Evoquant une «crise profonde du régime en place», Jean de Dieu Moukagni-Iwangou en appelle à la mobilisation de tous les Gabonais pour sauver le pays.

Jean de Dieu Moukagni-Iwangou. © D.R.
Jean de Dieu Moukagni-Iwangou. © D.R.

 
Parce que les usages politiques invitent ses acteurs à prendre date avec l’histoire, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou a choisi la ville de Port-Gentil pour s’exprimer sur la situation du pays et inviter les à la mobilisation général. L’Appel de Port-Gentil est «une invitation faite au-delà des clivages politiques à chaque citoyen, d’avoir à se mobiliser pour sauver le Gabon», a-t-il lancé.
Pour celui qui se définit toujours comme président de l’Union du peuple gabonais (UPG), le climat politique né des auditions et enquêtes liées aux malversations financières supposées dans le cadre des fêtes tournantes prouve que «ce régime est parvenu au bout de son processus». Car, a-t-il expliqué, cette série d’auditions «ouvre d’abord et avant tout, le véritable procès du régime de la Rénovation, qui étale de la manière la plus emblématique à la face du monde, un instantané saisissant du mal développement infligé à notre pays depuis plus de 50 ans aujourd’hui». Tout ceci «n’est que le premier épisode d’une mauvaise série qui va opposer les amis du père à ceux du fils », a-t-il jugé, poursuivant : «La recherche de la vérité ne peut en aucun cas être blâmable, de la même manière, nous avons la faiblesse de penser que la production de la vérité, de toute la vérité et rien que la vérité, ne peut se suffire d’une simple menace».
Feignant de ne pas percevoir les lignes de démarcation apparues depuis 2009 et s’efforçant de faire apparaître les anciens barons PDG passés à l’opposition comme des tenants du système en place, il a renvoyé dos-à-dos Ali Bongo et Jean Eyéghé Ndong: «Lorsqu’au nom de leur gestion du pays, les premiers responsables d’un régime menacent de faire imploser la République, en exposant simplement la vérité des faits, il n’y a rien à dire, le régime en place est en crise profonde». Une pierre dans le jardin de l’ancien Premier ministre qui, mis en cause pour une somme globale de 98 milliards et 300 millions de francs, avait menacé de «délier sa langue et de faire exploser la République», quelques jours avant. «Le devoir de vérité, me commande de vous inviter à rendre compte de votre gestion, pour le triomphe du droit, parce que je ne doute pas de votre probité», a lancé Jean de Dieu Moukagni-Iwangou à l’endroit du vice-président de l’Union Nationale.
S’il félicite Ali Bongo pour son engagement pour la vérité, il s’est cependant interrogé sur l’indépendance de la justice. «Depuis l’an 2002, la Cour des comptes qui est dirigée par le même président a attendu que (le président de la République donne) le ton pour qu’elle chante la chanson des fêtes tournantes, alors que la loi qui organise son fonctionnement l’autorise à se saisir d’office et à dire le droit», a-t-il fait remarquer, affirmant par ailleurs que «la position de la justice gabonaise, si diligente sur le dossier des fêtes tournantes et si muette sur le dossier des biens mal acquis dont elle peut valablement se saisir d’office, est du plus mauvais effet sur l’image du pays tout entier». Car, a-t-il dit, «l’égalité des citoyens, de tous les citoyens devant la loi, selon qu’elle punit ou qu’elle protège, postule que chaque gabonais soit, d’abord et avant tout, à égalité avec le Chef de l’état devant toutes les procédures officielles». Or, relève-t-il, dans la pratique, Ali Bongo n’est à égalité avec aucun Gabonais, aussi bien devant l’élection, le contentieux électoral que devant les juridictions judiciaires, administratives et financières.
Par ailleurs, le leader de l’UPG a évoqué deux faits d’actualité, dont le premier pose un problème de santé publique. «Face au virus Ebola, nos autorités continuent d’affirmer que nous avons mis en place toutes les mesures préventives, alors que la première de ces mesures consiste à faire fonctionner les hôpitaux et à faire travailler les personnels du secteur de la santé. Avec une grève du secteur de la santé pour laquelle il ne semble pas avoir de solution, le régime en place adopte une posture des plus intrigantes, lorsque l’on sait que notre pays est un foyer dormant de ce virus», a-t-il déploré. Le second fait, quant à lui, porte sur la pauvreté endémique au Gabon, dont la solution a été proposée à travers un Pacte social au sujet duquel Moukagni-Iwangou a ironisé : «A propos du Pacte social, j’ai peine à comprendre qu’il est des personnes pour croire qu’il suffit de s’enfermer au centre du pouvoir politique, dans le délice des joutes oratoires, pour régler la pauvreté qui sévit à la périphérie, dans les foyers des gabonais. Je demande à comprendre».
 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. LAAM dit :

    Mr MOUKAGNI IWANGOU fait bien de poser la question quant aux biens mal acquis.

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