», invite le patron du Cenarest au Gabon.
Pr Alfred Ngomanda rappelle en effet que «les forêts tropicales d’Afrique centrale constituent un réservoir immense de biodiversité et jouent un rôle important dans la régulation du climat de la planète en contrôlant les cycles d’échange entre la terre et l’atmosphère».
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