Hommage à Fortunat Obiang, pionnier de la critique littéraire gabonaise
Parmi les gabonais qui méritent le qualificatif d’intellectuel figure indiscutablement Fortunat Obiang Essono. Maître-Assistant Cames, enseignant-chercheur au département de lettres modernes de l’université Omar-Bongo de Libreville, défenseur des causes humaines nobles, l’homme a tiré sa révérence le 18 novembre dernier des suites d’une longue maladie.
Né le 12 mai 1957 à Bitam, connu pour son franc-parler, pour ses coups de gueule, même devant ses collègues enseignants, l’homme fut en son temps un militant et politicien engagé. Il a fait partie des générations qui ont porté sur les fonts baptismaux la démocratie dans les années 90 au Gabon. Fortunat Obiang a tour à tour été militant de la première heure dans des formations d’opposition radicale telles le Morena ou l’UGDD. Au soir de sa vie, il avait étonnamment intégré le Parti démocratique gabonais.
Au département des Lettres modernes, puis en Littératures africaines, Fortunat Obiang a dispensé divers enseignements axés sur la critique littéraire à plusieurs générations d’étudiants. Il est d’ailleurs considéré par ses pairs, en tête desquels Grégoire Biyogo, comme le «pionnier et maître de la critique littéraire gabonaise».
Fortunat Obiang Essono était titulaire d’un doctorat 3e cycle en littérature et civilisations anciennes, option modernes et contemporaines, obtenu avec la mention «très bien» à l’université Montpellier III Paul-Valéry en 1986. Après l’obtention de ce diplôme, de retour au pays, il crée avec des collègues et amis (Nicolas Mba Zué et Marie-France Andème entre autres) l’Association gabonaise des enseignants de français et le Café littéraire en 1987. Il a inauguré sa carrière d’enseignant au lycée d’État de l’Estuaire où ses enseignements sont jugés subversifs. Selon Nicolas Mba Zué, qui a lu l’oraison funèbre lors de la cérémonie solennelle d’hommage qui lui a été rendue à l’Université Omar-Bongo (UOB), «son affectation, un an plus tard au lycée d’État de Makokou, ressemblait bien à une affectation disciplinaire».
Après l’avènement de la démocratie, Fortunat Obiang est affecté dans la province de l’Ogooué-Lolo où, avec quelques amis dont Norbert Ngoua Mezui, il crée la branche locale du Mouvement de redressement nationale (Morena). Cependant, c’est en se saisissant de l’opportunité qui lui avait été offerte par sa nomination, en tant que chef du service de la scolarité à l’École nationale supérieure de secrétariat, actuel Institut universitaire des sciences de l’organisation, qu’il monte en grade pour devenir enseignant du supérieur.
Il intègre donc le département de Lettres modernes en 1992 et pendant 20 ans, il verra passer dr nombreuses générations d’étudiants. Entre temps, Fortunat Obiang a créé le Centre de recherche et d’études sur la diffusion universitaire de la francophonie (Creduf). Il a participé à de nombreux colloques et assises, autant nationaux qu’internationaux, qui mettaient en exergue les arts et les lettres, avec au centre la question du rapport de l’homme avec sa société. Conséquence, il est aujourd’hui classé parmi les intellectuels gabonais, d’autant qu’à certains moments de sa vie, il s’est longuement opposé aux injustices en décriant «la médiocratie» et «le minimalisme intellectuel».
Enseignant-chercheur, il a publié à l’Harmattan, dans la collection Recherche et pédagogie les «Registres de la modernité dans la littérature gabonaise présentant Ferdinand Allogho Oke, Lucie Mba, Auguste Moussirou Mouyama et Ludovic Obiang, puis dans un tome 2, Okoumba Nkoghe, Laurent Owondo et Justine Mintsa, avec pour préfacier Grégoire Biyogo.
Ce dernier le présente d’ailleurs comme étant «tout à la fois ami du livre, féru des lettres, amant de la culture, enseignant-chercheur, citoyen du monde et intellectuel». «C’était un enseignant de grande valeur au Gabon, doublé d’un intellectuel, comme on n’en trouvera pas avant bien longtemps» avait-il déclaré.
La thèse de Fortunat Obiang écrite en France reste l’une des premières de critique littéraire francophone. Il meurt tandis qu’il préparait une Habilitation à diriger la recherche (HDR).
Lors de la cérémonie d’hommage qui lui a été rendue le mardi 27 novembre à l’université Omar-Bongo, qu’il a quitté en 2008 pour cause de stage, les nouvelles et anciennes générations, additionnées aux représentants du ministère de l’Enseignement supérieur, du rectorat conduits par le recteur Pierre Nzinzi, ainsi que ses collègues des faculté, lui ont rendu un vibrant hommage.
Fortunat Obiang Essono laisse derrière lui une famille éplorée, mais aussi de nombreux enseignants qu’il a inspirés et encouragés dans son œuvre.
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3 Commentaires
Hommage mérité à ce grand ami des lettres et du verbe….mais c’est quoi un intellectuel?
L’intellectuel cher ami ne saurait se définir sans un contexte bien précis. Cependant, on tenterait de manière générale de le définir comme une personne amoureuse des oeuvres de l’esprit… Et pour le cas présent, Fortunat Obiang Essono était bel et bien un intellectuel car il forçait l’admiration dans son travail. Et pour la petite histoire, je me suis lancée un défis personnel de me sublimer dans ma carrière d’enseignante au point d’avoir la même aisance pendant un cours a l’image de celui qui fut mon professeur de « critique littéraire en 2e année lettres ». Repose en paix cher enseignant.
je suis profondement afflige sur la montagne du desespoir par le deces de Fortunat OBIANG ESSONO critique litteraire Maitre de conferences a l Universite OMAR BONGO ONDIMBA de Libreville, mon oncle maternel, le prefacier de mes deux recueil de poemes la seve du feuillage ed theles 2008 et la ballade des chuchotis ed Ntsame 2011 Finalement je suis convaincu avec Birago Diop que les morts ne sont pas morts Fortunat OBIANG ESSONO MBA MEGNE n est pas mort Aussi comme disait Sony Lanbou tansi il a ecrit pour etre vivant; il a su qu il mourrai vivant Tous les hommes devraient mourrir vivants Cest si beau
TONTON, comme je t appelais dans nos joutes oratoires ou tu tenais d insister que la science c est la science et la famille c est la famille; ce que d ailleurs je comprenais parfaitement, que la terre de Missele Essandone qui t a vu naitre te soit legere