Implicitement visé par la récente sortie de certains députés du Parti démocratique gabonais (PDG), qui l’accusaient de tenir un discours éloigné de la réalité de terrain et en déphasage avec l’esprit du parti, le groupe emmené par Alexandre Barro Chambrier et Michel Menga a rétorqué le week-end écoulé.  

Des membres du groupe «Héritage & Modernité». © Gabonreview

Des membres du groupe «Héritage & Modernité» (archive). © Gabonreview


 
Au Parti démocratique gabonais (PDG), l’heure est désormais à la passe d’armes entre les différents groupes d’élus, particulièrement au sein de l’Assemblée nationale. Si, le 21 octobre dernier, certains députés ont cru utile de réaffirmer publiquement leur soutien au président de la République, accusant une partie de leurs «camarades» de ramer à contre courant et de tenir un discours aux antipodes de la réalité, les mis en cause ont rétorqué le week-end écoulé, en démontrant, dans la forme et le fond, que la déclaration des premiers était «un leurre qui participe de la politique spectacle» et tend à nier les difficultés vécues par les populations.
En effet, plus ou moins explicitement visé par ces députés, parmi lesquels Julien Nkoghe Bekale et André Dieudonné Berre, Héritage et Modernité s’est défendu, le 24 octobre dernier, de tout complot contre le président de la République, non sans dénoncer au passage une initiative «sujette à caution». Pour ce think tank informel du PDG dont les membres se disent victimes d’ostracisme depuis leur déclaration du 27 juin dernier, plutôt qu’un message anonyme publié dans le quotidien L’Union la veille, les députés auraient dû être convoqués par le président du groupe parlementaire ou le secrétaire général du PDG. En conséquence, il accuse les initiateurs de cette déclaration d’avoir «pris la responsabilité de fractionner le parti». «N’en déplaise aux champions de la duplicité, nous avons toujours affirmé notre attachement à la vision du distingué camarade», affirme le groupe frondeur.
En effet, disant n’avoir jamais été à l’origine d’une motion de censure, les parlementaires membres de Héritage et Modernité se disent conscients de ce que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, au regard des réalités vécues par les populations. A leurs yeux, l’«analyse tronquée» et la «mauvaise foi» sont à rechercher du côté de leurs accusateurs, dont la récente déclaration dressait une sorte de bilan élogieux du mandat en cours. «Si le climat politique était aussi bon, comment se fait-il que deux grands dignitaires du parti viennent de démissionner coup sur coup en l’espace de deux semaines, ce qui porte le nombre de démissions dans notre parti à un niveau sans précédant ? Comment expliquer ces grèves à répétition dans l’administration, qui paralysent le service public notamment dans les hôpitaux et les écoles ? Comment faire fi de ces petites et moyennes entreprises qui sont confrontées à de graves difficultés de trésorerie et conduites à licencier massivement quand elles ne mettent pas la clé sous le paillasson ? Comment interpréter ces chantiers visibles dans notre environnement immédiat arrêtés pour faute de financement ?», s’interrogent-ils.
Pour Héritage et Modernité, la déclaration de certains députés PDG, «voulue par des hiérarques à l’ambiguïté connue de tous», est non seulement un déni des réalités, mais a aussi tendance à enfoncer le président de la République, dont la gouvernance est de moins en moins appréciée. «Alors que nous pensions avoir été entendus, parce que le gage d’un dialogue permettant de laver notre «linge sale» en famille se dessinait avec la constitution de ce comité technique de conciliation dont nous attendons toujours les conclusions, les décisions prises ont à contrario consacré les tenants d’un passage en force, et du statu quo», a regretté le groupe dit frondeur, dénonçant «un climat fascisant, porteur de terreur et de germes de la division» et dont le principal effet est de «désorienter les militants et jeter l’opprobre ainsi que le discrédit sur (leur) formation politique». «La déclaration du 27 juin n’est pas le fruit de la réflexion des seuls députés. Elle est également l’œuvre de nombreux cadres qui foisonnent au sein du Parti», précise Héritage et Modernité. Pour ce courant informel du PDG, «la loyauté et la fidélité au président de la République revient d’abord à dénoncer les insuffisances, les abus», et non à cacher ou maquiller la vérité. Une pierre dans le jardin de Paul Biyoghé Mba dont chacun aura reconnu le portrait-robot dans la mise à l’index de «hiérarques à l’ambiguïté connue de tous».
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. aramail dit :

    Garder le cap
    La démocratie devrait s exercer d abord au sein même du parti . Les courants existent ça ne sert à rien de les nier au contraire cela génèrent de nouvelles les idées et d ailleurs pourraient même faire adhérer de nouveaux militants.Toutefois, il reste 10 mois avant la présidentielle, et on a pas l’ impression qu’il y a une sortie de crise.

  2. imagine56 dit :

    Et toc, c’est la réponse du berger à la bergère.
    Même pas honte ce groupe emmené par Berre et Biyoghe Mba falsifie la
    réalité, ces deux dignitaires du PDG ne savent plus quoi inventer pour plaire et rassurer Ali.
    Comme je le disais récemment, c’est peine perdue, le Président connait la vérité, il est conscient de son impopularité tant au sein du PDG que d’une bonne partie des gabonais.
    Pitié Berre et Biyoghe Mba, toujours à faire la lèche à Ali!

  3. le Miroir de la petite émergence dit :

    Barro et consorts, laissez leur le parti! Qu’est ce que vous voulez prouver? Si vous en avez dans le pantalon, claquez la porte comme vos ainés.C’est parti pourri jusqu’à la racine ah ka!

  4. nh3 dit :

    être dans un même parti ne signifie pas qu’on accepte bêtement tous ce que le grand camarade propose. Pour que le Gabon soit vraiment un pays démocrate, la démocratie doit commencé au sein du PDG.

  5. Jean jacques dit :

    Ce Gabon je ne sais plus les même qui ont tué le pays ils veulent la mort division du parti par qu’ils veulent encore être au gouvernement. ABC .MENGA vous etiez dja ministres laisser les autres travailler.faites comme jacky.

  6. KOUMBWAMI MA-FWAT dit :

    «la loyauté et la fidélité au président de la République revient d’abord à dénoncer les insuffisances, les abus» : c’est là une idée, que se font à juste titre Alexandre Barro Chambrier et ses amis, de la démocratie à l’échelle d’un parti ou d’une majorité gouvernante. Mais au-delà de la liberté d’expression qu’ils revendiquent, les membres d’H&M se font les hérauts, devant les « profito-situationnistes », d’une certaine rigueur dans la gestion de la chose publique. Mais l’existence même d’H&M suffit à convaincre que le président de la République ne veut surtout pas s’encombrer du soutien de ces élus (à moins qu’ils la mettent en sourdine) en mal de bonne gouvernance. Alors quelle issue, sinon une sortie groupée du PDG ? À moins que la logique de l’« héritage » et de la « modernité » conduise à une scission du parti majoritaire….

Poster un commentaire