Lauréat, le 23 février dernier à l’Institut Tata de Mumbai (Inde), du Prix Ramanujan 2011 de Mathématiques, Philibert Nang, est enfin revenu au Gabon. Premier récipiendaire africain de ce prix, le professeur à l’École normale supérieure de Libreville et chercheur au Laboratoire de recherche en mathématiques de Libreville, est revenu à ses chers enseignements au Gabon. Il répond à quelques questions de Gabonreview.  

Philippe Nang lauréat du Prix Ramanujan 2011 de Mathématiques - Gabon

Vous-avez remportez le prix Ramanujan international 2011 des mathématiques. Quelle est la valeur de ce prix pour la communauté scientifique et pour la jeunesse du continent ?

Le Ramanujan International de mathématiques est un prix décerné chaque année aux chercheurs des pays en voie de développement. Et pour celui de 2011, j’en suis en effet le lauréat. Ce prix est donc un immense honneur pour moi. Les mots me manquent encore pour exprimer ma profonde gratitude à l’Académie des sciences de Norvège, à l’Union mathématique internationale et au Centre de Physique théorique de Triest qui m’ont exprimé cette reconnaissance. Cette récompense prestigieuse est pour moi, un signe très fort de l’intérêt que portent la communauté mathématique internationale et l’Académie des sciences de Norvège à la recherche en mathématique dans les pays en voie de développement. Comme vous le savez certainement, les mathématiques jouent un rôle très important, au quotidien, dans notre société. Et leur puissance n’est plus à démontrer. Par exemple en épidémiologie, la mathématique intervient pour comprendre comment se répandent certaines maladies. On peut donc dire sans rougir que les mathématiques sont un outil incontournable au développement de notre continent. J’espère que le Prix Ramanujan 2011 va inspirer la jeunesse africaine à aller vers les mathématiques de très haut niveau. Plus généralement, à aller vers les sciences.

Vous avez été couronné pour une «contribution exceptionnelle» à la «théorie des D-modules algébriques». Comment l’expliquez-vous plus simplement ?

Je travaille dans un domaine des mathématiques pures qu’on appelle l’analyse algébrique et je m’intéresse en particulier à la théorie dite des modules. La Théorie des modules veut essentiellement dire un module sur  l’anneau des opérateurs différentiels. Très exactement, c’est se donner un système d’équation linéaire dont les coefficients sont simplement des opérateurs. Un de ces modules, c’est la généralisation de la notion d’équation algébrique à une variable. C’est un langage mathématique, pas toujours accessible aux non initiés d’un certain niveau.

Concrètement, à quoi tout cela peut servir ?

Il y a beaucoup d’applications notamment dans la théorie des représentations, des applications dans la physique mathématique et dans bien d’autres domaines. Comme je l’ai dit plus haut, les sciences mathématiques interviennent dans plusieurs domaines de la vie, notamment les sciences de l’ingénieur, la cybernétique, la finance, la  médecine et même l’épidémiologie.

Comment conciliez-vous votre carrière d’enseignant avec celle de chercheur ?

Il n’y a pas de problème, il n’y a pas d’incompatibilité entre mes activités d’enseignement et mes activités de chercheur. Le statut d’enseignant-chercheur est un état d’esprit. Ce qui veut dire que les deux sont parfaitement compatibles.

Y  a-t-il une communauté de mathématiciens au Gabon avec laquelle vous travaillez ?

Depuis décembre 2011, nous avons mis en place à l’École normale supérieure de Libreville, deux équipes ou deux groupes de travail : un groupe d’analyse qui est axé sur les analyses des opérateurs pseudo différentiels et un groupe d’algèbre. Ce sont des groupes constitués essentiellement des jeunes qui s’intéressent à ces choses. Ensemble, nous essayons de pousser la recherche dans ce domaine au niveau de notre pays.

Après votre sacre, avez-vous eu des félicitations ou simplement des contacts avec les autorités gouvernementales gabonaises ?

Pour le moment, j’ai n’ai reçu que quelques mots chaleureux venant de quelques compatriotes. Pour les autorités gabonaises, elles n’ont pas encore réagi et je pense qu’elles le feront au moment opportun.

 
GR
 

10 Commentaires

  1. Yves dit :

    Les authorités gabonaises? Il vaut mieux ne pas y penser. Gardez votre pureté, le présent vous a déjà récompensé et l’avenir vous sera encore plus reconaissant.

    Bravo pour ce prestigieux prix qui nous inspire tous, nous qui croyons au travail et au mérite.

  2. le Fils de la veuve dit :

    Ah Nang !!!! Laisse les fameuses autorités que personne n’a élu faire le pitre et courrir après une hypothétique légitimité. Fais ton job et ne permets pas à ces gens-là de t’utiliser pour se donner de la consistance. Tu connais trop la valeur de l’école, du mérite et des diplômes pour accepter que des faux diplômés, qui n’ont pour seul mérite que le nom qu’ils portent et qui n’ont pas fait l’école alors que leurs parents en avaient les moyens t’utilisent….. Félicitations frangin… Doucet, Alain Seigneur…. doivent être fiers de toi…

  3. Elanqui dit :

    Nang est de tres loin, le meilleur mathematicien
    de toute l’Afrique centrale. Je peux parier que meme dans 50 ans, aucun Gabonais n’aura un prix prestigieux comme celui qu’a eu Nang. J’ai regarde’ un peu les publications des mathematiciens Gabonais, seuls les publications de Nang meritent attention, car elles sont de publications de mathematiques pures, sur des domaines complexes. Je sais de quoi je cause.

