Forêts communautaires : Quand des exploitants forestiers violent la loi à Fougamou
Les populations de certains villages à la périphérie de Fougamou, dans de la Ngounié, n’approuvent pas les méthodes de certains opérateurs économiques exploitant leurs forêts communautaires. Dans les villages Kouagna et Mamiengué notamment, ils fustigent le non-respect des valeurs mercuriales applicables dans la gestion de leur forêt communautaire.
La tension est à son comble entre les habitants des villages situés près de Fougamou, dans la province de la Ngounié, et certains opérateurs économiques exploitant leurs forêts communautaires. Selon le Code forestier, la forêt communautaire est «une portion du domaine forestier rural affecté à une communauté villageoise en vue de mener des activités ou d’entreprendre des processus dynamiques pour une gestion durable des ressources à partir d’un plan de gestion simplifié». Son exploitation est subordonnée à un plan simplifié d’aménagement durable dit «Plan simple de gestion», et à un ou plusieurs contrats d’approvisionnement passés avec une ou plusieurs sociétés de transformation locale.
Au village Kouagna, les populations sont mécontentes non-respect des valeurs mercuriales applicables dans les forêts communautaires par la Société des Bois de la Ngounié (SBN). Selon loi gabonaise en la matière, les prix doivent être payés en fonction des essences. Or, selon les villageois, la société ne respecterait pas les prix inscrits dans la décision n°000926/MFE/SG/DGF/DFCom fixant les valeurs mercuriales des bois en grumes applicables dans les forêts communautaires. Une situation à l’origine du climat délétère entre SBN et les communautés villageoises, qui menacent de rompre le contrat et procédures juridiques entre les deux parties.
Bras de fer communautés villageoises-exploitants forestiers
Même son de cloche au village Mamiengué, où les communautés villageoises dénoncent le non-respect des valeurs mercuriales applicables. La société Alpha Production y exploite du bois dans la forêt communautaire du village depuis janvier dernier. Les villageois se plaignent d’une ardoise de 8 millions de francs CFA mettant à mal la communauté et l’empêchant d’exécuter ses projets, à l’instar de la construction d’un économat. Suite à cette difficulté, les responsables de l’association Diambu Ga Mangu, chargés de la gestion de la forêt communautaire, ont aussi décidé de ne pas renouveler le contrat s’achevant en janvier 2021.
Ces deux exemples, parmi tant d’autres, ont été mis en lumière par les ONG Conservation Justice et Muyissi Environnement, au cours d’une récente mission de terrain. «L’exploitation est censée être réalisée progressivement et durablement durant 20 ans à travers un Plan de gestion simplifié. Mais une fois que industriels commencent l’exploitation dans ces forêts, ils la développent de manière intensive, généralement en une à deux années au lieu des 20 années prévues légalement. Les Forêts Communautaires ont d’ailleurs des superficies généralement trop faibles pour permettre une exploitation industrielle sur plusieurs années. Au final, après quelques mois voire années d’exploitation, une forêt communautaire est généralement dévastée», a regretté Conservation Justice. Un dossier sur lequel l’administration de Lee White est vivement attendue.
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