Parfois présentées sous une apparence journalistique et portées par l’essor spectaculaire des réseaux sociaux, les fakes news, ces fausses informations au contenu délibérément inexact, visent notamment l’intoxication à visée politique, le canular, la déstabilisation ou la décrédibilisation. Coprésident de la Citizen meet-up, se présentant comme un leader d’opinion et influenceur des réseaux sociaux, Jo Dioumy Moubassango aborde la question dans le contexte gabonais, le phénomène des fakes news ayant d’autres contours ailleurs dans le monde, notamment aux USA où il s’est invité dans la dernière élection présidentielle.

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Jo Dioumy Moubassango, jeune leader Africain YALI 2012. Leader d’opinion et Co-président de la Citizen meet-up. Influenceur des réseaux sociaux. © Gabonreview

Le phénomène des Fake news s’impose naturellement à nous dans le débat public et devient une préoccupation et un danger, agissant comme un virus dans notre société. Notre pays le Gabon est considéré dans la sous-région comme un pays assez bien interconnecté et naturellement, avec le nombre de sites internet, l’accès aux réseaux sociaux et la rapidité avec laquelle nous recevons l’information, nous sommes plus que jamais exposés au phénomène des Fake news. Avant que je ne vous livre mon analyse sur le sujet en partant de mon expérience personnelle, définissons d’abord ce qu’est une Fake news. Il s’agit une fausse information, généralement diffusée à la vitesse du son sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook.

Le pourquoi des Fake news

Les nouvelles technologies de l’information ont complètement transformé notre société. La rapidité avec laquelle nous pouvons recevoir des informations et les diffuser pour toucher le plus grand nombre des gens est impressionnante. La fake news est utilisée soit pour brouiller un vrai message, soit pour brouiller la crédibilité d’un homme ou d’une femme politique ou tout autre individu. Elle (fake news) est souvent générée par nos adversaires politiques mais aussi par nos amis politiques qui n’ont aucun intérêt à nous voir avancer. Cette méthode a pris de l’ampleur dans notre pays 2 ans avant l’élection présidentielle de 2016. L’enjeu de cette présidentielle a fait que les acteurs politiques étaient prêts à tout, pour prendre de l’avance ou arrêter la progression d’un adversaire. Je m’abstiendrai de prendre des exemples de Fake news dans la politique gabonaise pour que mon analyse ne soit pas jugée partisane du fait de mes convictions politiques. Chacun prendra l’exemple qu’il voudra en fonction des réalités vécues dans ce domaine.

L’impact dans votre quotidien

Bien qu’agissant dans le monde virtuel, les conséquences des fake news sont bien réelles. Une fake news ruine une intégrité morale, une notoriété politique ou même religieuse, que vous avez construite si chèrement. Les exemples de Fake news explosives sont légion. On peut vous accuser des faits suivants : « Détournement d’argent dans votre administration alors que vous n’avez jamais géré aucun budget », ou « Connivence avec l’ennemi vous faisant passer pour une taupe, alors que vous ne connaissez personne du camp d’en face », ou encore « Entretenir une relation intime avec une femme mariée que vous ne connaissez même pas ». Le problème avec ces fausses nouvelles (Fake news), est qu’elles tombent dans un contexte d’intoxication généralisée de l’information, où les Gabonais sont friands de sensations fortes et de petites rumeurs folles. Elles sont souvent diffusées par vos détracteurs sous le feu de l’action, si bien que les récepteurs de ces fausses informations ne prendront jamais le temps de la vérification. Et comme les victimes des fake news sont souvent des personnes de pouvoir, populaires, riches ou supposées l’être, la fake news se répand immédiatement comme une trainée de poudre. Le but est de vous dissuader et de vous détourner de l’action réelle et positive que vous menez.

Le côté viral de la Fake news

Une fausse information diffusée sur un faux compte Facebook, est reprise et partagée dans les groupes Facebook et WhatsApp. Ou que vous soyez et quoi que vous fassiez, la Fake news vous parviendra par les réseaux sociaux ou par un ami qui l’a lue. Votre réputation sera immédiatement endommagée, vos parents et amis aussitôt affectés et si vous n’êtes pas fort, vous serez paralysé moralement et dégouté de tout. Le plus dangereux est que même votre employeur, se fera une idée de vous, en se référant à la Fake news sans savoir que vous êtes simplement une victime. Cela est dû au fait que les personnes âgées ne sont pas généralement présentes sur les réseaux sociaux et ne comprennent pas grand-chose des subtilités d’une Fake news. Ils se laisseront raconter l’histoire de la Fake news par d’autres personnes et se feront une idée de vous immédiatement sans se rendre compte qu’il s’agit d’une fausse information. Cette perception erronée peut avoir des conséquences dommageables dans votre environnement professionnel et même agir sur votre productivité. Personne n’osera vous donner clairement son avis sur la question, vous remarquerez simplement un comportement étrange de vos amis, vos collègues et même de vos supérieurs hiérarchiques.  Un dernier point, ceux qui partagent le plus la Fake news vous concernant, sont le plus souvent vos amis et les personnes qui vous côtoient quotidiennement. Ils utilisent généralement le réseau social WhatsApp.

