50 jours après, quid des actions prioritaires du gouvernement ?
Le 13 octobre dernier, soit quinze jours après sa nomination au «2-Décembre», Emmanuel Issoze-Ngondet annonçait une liste des mesures prioritaires pour les 100 premiers jours de son gouvernement. 50 jours exactement se seront écoulés ce 3 décembre. À mi-parcours de cette échéance, que peut-on dire de la mise en route des actions «immédiates» annoncées ?
Le gouvernement a pris 173 mesures à réaliser en 100 jours, dont 98 «actions immédiates», allant du lancement des consultations pour le dialogue politique à la régularisation des situations administratives des agents publics en suspens.
Sur cette centaine d’«actions immédiates», certaines ont été concrétisées. Notamment, le lancement des consultations en vue du dialogue politique. Le chef du gouvernement a, en effet, déjà reçu les responsables du parti au pouvoir, ainsi que ceux de la majorité présidentielle, notamment le Centre des libéraux réformateurs (CLR), le Parti gabonais du centre indépendant (PGCI) et le Bloc démocratique chrétien (BDC).
Même s’il est encore partiel, le paiement de la dette intérieure a bien débuté. Une quarantaine de responsables de PME sont «passés à la caisse» depuis la semaine dernière, et le ministre de l’Économie, de la Prospective et de la Programmation du développement a signé un moratoire avec le patronat pour l’apurement des arriérés de la dette intérieure. De même, l’inauguration de l’espace PME, inscrite, elle aussi comme action immédiate, a été réalisée en présence du Premier ministre et des ministres Biendi Maganga Moussavou (Promotion des PME et Entrepreunariat national) et Madeleine Berre (Promotion des Investissements privés, Tourisme, Commerce et Industrie).
50 jours après de nombreux ministères restent à la traine
En revanche, un très grand nombre de départements ministériels restent à la traine quant à la matérialisation des actions annoncées comme immédiates. Figurent, entre autres, parmi ces départements ministériels, celui de l’Economie numérique, de la Communication, de la Culture et des Arts ; le ministère de l’Eau et de l’Énergie ; le ministère des Infrastructures, des Travaux Publics et de l’Aménagement du Territoire ; le ministère chargé du Tourisme ; le ministère des Transports ; le ministère de l’Économie forestière et celui de la Fonction publique. 50 jours après leur énoncé, plusieurs mesures économiques et sociales n’ont pas connu un début de commencement dans ces administrations.
C’est le cas du lancement de programme 1 étudiant = 1 ordinateur, de l’installation des émetteurs-récepteurs sur l’ensemble du territoire national et de la préparation des connexions haut débit sur les quatre villes qui accueilleront la Can 2017, ainsi que de la réhabilitation du cinéma Le Komo pour sa transformation en espace culturel, du lancement de la 1ère édition des Nuits Bantou, de la finalisation de la réglementation sur les droits d’auteur et la fixation des quotas de production gabonaise de diffusion des heures musicales sur les médias publics. C’est le cas également, en ce qui concerne l’Eau et l’Énergie, du règlement des arriérés dus à la SEEG, du lancement du plan d’urgence eau potable de la commune de Lambaréné, du renforcement et de l’extension de l’eau potable dans la zone d’Akournam, du lancement des travaux d’extension d’eau potable dans la zone Angondjé-Cap Esterias, et du lancement des travaux d’adduction d’eau potable de Bakoumba dans le Haut-Ogooué.
Infrastructures : un secteur sinistré ?
Au titre des Infrastructures et des Travaux publics, on n’a vu, dans les actions dites immédiates, ni la livraison de la route Forasol-Mbéga, ni la livraison des routes et ouvrages suivants : Mouila-Ndendé (71,5 km), Loubomo-Mougagara (52 km), le pont sur la rivière Boumé-Boumé, ni les travaux de terrassement avant bitumage des 30 derniers kilomètres de l’axe Ndendé-Tchibanga, ni la livraison de 400 logements sur les 1100 prévus à Bikélé (Estuaire) dans le cadre du Programme April.
