Plombé par le contexte économique actuel, l’industrie du loisir et du divertissement est au bord de l’agonie à Libreville. Quelques cas.

Résultats Google Images sur les mots-clés «Montée de Louis Libreville». © morellisgelato.com

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Libreville. Montée de Louis dans le 2e arrondissement. Un étrange manège se joue tous les soirs. Il est à peine 21 heures, la température est un peu basse en ce début de week-end. Pourtant, rien ne semble dissuader ce petit groupe de jeunes ou cet autre groupe de cadres et hommes d’affaires de prendre d’assaut les discothèques, restaurants et autres espaces de loisir que compte ce quartier situé face à la mer. Grosses berlines bling-bling, champagne, jolies femmes et apparats de jet-setteurs, les soirées s’achèvent souvent sur des notes qui feraient rougir plus d’un. Pourtant, tout ceci semble désormais un bien lointain souvenir, à l’antipode de la réalité actuelle. Les jet-setteurs et autres ambianceurs paraissent craindre le coût de leur prochaine sortie. Ils regardent d’un peu plus près la note de ces soirées souvent bien arrosées. Le contexte économique actuel n’étant pas des plus favorables, l’on hésite, l’on fait attention au moindre centime, et surtout on rase les murs. Et du côté des tenanciers des restaurants, discothèques ou autres night-bars, la nouvelle attitude des clients pèse sur le chiffre d’affaires et se fait durement ressentir. Certains ont d’ailleurs été contraints de mettre la clé sous le paillasson. C’est dire que l’industrie du loisir et du divertissement connaît une crise sans précédent, en dépit de ce que certains établissements font de la résistance.

Considérée depuis plusieurs années comme le coin le plus chaud de la capitale, la Montée de Louis perd son dynamisme d’antan. Dès l’entame de cette rue, le Kubrick, night-bar et vitrine du groupe Kabi, a été le premier à tomber et est fermé depuis de longs mois. Réputés plutôt proches du pouvoir voire de la présidence de la République, les principaux clients de cet établissement n’ont pu l’empêcher de couler. Raisons évoquées : baisse drastique de la fréquentation, taux d’endettement élevé. Dans le même cas, le restaurant Offingo a également dû fermer pour quasiment les mêmes raisons. Un sort que tente de conjurer Hollywood Café, situé en face, non sans peine. Situé un peu avant, le complexe Butterfly, en plus de la crise du secteur, a été victime d’un incendie, en juin dernier, qui a achevé l’espoir d’un éventuel redressement. L’établissement était déjà devenu un no man’s land.

«Quand l’économie va mal, tout va mal, y compris l’industrie du loisir et du divertissement»

Présenté comme la principale brasserie française de Libreville, le Garden Caffé n’a pas réussi à échapper au sort réservé aux établissements pourtant moins lotis : la fermeture, sans possibilité de reprise pour des entrepreneurs intéressés. Mais, contrairement à ce qui peut être perçu, la Montée de Louis n’est pas la seule à payer le prix de cette récession économique. A quelques mètres du super marché Mbolo, le Parad’Ice, célèbre glacier, avait dû se résigner à fermer, en raison d’une «accumulation d’arriérés de loyer», croient savoir certaines sources, quand d’autres prétendent que les affaires ne marchaient plus et que la faible fréquentation avait fini par plomber l’établissement. De l’autre côté du miroir, il existe encore quelques établissements qui résistent tant bien que mal. La principale astuce trouvée par les gérants : la fermeture temporaire en cette période vacances. C’est notamment le cas du restaurant-bar lounge «La pointe des Almadies» qui a opté pour la stratégie d’une fermeture pour vacances, la même que celle qu’ont expérimentée Le Bistro ou le spécialiste de la cuisine italienne, La Roma, qui vient de se résoudre à repartir au front.

