Alors que le climat social n’est pas à la sérénité et que les décideurs semblent dépassés par les événements, aucun d’eux n’a jusque-là songé à rendre son tablier.

«Le ministre», surnom du chat dans certaines cultures du Gabon. © D.R.
«Le ministre», surnom du chat dans certaines cultures du Gabon. © D.R.

 
A l’exception de Léon Nzouba, ancien ministre de l’Education nationale, qui a consenti à démissionner ou à se sacrifier, c’est selon, au plus fort de l’affaire dite des «recalés du Bac 2014», aucun ministre du gouvernement actuel, ne semble être touché par ce qui se passe dans le pays. Tous les secteurs d’activité sont en ébullition. De la santé au secteur pétrolier en passant par les transports, les régies financières ou l’éducation nationale, partout le torchon brûle. Des solutions tardent à être trouvées. Et la population, qui a déjà du mal à joindre les 2 bouts, ne contient que trop difficilement son désarroi.
Du côté des autorités, notamment du gouvernement Ona Ondo II, l’on semble vouloir se convaincre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, que les dossiers sont traités et que des solutions idoines arrivent. Mais le temps passe. Les populations observent. Elles continuent de fulminer face à ces lourdeurs, ces atermoiements qui fleurent bon l’incompétence. Le cas de la Prime d’incitation à la performance (PIP) est désormais emblématique de cet «amateurisme» tant dénoncé. «Comment a-t-on pu laisser le président de la République annoncer une telle mesure alors même qu’aucune étude sérieuse n’avait été faite sur le sujet ?», s’interroge un enseignant en sciences économiques de l’université de Libreville. Pour lui, tout ceci «ressemble à du tâtonnement». «Et personne n’est responsable de rien dans ce pays», s’emporte-t-il.
Comme si cela ne suffisait pas, à peine arrivée au ministère de l’Education nationale, Ida Assenouet Réténo Ndiaye, s’est vite engluée dans un bras de fer avec les partenaires sociaux, qui disent ne pas être des «hommes et femmes aux ordres». La Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation nationale (Conasysed) n’a d’ailleurs pas manqué de durcir le ton. Pour ce syndicat, «le nouveau ministre manque de diplomatie, de courtoisie, de maîtrise des dossiers et de tact». La concernée rétorque en réclamant simplement le «respect de sa personne, mais aussi de la fonction qu’elle occupe», mettant en avant la destinée collective et l’avenir de la jeunesse. Un discours qui semble ne plus passer. Cependant le torchon continue de brûler.
Au ministère des Transports c’est l’interdiction d’importation des véhicules de plus de 3 ans qui est à l’origine des remous. Contre toute attente, la loi a été contournée. Des documents ont été délivrés autant par la direction générale des Transports que par le Conseil gabonais des chargeurs pour permettre à des opérateurs économiques de faire venir des véhicules qui tombent pourtant sous le coup de la mesure. Sur ce coup, «des seconds couteaux ont été les victimes expiatoires de ce désordre», le ministre lui n’a pas bronché et semble n’avoir jamais été inquiété, puisqu’il a conservé son portefeuille au terme du remaniement gouvernemental du 3 octobre dernier.
Au-delà de ces faits, révélateurs d’un climat social brumeux mais qui rappellent surtout la valse dansée sur le pont du Titanic alors même que le navire sombrait, la population résignée se console en se délectant des guéguerres et dysharmonies entre cadres, pour la plupart encartés au Parti démocratique gabonais (PDG). Bien entendu, ceux-ci font le dos rond, espérant que la tempête passe. A ce jour, personne n’a songé à libérer sa place, même lorsque les faits militent pour.
Sous d’autres cieux, des responsables publiquement mis en cause n’hésitent pas à se désengager d’eux-mêmes. «La bonne gouvernance passe par ces petits détails», note un journaliste qui rappelle que le ministre des Transports russe et son adjoint ont démissionné après l’accident qui a coûté la vie au P-DG de Total, Christophe de Margerie. Si les contextes ne sont, certes, pas les mêmes, il n’en demeure pas moins que partout on parle de performance, d’efficacité et surtout de responsabilité. Alors, qu’en est-il chez-nous ?
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. L'Africain dit :

    On doit redéfinir le mot politique. La politique n’est pas la lutte pour le pouvoir (la recherche des postes ou la confiscation des postes). En terme simple, la politique est une logique des corps à leur place. Tous les ministres au Gabon ne sont pas investis dans leur domaine de compétence: Dites-moi ce qu’un Moundounga peut faire à la justice alors qu’il est un simple instituteur au départ. Voilà pourquoi ces ministres sont ballotés à chaque conseil: absence de compétence, de performance, manque de créativité. Bref, des ministres totalement défaillants jusqu’aux directeurs de cabinets. Il faut qu’on arrive à casser le concept de « géopolitique » qui est totalement inopérant et ne veut rien dire en soi. C’est un concept sectaire et insociable qui embrigade les individualités, étouffe les talents. Au nom de quelle norme un fang est toujours Premier Ministre ?
    Au nom de quelle norme un Myéné de Lambaréné est toujours Président du Sénat? L’Assemblée, toujours entre les mains des Nzébi ? Ce sont là autant de conception psychorigides qui ne permettent pas l’évolution d’une société. Je crois qu’il faut simplement rompre avec tous ce qui est normatif et la conscience professionnelle se libèrera simultanément.
    Avec mes amitiés à toutes et tous !

