Comme pour donner la réplique à la précédente tribune libre publiée sur nos pages web,  (lire «Y aura-t-il un Ali Bongo d’avant et un Ali Bongo d’après ?»), une lectrice préférant être présentée comme une «simple citoyenne» livre ci-après sa lecture de la toute dernière sortie publique du président Ali Bongo.

© Gabonreview/Shutterstock

 

Les mythologies perse, grec, juive, romaine, chrétienne nous enseignent que le phénix est un oiseau légendaire, doué d’une grande longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître après s’être consumé dans les flammes. Il symbolise ainsi les cycles de mort, de résurrection et de noblesse.

Une analogie peut-être tirée entre le phénix légendaire et le Président Ali Bongo Ondimba, qui à l’aube de l’année 2019 vient de surprendre l’élite et le peuple Gabonais.

En effet, qui l’eût cru ? Après toutes les rumeurs, kongossas, gossips, shibas,… sur la “pseudo mort” du Président de la République Ali Bongo Ondimba, voici que celui-ci, tel “un Phénix qui renaît de ses cendres est réapparu le 31 décembre 2018” à 20H devant les Gabonais dans leurs petits écrans de télévision pour délivrer son discours de voeux à la Nation, une tradition républicaine à laquelle il s’est astreint malgré sa convalescence au Maroc.

Quels constats pouvons-nous faire de cette sortie publique attendue depuis le 23 octobre 2018, de celui qui incarne le Gabon, après une période de blackout autour de sa personne, qui a plongé le pays et les Gabonais dans une période critique dont certains protagonistes internes, surtout, et externes, un peu, ont voulu profiter ?

LA STUPÉFACTION

Dans sa totalité les Gabonais ont vécu ce “retour au devant de la scène politique d’Ali Bongo Ondimba comme un choc émotionnel”. Après avoir entendu tout et n’importe quoi sur son état de santé depuis sa chute de Ryad, le voir s’exprimer à la télévision, certes difficilement à cause des séquelles de la maladie, s’est révélé une “expérience de compassion” pour la plupart des Gabonais.

Cependant, et à cours d’arguments, les spéculations des “chantres de la théorie du complot” continuent à clamer urbi et orbi que ce n’est pas le vrai Ali Bongo Ondimba que l’on a vu le 31 décembre 2018. Pour eux ce serait une vieille photo d’un extrait de discours travaillée sous forme de dessins animés, ou pour d’autres c’est une imitation du discours par un humoriste, etc (sic). C’est dire si le “débat surréaliste” continue chez ces “agitateurs du déni de vérité”. En fait “n’est pas plus aveugle que celui qui ne veut pas ouvrir les yeux et regarder la vérité devant lui et voir un homme touché par la maladie” certes, mais “se battant pour retrouver toutes ses capacités physiques” mais dont la “lucidité intellectuelle ne fait aucun doute” tant son petit sourire en coin à la fin sur son intervention en dit long. Mais au bout du compte son retour au Gabon qu’il a annoncé dans les tout prochains lors de cette expression républicaine apportera la preuve ultime à ceux qui douteraient encore. Même là, il n’est pas sûr de les voir revenir à la raison tant une forme de “mauvaise foi s’est emparée d’une classe d’activistes politiques”.

LE SOULAGEMENT

En revanche, il faut le reconnaitre “la propagande annonçant la mort du Président Ali Bongo Ondimba par ses adversaires internes et externes a été puissamment orchestrée pour faire infléchir la Cour constitutionnelle afin de déclencher l’article 13”, dans le but d’acter la vacance du pouvoir. Heureusement, “les Gabonais ne se sont pas fait prendre aux pièges de manoeuvres politiciennes inapropriées et continuaient à vaquer à leurs occupations” malgré les appels à la confrontation ou au soulèvement du peuple. Ce sur quoi tous les Gabonais sont d’accord, à part une “secte de fanatiques”, l’élection présidentielle de 2016 c’est du passé.

Mieux, les Gabonais en revoyant leur Président de la République, clef de voûte des Institutions, ont ressenti comme un “soulagement face au sentiment d’incertitude qui tendait à gagner le pays”. En effet, le pays qui traverse déjà une période d’austérité du fait de la crise économique et financière n’avait pas besoin de voir s’aggraver sa situation, et donc celles des Gabonais, à cause d’une absence publique prolongée du Chef de l’Etat. La continuité du fonctionnement de l’Etat étant assurée, la démission du gouvernement étant actée par la Haute juridiction, le rituel de sa remise par le Premier ministre au Président de la République sera faite ces jours-ci, l’installation de la 13e législature étant prévu le 11 janvier 2018, un nouveau gouvernement sera annoncé peu après. “Tout est en train progressivement de se remettre en ordre pour attaquer 2019 sur les chapeaux de roues et passer à l’action” avec une “nouvelle équipe gouvernementale à haute performance” pour des résultats concrets pour les Gabonais.

LA CRAINTE

Ceci dit, cette “sortie républicaine du Président Ali Bongo Ondimba n’est pas sans susciter une grande crainte chez ceux que l’on appelle déjà les traitres”. S’il est vrai que la trahison fait partie des jeux de pouvoir et est omniprésente en politique, alors les traitres devraient s’attendre à recevoir le juste châtiment politique car la trahison est une faute grave d’autant plus si elle provient de proches. Mais en expiant leurs fautes peut-être pourront-ils obtenir la clémence du Président de la République ?

