Gabon : le Cochef de la Gendarmerie nationale reconnaît les «taxes fictives» imposées par ses hommes
Dans une note adressée aux commandants d’unités et aux officiers, Yves Barassouaga, le commandant en chef de la Gendarmerie nationale, a récemment reconnu que les transporteurs et leurs passagers font l’objet de racket de la part de certains gendarmes sur les routes de Libreville et de l’intérieur du pays, y compris pour les contrôles du test de négativité au Covid-19 devenus selon lui «un moyen d’arnaquer la population».
À l’origine de plusieurs grèves des transporteurs urbains et suburbains ces dernières années, dont une a d’ailleurs été lancée la semaine écoulée par le Syndicat libre des transporteurs terrestres du Gabon (Syltteg), le racket exercé sur les routes par certains gendarmes à Libreville et à l’intérieur du pays a fait l’objet d’une «dénonciation» de la part du commandant en chef de la Gendarmerie nationale, le 15 décembre, à en croire le document abondamment partagé sur les réseaux sociaux, dont l’authenticité a été confirmée par des officiers de ce corps paramilitaire.
Dans cette note qu’il adresse expressément aux commandants d’unités et aux officiers, Yves Barassouaga annonce que tout acte de rançonnage porté à sa connaissance entraînera désormais des sanctions statutaires, y compris pour les services dédiés à la police de la circulation routière dont certains seraient fictifs. Pour le Cochef, l’objectif est d’en finir avec des «attitudes qui ternissent l’image de la Gendarmerie nationale». Il faut dire que ces dernières années, et depuis le début de la crise sanitaire actuelle encore plus, les plaintes des usagers de la route se sont multipliées, dont certaines portent sur le racket exercé par certains militaires.
Alors qu’ils sont «censés les protéger et veiller à la sauvegarde de leur intégrité ainsi que celle de leurs biens, malheureusement, à chaque arrêt, les usagers son soumis au paiement de taxes fictives sous la menace des quittanciers du Trésor public pour ceux qui tentent de résister», reconnaît le Général de brigade Yves Barassouaga qui condamne ces «intimidations».
Le Cochef ne nie pas non plus que, «même le contrôle des tests Covid-19 [sont devenus] un moyen d’arnaquer la population, au lieu d’une interdiction de passage ou d’un simple renvoi vers les centres de dépistage». Espérons dès lors que sa note soit suivie d’effet. D’autant qu’avant lui, d’autres responsables de la Gendarmerie nationale et même le président de la République et les différents ministres de la Défense nationale s’étant succédé ont publiquement décrié ces rackets. Très peu de changements ont été observés par la suite.
1 Commentaire
C’est un phénomène bien connu de ceux qui font la route au Gabon. Il ne suffit pas que le Cochef le dénonce. Il faut qu’il nous dise comment stopper ce phénomène quand le butin obtenu à la suites des rackets remonte jusqu’au chef d’équipe pour ensuite se partager sur des critères arrêtés entre eux. En principe tout le monde dans la chaine est mouillé, les subalternes se sentant protégés par les supérieurs qui restent en retrait en ne viennent jamais au contrôle. Tous ces corps habillés sont pourris et l’uniforme a perdu tout le respect que lui accordaient les populations. Il faut vraiment faire montre de beaucoup d’imagination et de courage pour arrêter ce fléau, tant le mal est profond.
A bon entendeur salut.