Pour certains, cette crise du secteur du loisir et du divertissement, qui ne devrait pas tarder à toucher d’autres villes telles que Port-Gentil, semble aller en s’intensifiant. «A la recherche de l’argent pour renflouer les caisses de l’Etat, l’administration chargée de la collecte des impôts a commencé à écumer la Montée de Louis. C’est à croire que les amitiés n’ont pas résisté longtemps au souffle de la récession», lance un connaisseur du secteur, un tantinet moqueur, avant de poursuivre, le sourire en coin : «Le Garden Caffé aurait écopé d’une amende de 100 millions de francs, qui l’a complètement anéanti. D’autres établissements tels que le VIP Room Libreville ou le Bomb Afro ont été contrôlés, et se sont vus infligés d’importantes amendes. Ce qui est considéré comme leur contribution aux efforts entrepris par les autorités pour ramener un peu d’argent dans les caisses de l’Etat, d’autant que quand l’économie va mal, tout va mal, y compris l’industrie du loisir et du divertissement.» Difficile d’en douter. Pourtant, si d’autres semblent moins inquiétés, à l’instar du groupe Life by Mayena, qui s’est enrichi cette année de nouveaux établissements, ce n’est que de façade : «son principal promoteur injecte chaque mois près d’une dizaine de millions pour couvrir les charges et donner l’impression que ça tourne», soutient une source bien introduite. Signe des temps ? Il est connu que l’industrie des loisirs représente un poids économique souvent conséquent, ne fut-ce que par les emplois créés ou la contribution à l’attractivité d’une ville ou d’un pays.

 

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Hatshepsout dit :

    Et si encore l’argent collecté par l’Etat servait au peuple! Ce serait un cercle vertueux car ce même pleuple consommerait des loisirs. Mais non, cet argent va se retrouver dans les poches de ceux qui dirigent ce pays, comme d’habitude …

  2. Désiré dit :

    Quel mélange! Le loisir rapporte moins ou certains établissement ont ils fermé pour cause de redressement fiscal trop violent?

  3. kombila dit :

    C’est assez triste en effet pour les affaires et l’emploi de certains compatriotes. Libreville, comme les autres cités gabonaises, vit recluse dans ses salons et ses bistrots : aucune activité de loisir en dehors de celles-là qui éprouvent d’énormes difficultés de trésorerie.
    Pas de bibliothèques véritables (d’où le succès de certains bouquets de télévision) à l’exception de celle, vieillotte, du CCF ; pas de centres d’attractions pour les jeunes, même épisodiques comme les offrait naguère « La Foire de Libreville ». La plage du lycée national Léon Mba, centre de loisirs à ciel ouvert, devient parfois trop étroite certains week-ends, puisqu’elle s’avère être le seul lieu d’accès libre et gratuit, ouvert à toute la ville de Libreville. Les stades de foot, à l’image du championnat national, sont devenus sans intérêt. Pour certains Librevillois, la Montée de Louis résonne comme un bruit retentissant à Rome ou Philadelphie : trop lointain.
    A cet effet, l’un des enseignements de cette malheureuse situation résulte dans le peu d’efforts réalisés en matière d’implantation de vrais centres de loisirs à travers le territoire national. Et la crise qui sévit dans les lieux cités par GR ne concerne vraiment que ceux qui ont les moyens de financer leurs loisirs à grands frais. Pour les autres la vie continue, de la même manière : dans des difficultés…

  4. Sudaf dit :

    Au Gabon, loisirs et divertissement = bar; snack bar; discotheque (en majorité). Ce qui, d’une certaine maniere, renvoie a alcool, sex et … L’industrie du divertissement et du loisir est quasi inexistante au Gabon. Nos enfants en bas age (3-10 ans) et adolescents, comment font ils pour se divertir? Comment est ce qu’on fait, en famille, pour se divertir (papa, maman, remi 5ans, fati 10 et Tati 16)??? Donc parler de choses qui existent. Industrie la est inexistante. Libreville n’est donc pas une ville attractive. C’est chez moi. Gabonais, fier et réaliste.

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