Pour échapper au courroux du chef de l’Etat “certains imaginent la théorie du complot pour discréditer les plus proches collaborateurs du Président de la République”, allant jusqu’à “insinuer que le Directeur de cabinet du Président de la République (DCPR) aurait poussé son patron au point de déclencher sa maladie” par un agenda hyper chargé de voyages incessants à travers le monde. C’est vraiment mal connaitre le fonctionnement de l’administration de la Présidence de la République, car “ce n’est pas le DCPR qui fait le planning des voyages diplomatiques du Président de la République” mais bien le ministre des Affaires étrangères en liaison avec le Secrétaire général de la Présidence de la République, qui ce dernier est aussi son Conseiller special diplomatie.

La crainte du retour du patron est tellement forte, qu’à la théorie du complot s’ajouterait maintenant “la théorie de la forteresse assiégée entrainant un tour de vis sécuritaire aveugle et tout azimut des sécurocrates du pays”. S’il est vrai que le zèle est une bonne chose, mais “l’excès de zèle mène toujours au chaos”. En effet, d’aucuns auraient découvert un “commando imaginaire” de réservistes français et le ferait savoir ici et là pour faire couler beaucoup d’encre dans tous les réseaux médias et sociaux. Comme toujours la cible est tout indiquée : le DCPR. Décidément, il a bon dos Brice Laccruche Alihanga. Mais bon, un proverbe de nos villages dit bien que “l’on jette toujours des pierres au manguier qui donne de bons fruits”.

Enfin, à y regarder de près les Gabonais ont découvert, bien au-delà de la maladie, sur leurs petits écrans le 31 décembre 2018 “un Ali Bongo Ondimba différent”. En effet, après une telle expérience médicale que lui-même a qualifié “d’épreuve qu’il a surmonté grâce à Dieu”, Ali Bongo Ondimba, vainqueur du mal et de la mort, a peut-être “découvert le fruit de la conversion du coeur”. Ce “nouvel Ali Bongo Ondimba”, bien que toujours soucieux de l’unité nationale, du vivre ensemble, et du bien-être des Gabonais, aura certainement à coeur une “nouvelle approche de gouvernance du pays”. Le gouvernement qui ne va plus tarder à être annoncé, vu que celui en cours expédie les affaires courantes, va certainement “mettre en exergue cette nouvelle classe politique tant souhaitée par les Gabonais”. Peut-être que les milliers de litanies de prières des Gabonais ont été entendues par le Très-Haut, car le temps de l’Homme n’est pas le Temps de Dieu, et quelque soit la durée de la nuit le jour se lève. Ce retour d’Ali Bongo Ondimba présage-t-il un éclat du jour qui va chasser les ténèbres au Gabon?

Axelle Ledosio

Citoyenne anonyme

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Mboung dit :

    La caste est (juste) prête au pire et à toutes les inventions quand il s’agit de défendre, non pas l’Etat de droit(qu’elle n’a jamais respecté), la République (et sos principes d’égalité des citoyens)ou les Gabonais mais juste son petit régime politique et sa main mise sur tous les pouvoirs qui lui permet d’aspirer l’essentiel des richesses produites et du patrimoine.bofff au bout de 51ans du mm disque on commence à trop le reconnaitre mm en trafiquant les paroles..

  2. CHRISTINE Madeleine dit :

    A FORCE DE TROP ATTENDRE, CE RÉGIME SATANIQUE SE MAINTIENDRA ENCORE POUR 100 ANS. IL FAUT QUE LE PEUPLE RÉAGISSE AU PLUS VITE SVP…

  3. bill ngana dit :

    Prenons les choses comme elles viennent, et évitons autant que faire se peut, de tomber dans le piège de la naïveté et de la surenchère. Même malade, Ali Bongo n’est pas et ne sera pas un citoyen lambda. C’est la plus haute institution de notre pays, chargée de présider à ses destinées. A ce titre, il doit justifier d’une très bonne santé physique et être apte à prendre les bonnes décisions pour notre avenir et notre bonheur à tous. Après être tombé gravement malade il y a quelques semaines à l’étranger, nous avons le devoir, en tant que citoyens, de lui rendre un hommage mérité pour son abnégation et sa volonté de se consacrer au bien-être des Gabonais comme il l’a fait le 23 octobre 2018, jusqu’au seuil de la rupture. Tout Gabonais devrait le féliciter pour ce sacrifice, même si c’est aussi cela l’une des caractéristiques de sa mission. Mais tout citoyen devrait aussi se préoccuper de savoir si, « en vie », il est apte à remplir convenablement ses fonctions. Cette tribune d’une « simple citoyenne » ne semble se focaliser pour s’en réjouir, que sur la preuve de vie apportée par la vidéo de trois minutes. C’est un aspect certes important mais quelque peu subsidiaire lorsque l’on convoque les arguments sur les capacités réelles du Président, qui apparaît aux yeux du simple lecteur que nous sommes, comme considérablement diminué physiquement face aux nécessités que requiert la gestion complexe de la Cité. Et sans aucune intention de jeter de l’huile sur le feu, je pense que le Président, « un être humain comme les autres », gagnerait énormément à mieux récupérer de sa santé dans la paix et la sérénité de son foyer, plutôt que de continuer à ployer quotidiennement sous le poids des soucis de la politique, qui l’ont entraîné dans ce labyrinthe, un dédale sanitaire et d’efforts physiques surhumains, dont la porte de sortie peut demeurer incertaine longtemps encore. Il serait largement gagnant (sa famille aussi), en se soustrayant de ce tohubohu politico-socio-médiatique, capable d’exacerber encore davantage les causes de sa maladie ; le Gabon également…

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