«Sans adhésion, il n’est pas possible de faire redémarrer l’économie. Et sans confiance, c’est presque impossible que ce programme soit réussi», a souligné dans l’entretien avec Gabonreview, Léandre Emmanuel Bouloubou, président de l’association Imagine-Gabon, à l’occasion de la conférence-débat sur la crise économique et financière au Gabon.

Léandre Emmanuel Bouloubou, président de l’association Imagine-Gabon, le 1er juillet 2017, à Libreville. © Gabonreview

 

Gabonreview: Un an après la création d’Imagine-Gabon qui a organisé ce 1er juillet cette conférence-débat, qu’en est-il de cette association?

Léandre E. Bouloubou:Un an c’est peu, mais c’est beaucoup quand on voit tout le travail que nous avons modestement mené à notre niveau. Effectivement, à l’origine de la création de cette association, les gens avaient des appréhensions, se demandant s’il ne s’agissait pas d’initiative éphémère. Mais nous, nous avions inscrit Imagine-Gabon dans la durée. Ce n’était pas simplement à l’occasion de la campagne, même si nous nous sommes effectivement impliqués. Ce qui est certain, c’est que notre groupe est d’abord un Think-thank. On a voulu le mettre en place comme cadre de réflexion où les cadres de l’administration publique comme privée peuvent venir s’exprimer, et apporter des réponses aux problèmes qui se posent aujourd’hui, à la fois aux Gabonais, mais aussi pour lesquels le gouvernement aimerait apporter des réponses. Nous sommes un relai; un relai utile entre les pouvoirs publics et les populations. Dans cette perspective, nous avons pensé qu’à l’occasion de notre premier anniversaire, il était bon d’organiser quelque chose sur un sujet d’actualité et c’est pour cette raison que nous avons choisi de parler de la crise économique et surtout des solutions pour en sortir.

Que peut-on faire pour sauver l’économie gabonaise?

Nous sommes partis du constat selon lequel le gouvernement est à la manœuvre. C’est-à-dire qu’il a le nez sur le guidon et n’a pas suffisamment de recul nécessaire pour prendre les décisions idoines, qui s’imposent pour le pays. Il est donc bon de partager les décisions du gouvernement ou des pouvoirs publics à l’ensemble de la population, aux différentes composantes de la population. C’est pour cela qu’on a fait venir d’abord les étudiants, parce que ce sont eux qui seront, demain, aux commandes. Ce sont les futurs ministres, cadres, les prochains chefs d’entreprises. Il faut qu’ils soient au courant de ce qui se passe dans le pays. Les politiques publiques d’aujourd’hui ont un impact sur le futur, sur l’avenir. Et cet avenir, ce sont eux. Nous avons donc pensé à faire venir les étudiants, mais aussi l’administration parce que pour mettre en œuvre, aujourd’hui, une décision prise par le gouvernement, l’administration est au centre de tout. Elle est, bien sûr, partenaire au développement. Nous voulons ainsi avoir l’avis de tous et tâter le pouls de la société par rapport au Plan de relance de l’économie (PRE) récemment présenté par le gouvernement. Vous savez que ce Plan a suscité de nombreuses réactions, notamment des universitaires. Personne n’a la science infuse, même pas le gouvernement. C’est bien qu’ils prennent des initiatives, mais qu’elles soient enrichies et que la population s’en approprie afin de pouvoir adhérer à la politique de développement que proposent les gouvernants. Sans adhésion, il n’est pas possible de faire redémarrer l’économie. Et sans confiance, c’est presque impossible que ce programme soit réussi. Or, si le programme n’est pas réussi comme l’a déclaré le ministre de l’Economie et le professeur Jean-Jacques Ekomie, on peut malheureusement arriver à un ajustement monétaire et ce n’est pas ce que nous souhaitons pour notre pays, ni pour la sous région.

Vous êtes ancien directeur général de l’Industrie et Coordonnateur du programme «Graine». Pensez vous que le PRE soit efficace et capable de résoudre les problèmes posés par la crise économique et financière au Gabon?

