Ouvert le 20 juin par des appels urgents à conduire  la planète sur un chemin plus écologique et social, la conférence des Nations unies sur le développement durable, dénommée Rio+20, déjoue déjà les espérances. La publication de son projet de déclaration finale entraine des jugements décevants de la part de nombreux participants et observateurs. Les contours.

Accords à minima sur l'environnement Rio+20

Environ 50.000 personnes parmi lesquels 86 chefs d’Etat ou de gouvernement, des membres de délégations officielles, de médias et d’associations, se sont retrouvées à la conférence des Nations unies sur le développement durable qui s’achève ce vendredi 22 juin après avoir démarré le 20 juin à Rio de Janeiro (Brésil). Organisé 20 ans après le premier sommet du genre consacré aux changements climatiques, les discussions devaient aller au-delà de la seule réduction des émissions de CO2 et déboucher sur déclaration commune devant engager le monde pour les prochaines décennies.

Les objectifs principaux de Rio+20 étaient de trois ordres : évaluer les progrès accomplis sur le développement durable depuis le Sommet de la Terre de Rio, réaffirmer l’engagement politique pris il y a 20 ans et résoudre les problèmes liés à la santé future de la planète Terre.

Pourtant, depuis deux ans et encore durant les premiers jours de l’actuelle rencontre mondiale, les négociations sur le texte devant être finalisé par les chefs d’État ont été très controversées. Tôt dans la matinée du mardi 19 juin, les négociateurs présents à Rio ont fini par s’accorder sur le texte final qui doit, selon le programme, être ratifié par les chefs d’État ou leurs représentants. Baptisé «The Future We Want» (L’avenir que nous désirons) et comportant 283 articles compilés en une cinquantaine de pages, cette déclaration finale est déjà critiquée et on indique qu’elle se situe en deçà des espérances. De grandes ONG environnementales, notamment, ont déclaré leur désappointement par rapport au dit texte, à l’instar de Greenpeace qui a parlé d’ «échec épique» et de WWF qui a indiqué une «déception significative».

«Si le texte reste tel qu’il est, cette conférence sera un échec historique. Alors que les populations les plus pauvres et les plus vulnérables paieront d’abord, l’avenir de tous les êtres humains et la planète s’annonce sombre en raison du manque de volonté de nos dirigeants politiques», a déclaré Bernd Nilles, secrétaire général de la CIDSE, plateforme européenne de 16 organisations catholiques de solidarité internationale, relayé par le site Internet de l’ONU dédié à Rio+20. «Le texte donne la priorité aux marchés et à la croissance, et présente l’inclusion du secteur privé dans la gouvernance et la coopération internationale comme une panacée», déplore pour sa part Antonio Manganella de la branche française de CIDSE (Coopération internationale pour le développement et la solidarité). D’autres indiquent que cette déclaration finale n’aborde pas la responsabilité des sociétés multinationales, que celles-ci n’ont donc pas à rendre compte de leurs impacts sociaux et environnementaux et des violations des droits de l’homme. Les négociateurs ne semblent pas se rendre compte que ce comportement irresponsable est l’un des principaux facteurs qui contribuent aux problèmes mondiaux auxquels Rio +20 est censée répondre, note-on sur le site sus cité, uncsd2012.org. Le même média indique également qu’il n’y a pas, dans le texte, des mesures concrètes sur la relation entre le changement climatique et l’agriculture, afin d’assurer de toute urgence la sécurité alimentaire pour les plus vulnérables.

On note cependant quelques points de satisfaction. Si sur le plan de la gouvernance, Rio+20 n’a pas donné naissance à l’Organisation mondiale de l’environnement (OME) que nombreux souhaitaient, on peut se consoler de ce que le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a été renforcé et doté de moyens financiers supplémentaires et de ce que la société civile et les collectivités locales devraient être intégrées à sa gouvernance. De même, le projet de déclaration qui malgré la controverse, pourrait être adopté par les chefs d’État sans modifications essentielles, comporte l’énumération des Objectifs du développement durable. Ceux-ci vont remplacer les Objectifs du millénaire à partir de 2015. La liste de ces Objectifs du développement durable n’est cependant pas définitive. Elle devrait définitivement être adoptée par la communauté internationale dans deux ans.

Pour de nombreux participants, l’engagement timide des États-Unis dont le président, Barack Obama, n’a pas pris part à la rencontre¸ l’évacuation du concept d’économie verte si défendue par les délégations de l’Union européenne et le principe de souveraineté nationale brandi par une grande majorité des États, ont nivelé par le bas les ambitions du sommet. Le résultat de Rio+20 tient en définitive à des engagements de principe sans précisions ni fermeté. Il ressemble à une diversion par rapport à l’urgence de la crise environnementale planétaire. Première organisation mondiale de protection de la nature, le WWF a conclu que Rio+20 est un «échec colossal».

 
GR
 

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