Après la grogne des agents, le gouvernement entend orienter l’attention de la Cour des comptes sur la gestion des deniers publics à l’Université Omar Bongo.

Aristide Etoua Nteme, leadeur du syndicat des agents et personnels de l’UOB, le 13 février 2017 à Libreville. © Gabonreview

 

La Cour des comptes devrait, dans les prochaines semaines, se pencher sur la gestion de l’argent public à l’Université Omar Bongo. C’est du moins la promesse faite par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Denise Mekam’ne, au cours de sa rencontre avec le personnel de cette structure, le vendredi 10 février. Pour les agents de l’UOB, cet audit devrait permettre de comprendre pourquoi la situation de l’Université tend à s’empirer, depuis ces dernières années. «Cette enquête devrait, par exemple, servir à faire la lumière sur le paiement des primes des responsables administratifs de l’UOB, dont le montant n’est fixé ni par un décret ni par un arrêté, quand bien même la loi stipule que la prime de rendement ne saurait dépasser le tiers du solde de base.» C’est le souhait du leadeur du syndicat des agents et personnels de l’UOB, Aristide Etoua Nteme, qui se doute que «certains [au sein de la haute administration de l’Université, grâce à leur prime de rendement] touchent jusqu’à quatre fois leur salaire de base». Et si ce dernier assure ne pas viser le recteur Marc Louis Ropivia, il n’en soutient pas moins que «les preuves sont là», et qu’«il suffit simplement que la Cour des comptes saisisse les documents de l’agent comptable et les confronte avec les documents [en leur possession], pour voir les modifications que les autorités rectorales pourraient être amenées à effectuer».

Si les agents de l’UOB disent avoir apprécié la célérité de Denise Mekam’ne, c’est qu’ils croient que l’audit de la Cour des comptes permettra également de faire la lumière sur les «détournements» des fonds observé au sein de l’UOB depuis plusieurs années.

Aristide Etoua Nteme dénonce le fait que les fonds propres de l’Université – aujourd’hui estimés à environ 3 milliards de francs – soient utilisés pour les voyages de certains enseignants ou chercheurs. «Nous considérons qu’il y a détournement quand l’argent ne sert pas à sa cause initiale mais pour une autre. Aussi, ne comprenons-nous pas qu’à chaque fois qu’un enseignant est invité hors du pays, ce soit l’argent de l’UOB qui est utilisé plutôt que celui l’université qui l’invite», s’interroge le syndicaliste.  Peu de personnes, selon lui, sont exemptes de reproche. «Chacun trempe sa main quelque part» ironise-t-il, avouant que ses deux collègues interpelés il y a quelques jours, «ont été pris la main dans le pot de confiture, en procédant à des inscriptions frauduleuses».

L’audit de la Cour des comptes, espèrent les agents, pourrait enfin déterminer l’ampleur des «magouilles» orchestrées par certains responsables administratifs, notamment dans le cadre de l’octroi des marchés publics. Aristide Etoua Nteme, soupçonne que l’octroi de certains marchés n’a pas toujours respecté les normes. Les autorités rectorales auraient attribué des chantiers «au faciès» pour toucher des «retro commissions».

C’est le cas, par exemple, des marchés sur la réfection des bâtiments, l’organisation des cérémonies officielles ou l’aménagement et l’entretien des espaces vert. Pour le syndicaliste, «l’UOB n’est pas une référence en termes de non-corruption».

 

 
GR
 

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