1er mai : Tout en craintes et attentes, le Manifeste kilométrique des travailleurs gabonais
Sous le thème «Le dialogue social permanent : Une garantie pour un travail décent et une stabilité économique», la 137e édition de la fête du travail a été commémorée ce 1er mai au Gabon. Occasion pour les travailleurs d’égrener leurs principales préoccupations à travers un manifeste remis pour l’occasion au chef du gouvernement, Alain Claude Bilie-By-Nze. Entre craintes et attentes, ils l’ont d’ailleurs invité à prendre, maintenant, des décisions courageuses et bénéfiques pour les travailleurs et le pays.
Au Gabon où la fête du travail a été célébrée ce 1er mai sous le thème «Le dialogue social permanent : Une garantie pour un travail décent et une stabilité économique», les travailleurs par leur représentant Jean Claude Bekale, secrétaire général de la CGSL, ont estimé que ce thème cadre bien avec leurs attentes. Le thème permet en effet d’examiner, à la lumière des faits réels, la problématique du travail décent et du dialogue social dans le pays. Jean Claude Bekale lisait pour ainsi dire, un manifeste contenant les grandes préoccupations et attentes des travailleurs. Entre éboulements de terrain au Pk7, déraillements récurrents de trains, accidents meurtriers sur les routes et naufrage du bateau Esther Miracle, les syndicalistes estiment que cette fête «se déroule dans un contexte particulièrement préoccupant».
Les Gabonais la peur au ventre ?
A la clé, un climat général de résignation et de désespoir soutenu par des populations doutant de la capacité des pouvoirs à assurer leur sécurité et leur bien-être. «Ces citoyens ont peur !», a alerté jean Claude Bekale selon qui cette peur se lit sur les lieux de travail à travers la violation des droits par certains employeurs véreux et obnubilés par le profit ; le spectre du règne de l’insécurité ; la hantise des voyages à cause des conditions de sécurité. «Les Gabonais ont désormais peur de tout et doutent de tout. Ils attendent la concrétisation des mesures fortes annoncées par vous monsieur le Premier ministre lors de votre déclaration de politique générale», a-t-il déclaré signalant que la guerre en Ukraine et le Covid-19 continue d’impacter le panier de la ménagère par l’inflation qui en découle.
Dans leur manifeste, les travailleurs dénoncent le fait que le chômage demeure à un niveau jugé inacceptable ; que les emplois précaires remplacent les emplois stables ; que le recours à la main d’œuvre occasionnelle devienne systématique. D’où, l’invite au gouvernement à œuvrer pour une croissance économique plus forte et plus inclusive, gage du travail décent à côté duquel, devrait être développé un cadre du dialogue social permanent pour promouvoir de meilleures conditions de vie et de travail ainsi qu’une plus grande justice sociale. «Nous avons la faiblesse de croire que le gouvernement gagnerait, sous votre magistère, à mettre en place un Conseil national du dialogue Social (CNDS) qui par ses missions, apparait comme l’un des organes majeurs de promotion du dialogue social», a dit Jean Claude Bekale au chef du gouvernement.
La concertation de la société civile vivement attendue
S’il a regretté que les syndicats qui fédèrent une franche importante de la population, soient relégués au second plan au profit des politiques, il a souligné que les organisations syndicales attendent la concertation de la société civile annoncée par le président Ali Bongo. Dans sa démarche, il a clairement partagé quelques préoccupations des travailleurs qui attendent des réponses urgentes et appropriées. Notamment, à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) avec l’attente des résultats des réformes menées par l’administrateur provisoire, tant au regard de son rôle social il est urgent qu’elle retrouve son équilibre financier ; la législation du travail avec l’attente des textes réglementaires qui définissent les modalités d’application de certaines dispositions du code du travail en vigueur depuis novembre 2021.
Qui des attentes urgentes ?
«Les organisations syndicales vous informent qu’elles dénonceront le tronc commun des conventions collectives en vue de sa révision pour l’adapter aux nouveaux contextes juridique et socio-professionnel», a dit Jean Claude Bekale au Premier ministre avant de dénoncer l’utilisation abusive de la main d’œuvre étrangère par certaines multinationales et sous-traitants en violation des articles 137 et 140 du code du travail ; l’exploitation des nationaux «utilisés comme des bêtes de somme et payés en monnaie de singe» tout en demandant l’alignement du SMIG au revenu minimum mensuel (RMM) et la construction d’une bourse du travail ; l’arrimage de la pension retraite au nouveau système de rémunération.
Accusant le gouvernement de maintenir les fonctionnaires dans la précarité, les travailleurs ont demandé la reprise des régularisations de toutes les situations administratives en attente ; l’organisation des concours de perfectionnement et formation au bénéfice des agents et jeunes en quête d’un premier emploi ; le paiement des rappels solde ; le paiement des services rendus ; la révision du statut général de la Fonction publique et des textes y relatifs afin de les adapter aux différentes reformes implémentées et au nouveau contexte socioprofessionnel ; l’implication directe et à des niveaux élevés des représentants des agents publics dans la vie et la gestion de la CNAMGS et de la CPPF, organismes qui leur sont dédiés dans les prestations sociales et les soins de santé.
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