Ayant pris officiellement ses fonctions à la tête de la Société gabonaise de transport (Sogatra), Alphonse Oyabi-Gnala va tenter d’éviter la banqueroute d’une entreprise publique secouée par des tensions sociales et traînant d’importantes dettes.

Alphonse Oyabi-Gnala, le nouveau DG, va tenter d’éviter la banqueroute à Sogatra. © Gabon24/Capture d’écran

 

Installé jeudi 25 janvier dans ses nouvelles fonctions, Alphonse Oyabi-Gnala est attendu au pied du mur. Sa mission ne sera pas facile. Le nouveau patron de Sogatra a la charge de remettre en marche une société criblée de dettes et secouée par des tensions sociales depuis plusieurs mois. Les chiffres rendus publics par le directeur de l’exploitation des services, lors de l’installation officielle du nouveau directeur général, fleurent bon la faillite.

Doté d’un parc automobile de 239 bus dont seuls 53 sont opérationnels à ce jour, Sogatra qui avait tenté de retrouver un nouveau souffle en mettant en circulation 140 taxis-compteurs n’en compte plus que 84 en état de marche. Le nombre de véhicules en état d’épaves serait actuellement de 128, quand les agents comptent 157 automobiles en panne en raison de leur mise en circulation sur des routes difficilement praticables, à l’instar des nouvelles liaisons vers l’intérieur du pays.

Le climat social, de nature à freiner l’élan de nouvelle équipe, est dû en grande partie aux dettes accumulées par l’entreprise depuis plusieurs années, y compris vis-à-vis de ses salariés. De 6,2 milliards de francs durant la période 2006-2013, la dette patronale vis-à-vis de la CNSS est passée à 14,3 milliards, l’Etat n’ayant finalement pas payé cette dette comme convenu en 2015.

Si les agents de Sogatra ne sont pas officiellement assurés à ce jour, en dépit des prélèvements effectués sur leurs salaires, les véhicules de la société ne le sont pas non plus. La société d’assurance Axa réclamerait à l’entreprise publique 7,6 millions de francs depuis 2015. Un nouvel audit ne serait pas mal venu avant toute nouvelle réforme.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. beka dit :

    Voilà une autre bonne idée contre laquelle triomphe encore ce que bon nombre de compatriotes appellent « l’amateurisme ». Le transport est une vraie profession, avec des spécialités. Quoi que société de transport, qu’est-ce que Sogatra est allée chercher de façon aussi prématurée sur les pistes d’éléphants qui traversent nos campagnes, sans en apprécier les conséquences ? Car, en effet, ses bus n’étaient pas conçus pour cette mission, compte-tenu du luxe synonyme de fragilité qui les caractérise ! En voulant à tout prix faire du bénéfice pour combler les vides sonnants et trébuchants laissés par l’Etat actionnaire dans les livres de cette entreprise, Sogatra s’est tapée une dette royale capable, sans le souhaiter, de l’envoyer ad patres comme Sotravil et les autres. Pour sauver Sogatra, il faut la confier à de vrais spécialistes du Transport urbain pour transporter des clients dans les villes et d’autres du Transport inter-urbain pour les campagnes. C’est certainement l’une des 1ères solutions. Ensuite, il serait opportun de dégraisser les effectifs, de procéder : à la domicialisation des lignes en zone urbaine pour commencer, assurer leur fréquence régulière et leur ponctualité à la minute près ; à la limitation du nombre de bus à ce qui est strictement nécessaire en attendant de payer les dettes. Les sociétés publiques de transport ne font presque pas de bénéfice. L’Etat doit s’y investir de façon décisive et pertinente, parce que le transport est une pièce essentielle de l’économie. Attendre longuement sur la route, comme cela se fait au Gabon pour rejoindre son poste de travail, est une aberration. « Time is money », disent les Anglais. L’économie gabonaise méconnait ce principe. La suite et les conséquences ne sont pas surprenantes.

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