Oui et non. Oui parce que comme l’ont démontré les principaux intervenants à cette conférence, c’est un plan crédible. Mais il ne suffit pas de le décréter, il faut encore le mettre en œuvre et c’est là qu’il y a les principaux défis. A ce niveau, tout le monde doit participer y compris les médias pour vulgariser et relayer l’information. Vous savez, ce qui tue notre pays, c’est l’asymétrie de l’information. Les gens n’ont pas forcément la bonne information et parlent malheureusement de tout sans connaître la réalité. On avait besoin de ce genre d’échanges pour que les gens soient au courant de ce qui se fait, par la bouche des gens qui sont chargés de la mise en œuvre de ces politiques, de savoir ce qui se fait pour le Gabon. Je répète oui, à condition que nous tous, nous soyons mobilisés pour qu’il soit réussi. Car, le gouvernement seul ne peut pas réussir un programme, même malgré la bonne volonté du chef de l’Etat. On ne peut pas décréter que le plan est une réussite. Il faut que tout le monde se mettre au travail; les opérateurs économiques, les étudiants qui font la recherche, les hommes d’affaires, l’administration, les partenaires au développement, les médias, les associations. Tout le monde doit essayer de jouer sa partition parce que c’est ensemble qu’on peut réussir ce combat. Ce n’est pas l’affaire d’une seule personne ou d’une seule institution. On a parlé, par exemple de l’ajustement budgétaire. Cela suppose que nous devons nous-mêmes nous ajuster jusque dans nos familles. La crise est là, il faut nous adapter. On ne doit pas continuer à vivre comme avant. Si on ne maîtrise pas les finances publiques, il est presque sûr que ce plan ne réussira pas. C’est pour cela que je dis oui et non.

Quelles sont les prochaines initiatives d’Imagine-Gabon?

Nous sommes dans le cadre de l’anniversaire. Nous avons un certain nombre d’activités que nous allons mener. Nous avons commencé par la conférence-débat, nous allons nous retrouver très prochainement avec notre plateforme associative qui regroupe près de 200 associations. Nous allons ensemble, pour marquer ce premier anniversaire qui doit se célébrer le 7 juillet, définir les autres activités à mener.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Faustino Nze Ondo dit :

    La confiance elle non plus ne se décrété pas, elle se mérite.

    Des lors que le pays est dirigé par un pouvoir illégitime et cleptocrate, rien ne sera possible.

    Jean Gaspard Ntoutoume Ayi l’a dit :

    « Rien ne se construit sur le mensonge et la duperie »

    Vous le savez, M. Bouloubou, que plus que la chute du baril de Petrole, c’est l’absence de démocratie et le détournement des deniers publics qui sont là cause de la situation du Gabon et de la zone Cemac. Continuez comme vous le faites à vouloir divertir les Gabonais et vous verrez que cette crise nous emportera tous. Vous compris.

  2. Sameline dit :

    C’EST LA BONNE GOUVERNANCE QUI AMENE LA CONFIANCE ET L’ADHESION. ALORS QUE CET EMERGENT CONSEILLE BIEN SEE AMIS EMERGENTS QUI GERENT CE PAYS COMME LEUR EPICERIE FAMILIALE. PITOYABLE!!!!

  3. moukouambo dit :

    « LA BONNE GOUVERNANCE » voilà ce qu’il faut!

  4. espoir dit :

    Vous avez mene le projet graine dans les provinces dont l’objectif etait de creer les emplois et surtout d’aider leconomie gabonaise pendant la crise comme l’a dit aussi les promoteurs d’OLAM. mais on constate que c’etait de la poutre aux yeux,jusqu’aujourd’hui aucun impact sur notre economie, on ne voit rien, on ne sent rien et rien. aujourd’hui vous faites face a la realite que vous avez toujours nie que sans confiance ni adhesion du peuple il ne peut rien avoir.tu as mange aussi l’argent du gabon comme tous les autres tu seras aussi lapide.