  2. serges mpiana dit :

    très bel article en ce sens qu’il dépeint notre climat social actuel.Mais aussi interpelle nos dirigeants qui semblent faire l’autruche…Osons espérer que tout ces problèmes trouvent des épilogues heureux!

  3. Omengo dit :

    L’Africain, je pense ce que vous évoquiez c’est tous simplement l’absence de démocratie qui est à l’origine de cet etat de fait. A force de vouloir tricher avec les aspirations des peuples on tombe dans ces travers. Vous n’aviez pas eu la legitimité populaire vous êtes obligé de vous accommader avec ceux qui vous ont fait roi. Malheureusement dans un tel contexte j’ai bien peur que les problèmes ne trouveront pas solutions.IL faut des dirigeants dotés de solides comptétences et qui ont la legitimité.

  4. malouba. dit :

    Fîrst…l’Africain c’dis avk une une telle émotion(patriotique…les frangins ont le sang aux yeux avant de transformer le sens d’émotio ici.)bref…cela résume la realite du pays…n’en déplaise lorsqu’il faut reconnaître les verites.
    L’africain G serai heureux de profiter de vos analyses a titre individuel.si vs êtes d’accord.

  5. philippe vouette dit :

    L’africain,
    Vous venez de mettre le doigt sur un énorme abcès car l’un des problèmes de notre pays réside dans le fait que nous ne mettions jamais les HOMMES qu’il faut A la bonne place….
    C’est le cas de votre président….et avec lui un bon nombre de personnes.
    Il se voit être obligé d’appliquer ou de faire appliquer le PSGE qui pourtant fort est de constater que ce n’est pas un mauvais plan en soit mais il reste creux car les réalités du pays semblent ne pas avoir été intégrées.
    La théorie reste toujours de la théorie sur un bureau d’étude tant que la modélisation n’a pas pris en compte les données brutes prises par les ingénieurs et les techniciens sur le terrain…cela nécessite une fois de plus la contribution de tous ….
    Pour ne pas sauter du coq A l’âne ou me retrouver HS par rapport A vos propos (L’Africain) je tiens tout de même A dire A titre personnel que je n’arrive plus A être Objectif ou impartial dans certains de mes propos car franchement aujourd’hui c’est plus du râle bol qui guide mes positions…
    Depuis ma naissance je ne connais qu’un seul système de gouvernance dans notre pays …..c’est la gouvernance de la HONTE…..
    Nous sommes vraiment la risée des pays limitrophes …..
    Nous sommes quasiment les derniers dans toutes les projections financières, infrastructurelles et organisationnelles dans la sous région (CEMAC).
    Pourquoi ? Parce que je vous cite : « Tous les ministres au Gabon ne sont pas investis dans leur domaine de compétence: Dites-moi ce qu’un Moundounga peut faire à la justice alors qu’il est un simple instituteur au départ . Bref, des ministres totalement défaillants jusqu’aux directeurs de cabinets. Il faut qu’on arrive à casser le concept de « géopolitique » qui est totalement inopérant et ne veut rien dire en soi. C’est un concept sectaire et insociable qui embrigade les individualités, étouffe les talents. Au nom de quelle norme un fang est toujours Premier Ministre ?
    Au nom de quelle norme un Myéné de Lambaréné est toujours Président du Sénat? L’Assemblée, toujours entre les mains des Nzébi ? »
    Nous croulons sous ce genre d’exemple et cela a emmené le pays LA ou nous nous trouvons actuellement….. A ETRE LA RISEE DE TOUS…..
    Je me répète peut être mais nous avons dans notre pays assez de personnes qualifiées pour diriger , orienter, planifier et gouverner ce pays….
    Quoi que fasse ALI aujourd’hui ou demain ne se résumera pour moi qu’a une chose …………..
    Nous avons 48 ans de retard …et c’est grâce A EUX …donc 100km de route ou je ne sais pas trop quoi d’autre ne peuvent pas être considéré par moi comme étant une avancée en prenant dans le repère orthonormé l’axe des abscisses pour le temps passé au pouvoir et l’axe des ordonnées pour les réalisations faite …..Le résultat est humiliant .
    Nous avons des docteurs , des ingénieurs , des techniciens sup, des techniciens , des Agents de maitrise ect ….alors qu’ils soient FANG,PUNU , ECHIRA,TEKE,OBAMBA ,MYENE , VILI…..je m’en fou ….si ils ont le diplôme requît pour le poste ….alors qu’ils l’occupent ……ce sont tous des GABONAIS.
    Je voudrai franchement qu’un GABONAIS instruit aimant son pays en ses compatriotes de tous bords ….. Me gouverne ….juste pour changer … !!!!
    Avoir la possibilité de me dire qu’au moins le GABON c’est donné pour une fois une vrai chance d’aplanir certaines inégalités….insuffler un nouveau sens , une nouvelle dynamique , un nouveau départ…
    Ne ramenons Luiz Inácio Lula da Silva audio dans nos débats du GABON…il y-a des exceptions …
    J’attends de lire vos commentaires …
    Cordialement,
    Philippe Vouette

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