Comment réagir à la Fake news

Surtout ne suivez pas les conseils de ceux qui vous diront que la meilleure façon de réagir à une campagne de diffamation aussi virale est de ne pas y répondre. C’est simplement ce que je vous déconseille de faire. Aussitôt que vous êtes au courant d’une fausse rumeur à votre sujet, apportez le démenti très rapidement. Si vous ne le faites pas dès les premières heures de diffusion de la Fake news, les gens la tiendront comme vraie. Les réseaux sociaux amplifient les choses tellement vite que vous n’arriverez plus à apporter un démenti, une fois que la Fake news sera devenue virale. Si vous ne voulez pas intervenir vous-même, envoyez quelqu’un qui parlera en votre nom. Mais l’expérience montre que tôt ou tard, vous serez appelé à réagir donc gagnez du temps.

Concrètement que devez-vous faire ?

Vous écrivez un texte de démenti que vous signez de votre nom et vous le diffusez sur Facebook et twitter. Ensuite vous faites une version PDF de ce texte que vous diffuserez sur WhatsApp. Vous attendez deux jours et vous revenez à la charge avec une interview audiovisuelle que vous diffusez sur Facebook, YouTube. Vous choisissez les meilleures parties de cette interview et vous la montez en 2 mn pour une diffusion sur WhatsApp. Cette réaction devrait suffire si vous avez choisi les termes qui conviennent (punchlines). Dans mon propre cas, j’ai été victime d’une Fake news qui disait que le Président de la République m’avait donné 150 millions de F CFA destinés à la jeunesse gabonaise. Évidemment, cette information était fausse. J’ai réagi à cette fake news contre l’avis de mes jeunes conseillers en communication qui insistaient pour que je n’y réponde pas. Ma réaction s’est résumée en un texte, comportant une phrase forte et accessible à tous : « Je n’ai jamais géré de budget, ni avant, ni pendant, ni après l’élection présidentielle ». Ce texte a été partagé plus de 100 fois et 2 jours plus tard, j’ai donné une interview sur la radio Urban FM dans l’émission Dafreshmorning. Cette interview dans une version vidéo de 3 mn, a été relayée sur Facebook et sur WhatsApp. Finalement, après 6 jours, la Fake news est morte de sa plus belle mort.  Voilà mon expérience dans la gestion d’une crise liée à la diffusion d’une fake news.

Ma conclusion

Il faut nécessairement assainir le domaine des réseaux sociaux en y apportant une certaine forme de réglementation sans compromettre la liberté d’expression. Des hommes et des femmes ont été affectés moralement, psychologiquement à cause de l’impact des Fake news. Certains ont même perdu leurs emplois à cause d’une Fake news. En attendant qu’une telle règlementation se mette en place, j’ai pensé faire mon devoir de citoyen gabonais, en vous partageant mon analyse et mon expérience sur la question. Ainsi vous, serez à même de réagir positivement si jamais vous êtes victimes d’une Fake news. Nous devons AGIR MAINTENANT.

Jo Dioumy Moubassango

 Jeune leader Africain YALI 2012. Leader d’opinion et Co-président de la Citizen meet-up. Influenceur des réseaux sociaux.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. diogene dit :

    Propagandiste de métier , pardon influenceur, en bref manipulateur d’opinion, ce monsieur se tire une balle dans le pied en théorisant le fait que les réseaux sociaux dirigeraient le monde.
    Jamais on ne condamne sur des rumeurs mais sur des preuves, même fabriquées comme des résultats électoraux dans le G2.

    S’il a détourné de l’argent de l’état, c’est à la justice qu’il convient de faire appel. Encore faut il une justice fiable, ce qui est loin d’être le cas au Bongoland.
    Rumeurs, médisances ou kongossa se développent particulièrement dans les sociétés fascistes, abattre ces régimes c’est la meilleure méthode pour en finir ou du moins les affaiblir, les décrédibiliser.

  2. Gabriel Bohnn dit :

    Très belle tribune Mais je suis un peu déçu que vous n’ayez pas pris des exemples concrets sur des hommes politiques Gabonais. Je comprends votre soucis de donner de l’objectivité à votre analyse en fonction de vos opinions politiques que nous connaissons tous mais quand il faut y aller il faut le faire. MAis chapeau tout même

  3. Mankwel dit :

    Bon les fakes news n’ont pas commencé avec les réseaux sociaux! le Kongossa a toujours existé dans les sociétés humaines. A l’époque on appelait ça la « Rumeur » qui ne se souvient pas des histoires de notre enfance (années 80-90) avec la vieille femme qui passait de maison en maison et demandait à boire et ceux qui ouvraient leur porte ou la servaient avaient un décès dans les 24 heures ?!
    Bref tout ça pour dire qu’il faut prendre le problème par le bon bout et souligner que les réseaux sociaux permettent juste que les news (fake ou true) se propagent beaucoup plus rapidement qu’avant du coup les autorités sont bien obligés d’être plus vigilantes et plus réactives pour garder le contrôle de l’information publique.
    C’est peut être ça qui motive vraiment l’article de notre ami quand on connaît son bord politique : faire croire que les réseaux sociaux ne sont majoritairement remplis que de fake news surtout celles concernant les politiciens et les personnes publiques.

  4. Lorna dit :

    L’information est submergée par les fake news. Je crois qu’il est désormais plus difficile de trouver la bonne info

  5. Essigang dit :

    Tout ça pour ça! Sans vouloir…on dirait un exposé de classe de 3e.

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