Yannick Jadot qui était poursuivi par le président Ali Bongo Ondimba, pour avoir dit qu’il était un «dictateur», a été relaxé le 16 février par le tribunal correctionnel de Paris. Le procès a plutôt poussé à en rajouter sur le président gabonais.

Yannick Jadot lors d'un meeting d'Europe Écologie-Les Verts

Attaqué en diffamation et injure par Ali Bongo, président du Gabon, Yannick Jadot, l’ancien porte-parole d’Eva Joly, la candidate d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle française, a été relaxé ce jeudi 16 février par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Patrick Maisonneuve et Georges Arama, les avocats d’Ali Bongo soutenaient, à travers un communiqué publié le 24 juillet 2011, que «le fait d’affirmer, comme le fait Yannick Jadot que Monsieur Ali Bongo serait « un dictateur » et que l’on pourrait lui imputer des « massacres contre son peuple » constitue une injure et une diffamation d’une gravité majeure». Ils ont malheureusement été déboutés.

Les échanges durant l’audience

L’ex-porte-parole d’Eva Joly a réaffirmé devant le tribunal «Quand on est élu dans une élection contestée, que quelques jours après il y a une répression violente des manifestations, quand la presse ne peut fonctionner librement (…), quand des opposants sont harcelés, ça s’appelle selon moi une dictature (…) Il y a des institutions au Gabon, une constitution (…) mais tout ça est encadré, contrôlé par le clan d’Ali Bongo (…) Je ne compare pas Ali Bongo à Hitler ou Pol Pot, mais quand on a contrôlé ou opprimé la liberté démocratique, on peut utiliser ce qualificatif», a déclaré Yannick Jadot.

«Je ne crois pas qu’on puisse le qualifier de dictateur depuis qu’il est président de la République », a rétorqué l’avocat d’Ali Bongo, Me Patrick Maisonneuve qui a appelé le prévenu à le distinguer de son père, Omar Bongo, mort en juin 2009. « Rien ne nous permet aujourd’hui de le qualifier ainsi », a plaidé Me Patrick Maisonneuve avant d’ajouter : « Les critiques ont fusé bien souvent, mais le qualifier de dictateur, non sûrement pas.» Quand « on lui a imputé les massacres de son propre peuple, (…) nous avons estimé que la ligne avait été clairement franchie », a conclu l’avocat avant de réclamer un euro symbolique.

Le député vert a bénéficié du témoignage de l’Abbé Bruno Ondo Minsta, prêtre gabonais, spécialiste en droits de l’homme et actions humanitaires, fondateur de l’Association Printemps du quart-monde  et ancien président de la Fraternité sacerdotale du Gabon. Vivant dorénavant à Paris,  celui-ci a déclaré dans un communiqué conjoint avec M. Jadot : «Ce procès m’a permis de décrire au sein des institutions de la justice française les horreurs vécues par le peuple gabonais et de dénoncer les confiscations des outils démocratiques. Je voudrais d’ailleurs rendre hommage à ces victimes mortes à Port-Gentil dans le silence notoire de la communauté internationale. Les multiples exactions qui sont faites au peuple aujourd’hui, les destructions de plus de 100 logements de Gabonais sans être relogés, les salaires de 500 fonctionnaires non payés car ils se sont opposés au régime, la suppression des bourses des étudiants de façon injustifiée, la suppression des médias proche de l’opposition, la répression des leaders de la société civile, l’abstention de près de 90% de la population aux dernières élections législatives …  autant de faits qui prouvent que la dictature est bien réelle au Gabon.»

Verdict de la Cour et commentaire du prévenu

Le jugement rendu par le tribunal correctionnel de Paris reconnait que la partie civile ait pu «s’estimer blessée» par les propos litigieux. Pour les juges,  l’expression «des dictateurs comme Ali Bongo» n’est pas à considérer comme «une injure, mais un jugement de valeur porté plus sur la nature d’un régime politique que sur un homme, dont la formulation ne dépasse pas les limites de la liberté d’expression dont doit pouvoir bénéficier, dans une société démocratique, un homme politique exprimant (…) son opinion sur l’exercice du pouvoir par un autre homme politique».

Sitôt relaxé, Yannick Jadot qui est député européen pour le compte d’Europe Écologie, a réagi à travers le communiqué sus cité, soutenant que «Par ce procès en diffamation, Ali Bongo tentait d’acquérir un brevet de vertu grâce à la justice française.  Il a cherché à convaincre l’opinion publique internationale et l’opinion publique gabonaise que, malgré les violations constantes de toutes les libertés et la prédation organisée, il prétendait être un démocrate éclairé, et non pas  un dictateur. On peut espérer que cette décision va stopper les tentatives d’intimidation du pouvoir Bongo contre celles et ceux qui, parfois au péril de leur personne, dénoncent la réalité politique à laquelle sont confrontés les Gabonais.»

Le procès contre Yannick Jadot remonte à ce qu’il avait dit, suite à la polémique provoqué par Eva Joly, qui avait affirmé son souhait de remplacer le défilé militaire du 14 Juillet par un défilé citoyen, «Quand on ferme les yeux une seconde et qu’on imagine un défilé militaire dans un autre pays, on pense immédiatement à une dictature». Selon le porte-parole de la candidate écologiste, les défilés de 2008 et 2009 se sont faits «devant Bachar al-Assad, ou devant des dictateurs africains comme Ali Bongo. Faire défiler nos armées devant des personnes qui massacrent leurs peuples, ce n’est pas un signal très positif envoyé à la République».

Ali Bongo, qui laisse tant de choses aussi invraisemblables et grotesque s’écrire sur lui dans la presse gabonaise, avait-il vraiment besoin de ce procès ? Un coup d’épée dans l’eau.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Priscilla dit :

    Et oui, ce proces s’est retourne contre eux lui(Ali)-meme.Pour se venger, Ali et ses sbyres se dechainent sur le simple concitoyen Mike Jocktane. Il save que la justice qu Gabon est a leur ordres. Quelle pitie !

  2. La Gabaonaise dit :

    Ou est la liberte d’expression…?

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