Concernant le Tourisme, quid de l’organisation de l’offre touristique dans les quatre provinces devant abriter la Can ? Sur le département du Transport, on n’a vu ni le commencement de la «gabonisation» de la profession de chauffeur de taxi, ni l’amélioration du transport collectif des élèves et des travailleurs. Quant à l’Économie forestière et la Pêche, où en sont la mise en place de la Bourse du Bois, l’opérationnalisation du guide d’application de l’arrêté 105 relatif au modèle de cahiers de charges contractuelles, l’actualisation de la carte forestière, l’indemnisation des populations victimes des dévastations de cultures (conflit homme-faune) ? De même, où en est la pose de clôtures électriques dans les zones où les incursions des pachydermes sont fréquentes, l’aboutissement du projet d’appui à la gestion durable des mangroves visant à assurer la protection des écosystèmes aquatiques et le lancement d’études spécifiques d’évaluation des milieux aquatiques en vue de la contribution du secteur au PIB ? Pour ce qui est de la Fonction publique, on ne note aucune avancée sur la régularisation des situations administratives des agents publics en suspens.
Mais ces ministères ne sont pas les seuls à la traine, d’autres étant dans la même situation. Le ministère de l’Economie n’a pas su mener, pour le moment tout au moins, le redressement du groupe La Poste et de sa filiale PostBank, ainsi que l’assouplissement de la mesure d’interdiction de l’importation des véhicules d’occasion de plus de trois ans. Quant au ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation technique et professionnelle et de l’Insertion des jeunes, il n’a pas, lors des cinquante premiers jours, comme s’y était engagé le Premier ministre, réussi à finaliser les travaux du lycée technique de Bikélé, à mettre en place une gouvernance-pilote de la réforme de la formation professionnelle, à réhabiliter le Centre multinational de formation en aviation civile de Mvengué, ni à organiser les assises de la Formation professionnelle devant conduire à une réforme du dispositif de formation professionnelle et à la création du Fonds mutuel national pour la Formation professionnelle, ni encore moins à réhabiliter et à équiper le bâtiment de Promogabon. Le ministère de la Santé n’a pas, pour sa part, restructuré l’hôpital psychiatrique de Mélen, ni optimisé la prise en charge des malades mentaux. Il n’a pas non plus élaboré le plan de mise en œuvre du programme de construction des infrastructures sanitaires, ni accéléré la mise en œuvre du Système national d’information sanitaire. Et du ministère de l’Égalité des chances, les populations attendent toujours (jusques à quand ?) la création de l’Observatoire des Inégalités sociales et la présentation du projet de loi portant promotion et protection des droits des femmes et des jeunes et ses décrets d’application. À l’Agriculture, les populations attendent toujours la mise en service de magasins à tarifs modérés, «le juste prix gabonais», l’opérationnalisation des fermes agropastorales et l’accélération du programme Graine dans ses volets domestique et export.
On ne saurait, certes, tirer un bilan avant l’échéance. Mais, le gouvernement aurait gagné à communiquer, à montrer au moins l’impulsion, le démarrage de la grande majorité de ce programme d’un trimestre. En élaborant la liste des actions à mener dans l’immédiat, le gouvernement s’était lui-même refusé une période d’état de grâce. Mais il n’a pas su, à ce jour, relever le défi qu’il s’est lui-même fixé. Les 50 prochains jours établiront s’il aura gagné son pari sur l’ensemble des 173 mesures.
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En 7 sept ans ces gensont été incapable de concrétiser les promesses en réalités. Penser qu’ ils peuvent en 100 jours faire ce qu’ ils ont dit relève du rêve.
Ce sont des incapables a l’image de leur chef suprême.
En cinquante ans, et avec des recettes sur abondantes…
Le prix du kg de poisson ?
La rentrée scolaire et universitaire?
Avec ces gens qui sont au pouvoir, c’est toujours les effets d’annonce et la cacophonie. Aller demander au Ministre de l’Économie et au Ministre du Budget, s’ils croient eux-mêmes à la concrétisation dans les délais des mesures annoncées.
Le problème dans ce pays est que même les journalistes ont PEUR de poser les bonnes questions aux gouvernants. DOMMAGE
cacophonie ou francophonie ?
Qui trop embrasse, mal étreint
Tout ceci ce sont des effets d’annocent pour berner les gaboanis. Tres belles initiatives mais manque de realisme.
Bel article bien documenté, mais Gérald Mounomby a oublié de dire simplement que les 50 premiers jours sont négatifs !