L’accident ayant entraîné la mort, le week-end dernier, de la compagne de l’ancien directeur général de la CNAMGS, Renaud Allogho, devrait raviver un vieux sujet de la mortalité routière au Gabon : la dangerosité des plots en béton posés aux abords et au milieu des voies à grande vitesse de Libreville. Le pays semble avoir fait le choix de protéger des poteaux d’éclairage public au détriment des vies humaines.

Accident du 30 avril 2021 à Libreville : la voiture en feu et, au premier plan, le plot de béton mortel. © Facebook

 

D’une rare violence, l’accident survenu presqu’en face du siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE) le vendredi 30 avril dernier, a ému l’opinion, suscitant de nombreuses interrogations et commentaires, notamment parce que la principale victime, décédée, est la concubine d’une personnalité publique déjà en pénitence à la prison centrale de Libreville : Renaud Allogho Akoue, ancien directeur général de la CNAMGS.

Protéger les vies humaines ou protéger le matériel ? © Facebook

La voie publique au Gabon protège le matériel, pas les vies humaines

Au-delà de tout ce qui a été dit sur cet accident, notamment tous les commentaires sur la présence d’une femme  »mariée » hors de chez elle en plein couvre-feu ; au-delà de toutes les dissertations sur la vitesse ou sur une erreur du conducteur, une seule et vraie réalité monte à l’évidence qui devrait interpeller tout le monde : la voie publique au Gabon n’est pas faite pour protéger les vies humaines. Elle est conçue pour sauvegarder le matériel.

Selon nos confrères de Gabon Matin, la voiture de Carine Geneviève Mboumba, compagne de Renaud Allogho, a percuté «le poteau du lampadaire et le bloc de béton, qui sépare les deux voies. L’impact de ce choc est tel que la voiture s’est coupée en deux et la jeune fille est morte sur le champ». Il n’y a pourtant à ce niveau pas de réelle séparation entre les deux sens de la voie. Il y a plutôt autour de chaque lampadaire deux plots de béton moulé, vibré et presque indestructibles. Le pays a donc fait le choix de protéger des poteaux d’éclairage public, plutôt que les vies humaines.

Les plots de la mort. © D.R.

Plots en plastique remplis d’eau ou plots en béton moulé ?

Les plots en béton disposés partout sur le réseau routier à grande vitesse de la capitale, ont été moult fois déplorés, dénoncés, critiqués par la presse locale dont Gabonreview. Ce dispositif n’est pas conçu pour amortir les chocs et sauver des vies. Ailleurs dans le monde, du moins là où la vie humaine compte plus que tout, ces plots sont en plastique rigide et remplis d’eau. Le dispositif permet d’amortir les chocs et d’éviter des impacts violents tel que celui noté dans l’accident du vendredi 30 avril dernier en face du CESE.

On peut donc faire autrement. Le Gabon connait bien ces plots de nouvelle génération. Durant le creusage des tranchées pour la pose de la fibre optique à Libreville, les ouvriers et le chantier étaient protégés par des plots en plastique remplis d’eau. Ainsi alourdis, ils peuvent amortir les chocs automobiles sans dégâts importants. On pourrait ainsi éviter bien de morts d’homme, même si l’infrastructure en venait à être abimée. Les plots en béton ne participent en tout cas pas à la protection des usagers de la route.

Le ministère des Transports et la direction du transport terrestre devraient choisir : sauver des vies ou sauver des poteaux électriques. Depuis un moment, sur le front de mer librevillois, sont implantés des armatures de métal, inesthétiques au demeurant, autour des mats d’éclairage public pour les protéger des automobiles… au détriment des vies humaines. On croyait pourtant que l’homme est la plus importante des richesses et qu’il n’a pas de prix.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Milangmissi dit :

    Parfois je me demande objectivement dans quel secteur les bongo ont réussi en 54 ans de gouvernance

  2. matho dit :

    L’Etat, à mon avis devrait assurer ces poteaux afin que les assureurs des automobiles impliquées dans leur destruction se chargent des réparations et/ou remplacement.

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