  5. OSSELE NKOGHE GUSTAVE dit :

    TRÈS URGENT POUR RELANCER LA CROISSANCE AU GABON
    QUELLE POLITIQUE ÉCONOMIQUE EN 2018 AU PROFIT DES ENTREPRISES GABONAISES ?

    L’activité économique nécessite que les entreprises se procurent des ressources pour maintenir la croissance.

    Au Gabon, depuis la constatation de la crise des cours du baril de pétrole de 2015, les ressources pourraient être obtenues, soit par l’endettement bancaire, soit par l’existence d’une épargne suffisante et ou, un partenariat d’affaires public-privé pour un développement commercial et industriel durable.

    En s’interrogeant aujourd’hui sur le mode optimal de refinancement de l’économie de nos entreprises il faut prendre pour base d’analyse économique « le Plan de Relance de l’Économie » présenté par le gouvernement via le Haut Conseil pour l’Investissement.

    L’analyse du refinancement de la croissance des entreprises exige que l’on fasse des choix efficaces de modèles économiques applicables.

    Comment allons-nous retrouver l’équilibre de PARETO dans notre système productif afin de se démarquer des 1% et 3% du taux de croissance économique observés depuis un certain temps et causé par la baisse drastique du niveau d’activité ?

    Le choix de relancer l’activité des entreprises par le crédit bancaire dans un contexte de récession paraitrait moins évident à cause de la situation historique des créances en souffrance connues par les institutions bancaires et, les contraintes très difficiles exigées à la fois par la BEAC et la COBAC (la propension marginale à l’octroi du crédit bancaire).

    À ce niveau d’analyse, les ressources empruntées auprès des banques par les grandes entreprises entre 2011 et 2014 devraient contribuer à favoriser la croissance (au moins 5,5% par an) et celles tirées de l’activité économique serviraient pour partie, au remboursement de la dette. Or, ce mécanisme fonctionne parfaitement tant que la croissance est soutenue durablement (6,5% ; 7% chaque année).

    En revanche, le ralentissement de l’activité économique observé depuis 2015 pourrait provoquer un cercle vicieux.

    Le deuxième choix pour financer notre économie est l’épargne et les marchés financiers qui n’induisent pas ces dysfonctionnements. L’épargne si elle existe en effet, pourrait financer les investissements sans risque inflationniste.

    Toutefois, une épargne suffisante ne garantit pas pour autant que les entreprises puissent investir et relancer la croissance. L’environnement économique, social et politique constitue l’incitatif majeur. C’est pour cela que les conclusions arrêtées dans le plan de relance économique et financier de l’État engageront toute la politique économique à l’horizon 2030.

    De ce fait, si les perspectives de croissance sont mauvaises à l’horizon 2025 (le respect des accords avec le FMI et ceux des PPP), les ressources des entreprises seront dirigées vers les placements à court et à moyen terme et les marchés financiers plutôt que vers l’investissement productif et la relance de la croissance.

    Le troisième choix de financement de l’économie de nos entreprises réside dans la volonté des responsables politiques de gérer efficacement les PPP, afin de corriger certain comptes de la balance des paiements. Le partenariat économique et financier entre l’État et les entreprises, la coopération technique et décentralisée entre les entreprises et les collectivités territoriales, les incitations fiscales et la création d’un fonds de soutien aux PME sont autant d’outils pour créer les emplois, non seulement pour financer l’investissement productif, mais aussi pour relancer la croissance économique.

    Le Gabon reste un pays à fort potentiel économique, mais il est difficile de dire quel serait le modèle de politique économique qu’il faut retenir pour accompagner le développement de nos entreprises dans cette crise caractérisée par les tensions budgétaires, la baisse générale des investissements et le chômage massif.

    La certitude est que le développement de l’un des trois modèles de relance de la croissance pourrait engendrer des dysfonctionnements qu’il faudra maitriser.

    « Source : travaux de Gustave OSSELE NKOGHE / LBV le 05/07/2017 »

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