Au Gabon, le groupe hôtelier Wali Hotels & Resorts, dans la foulée de sa création, achetait à l’État gabonais trois prestigieux hôtels dont deux à Libreville : le Radisson Blu et le Ré-Ndama pour un montant de 26 milliards. D’où sortait cet argent ? Pour y répondre, le ministère du Tourisme a lancé un audit du parc hôtelier du pays. Si les noms Bongo valentin et Oceni Ossa, actuellement sous les projecteurs de l’actualité, sont cités, l’affaire remonterait à 2012 alors que planait encore l’ombre de Maixent Accrombessi avant celle de Brice Laccruche.

Pascal Ogowe Siffon et sa suite. © Min Tourisme

 

Wali Hotels & Resorts. La seule évocation de ce nom est suffisante pour rappeler des souvenirs assez tristes mais surtout les critiques nés de la vente de trois prestigieux établissements hôteliers du Gabon dont le Radisson Blu et le Ré-Ndama. Lancé en 2011 par un groupe d’investisseurs privés locaux, qui à cette époque préféraient l’anonymat, le groupe hôtelier entendait prendre le contrôle du parc hôtelier public gabonais qui faisait alors face à d’importantes difficultés structurelles et financières. Une ambition noble pour relancer le secteur touristique du pays mais vite étouffée par des intrigues, suspicions et scandales.

Vue du Radisson Blu et du Ré-Ndama (en décrépitude). © Min Tourisme

Dans la foulée de sa création et conformément à ses ambitions, Wali Hotels & Resorts achetait pour ainsi dire à l’État gabonais, l’Okoumé palace (Radisson Blu) pour environ 12 milliards de francs CFA. En 2012, le groupe obtenait, toujours de l’État gabonais, l’hôtel Ré-Ndama pour environ 13 milliards de francs CFA. Pendant que certaines indiscrétions soupçonnaient le directeur de cabinet d’Ali Bongo, Maixent Accrombessi, d’être le chef d’orchestre, le groupe était accusé de dépouiller l’État de son patrimoine en complicité avec le groupe BGFIBank Gabon qui traitait la vente des hôtels. BGFIBank Gabon avait alors pour directeur général, Brice Laccruche Alihanga.

Polémique ravivée

Alors que l’opinion s’interrogeait sur les patrons du mystérieux groupe hôtelier et sur la provenance de leurs fonds, dans les salons feutrés il se susurrait que celui qui deviendra, plus tard, le directeur de cabinet d’Ali Bongo, était le président-directeur général (PDG) de Wali Hotels & Resorts à Libreville. Il aurait signé avec le PDG de Rezidor, un groupe hôtelier, l’accord pour le passage sous pavillon Rezidor de l’Okoumé palace après son rachat à l’État gabonais. En 2019, Wali Hotels & Resorts réaffirmait ses ambitions dans le pays en se disant toujours aussi intéressé «par la reprise du parc hôtelier de l’État». La controverse autour de ses premières acquisitions dans le pays était latente au fort du règne du «tout-puissant dircab» : Maixent Accrombessi.

Aujourd’hui, cette controverse refait surface avec force et vigueur, tant de nouveaux noms sont cités dans l’affaire et les questions autour de la provenance des fonds, intacts. Le 24 octobre, avec en objet, un état des lieux sur les situations patrimoniales et juridiques, le ministre du Tourisme de la transition se rendait dans trois établissements hôteliers censés appartenir à l’État (au-delà des rachats) : Ré-Ndama, Rapotchombo et Radisson Blu. Pascal Ogowe Siffon dit avoir constaté que le Radisson est «en contrat de partage avec une société qui est propriétaire des lieux». L’une des découvertes de la transition ?

Début d’une nouvelle saga ?

«Les informations reçues par tous les services qui ont été mis en mouvement, nous précisent que ces hôtels, avec titres fonciers à l’appui, appartiennent à la société Wali Hotels dont le président directeur général est monsieur Océni Ossa Abdul, au même titre qu’une certaine Bolard épouse Bongo Valentin [dans le réel épouse de Nourredin Bongo, fils d’Ali Bongo] et un certain Ratanga Cédric», a affirmé le ministre. La seule évocation des noms liés à la «Young Team» a suffit pour susciter l’émoi et amener Geoffroy Foumboula, acteur de la société civile et parlementaire de la transition, à résumer le scénario actuel en ces termes : «Wali Resort a été créé en 2011 par les Accrombessi boys. Après sa chute, la gestion a été reprise par les Bla boys et ensuite, après sa chute, par la Young team».

Une affaire qui pourrait avoir survécu à la guerre des clans dans le pays et qui selon l’acteur de la société civile est révélatrice de la stratégie de ces collaborateurs d’Ali Bongo en vue de dépouiller le Gabon de son patrimoine. Stratégie, croit-il savoir, se fondant sur trois axes : simuler une faillite de nos entreprises publiques, créer une entreprise sous leur contrôle comme repreneur et racheter les présumées entreprises en faillite par les entreprises qu’ils ont été créées. «L’État est en droit de vérifier les montants qui ont permis d’acquérir ces biens. On parle quand-même d’un montant de 26 milliards de francs CFA», a déclaré Pascal Ogowe Siffon. Le début d’une saga qui pourrait à nouveau incriminer BLA ?

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Akoma Mba dit :

    Et Akoma Mba avait raison. Comment a-t-on pu faire sortir de prison Laccruche Alihanga quand tout le Gabon sait qu’il est aussi voyou et détourneur que les Bongo Family, Acrombessi et la dulcinée de Sans-Famille, Silvia Bongo? Et le comble de la sottise, il a le culot de donner des interviews en jouant à la victime.

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