    • Yves dit :

      Attention aux affirmations un peu rapide. Il y a un costaud mathématicien gabonais qui est prof à l’université de Lille. Je pense même qu’il est agrégé (à vérifier). Allez sur le site de cette université et vous n’aurez aucune peine à reconnaitre ce nom bien de chez nous. Le gars de Lille n’est pas éligible à ce prix car travaillant dans un pays développé. Cher compatriote il y a des gabonais très très très très doués. Malheureusement la vitrine que reçoit le monde a propos du Gabon, est celle du mandrill qui nous commande et nous emmerde.

    • paguy dit :

      De toute l’Afrique centrale!!!! hum!!!! Professeure et chercheur de haut rang sans aucun doute. Bravo à Vous Prof

  4. patricia dit :

    plutôt mignon comme mathématicien on les imagine volontiers avec l’apparence de professeur Tournesol. BBBravo! bon courage! j’aime les mathématiques. j’epère que les autorités vont réagir sinon ce sera dommage pour l’Emergence tant prônée!

  5. Edmond NTOUTOUME dit :

    Rien ne m’étonne chez Philibert Nang. Ami de mon enfance, il fut un élève brillant alors qu’il fréquentait au Lycée d’Etat de l’Estuaire. Il était aussi calé dans les sciences pures ( Mathématique, Physiques) que dans la langue de Shakespeare(Anglais). Il mérite amplement ce prix qu’il a reçu à la force des poignets ! Que Dieu te bénisse frangin !

  6. Arthur Ovono dit :

    Bonjour, je suis tombé sur cette article par hasard, un peu tard mais comme on dit, il n’est jamais trop tard… j’aimerais ajouter quelques modestes éléments de réponses à la question du journaliste:
    « Concrètement, à quoi tout cela peut servir ? »
    Tout d’abord, excusez mes fautes d’orthographe, je n’écris plus vraiment Français depuis plus de 20 ans et j’utilise un clavier QWERTY!
    Comme vous l’avez sans doute constaté, nous utilisons les ordinateurs pour simuler de nombreux phénomènes… simuler la propagation d’un tsunami ou d’un tremblement de terre pour prédire son arrivée sur une cote et ainsi permettre de planifier une éventuelle évacuation, et donc sauver des vies; prédire le temps qu’il fera (meteo); prédire la propagation d’une épidémie; prédire les marchés financiers, le type de particule qui constituent l’univers (theorie des cordes et des boucles) pour savoir d’où nous venons, où nous allons, le voyage dans le temps, battre d’énormes distances, transportation, l’immortalité, etc… Pour ce faire, nous utilisons la méthode dite des éléments finis, qui consiste à résoudre des équations compliquées dans un milieu que nous quadrillons de figures géométriques telles des cubes, prismes, triangles, etc, dénommées « élément » ou « cellule », tandis que le quadrillage est dénommé « mesh » ou « grille ». Le but étant de résoudre l’équation en chaque point du milieu ou domaine quadrillé pour trouver la valeur des paramètres recherchés. Par exemple, quadriller la carte du Gabon pour calculer la température, et l’humidité en chaque point la prédire le temps qui fera demain. La théorie de la mesure et des opérateurs différentiels (utilisée pour quantifier la stabilité, la convergence, l’approximabilité, etc de cette technique) permet de prédire si la méthode va converger vers la solution exact, et donc si notre prédiction est correcte ou contient des erreurs et de quelle grandeur. Les recherches telles que celles du Professeur Dr. Nang apporte du progrès à ces théories, d’où leur importance pratique et concrète, pour revenir simplement à votre question: ainsi, en prédisant la propagation d’un tsunami ou autres phénomènes, nous pouvons donc, avec plus de précision, estimer notre erreur et faire une prédiction plus proche de la réalité.
    Encore une fois félicitation au professeur.

    Arthur Ovono,
    Doctor Ph.D, Applied Mathematics
    Twitter: Kind Arthur

  7. Le Stoïcien dit :

    Salut, je suis en déficient de termes .Je ne sais pas comment t’adresse mes congratulations les plus profondes. Je laisse , le bon Dieu multiplier tes acquises et faire de toi ce fils donc les parents sont les sempiternels heureux. Bonne prouesse mon cher Philibert NANG !

  8. Mve Obiang dit :

    félicitation Professeur.. je rêve d’être comme vous d’ateindre ce niveau dans les maths, je suis encor qu’un élève en classe de terminale c au lycee d’etat de l’estuaire. vous me motivez encor plus.. le simple fait d’être tombé sur cet article me motive de redoubler d’efforts. encor felicitations Mr.

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