Serein, réservé et lucide, Raymond Ndong Sima, l’ex-Premier ministre qui vient de commettre un livre, répond aux questions de Gabonreview sur son hypothétique candidature à la présidentielle 2016, son attachement au PDG, Maixent Acrombessi, le système électoral et, naturellement, son ouvrage titré «Quel renouveau pour le Gabon ?»

Raymond Ndong Sima. © D.R.

Raymond Ndong Sima. © D.R.


 
Gabonreview : Résumant votre livre, un éditeur dit qu’il s’agit d’un document politique pour lancer votre campagne contre le pouvoir incarné par Ali Bongo dans le cadre de la présidentielle 2016. Etes-vous dans une logique de candidature à la présidence de la République ?
Raymond Ndong Sima : Il y a, dit-on dans le Livre de l’Ecclésiaste, un temps pour tout, un temps pour chaque chose sous les cieux. Pour l’instant, je crois que nous en sommes à un effort de compréhension de ce qui nous arrive. Il y a trois mois, j’ai tiré la sonnette d’alarme sur mon blog avec un texte que j’ai intitulé : « Péril en la demeure ». Peut-être étais-je en avance sur les évènements mais je crois que personne ne conteste aujourd’hui la gravité de la situation. Y avons nous apporté la réponse appropriée, je ne crois pas. Il me semble que la situation est plus grave qu’on ne l’admet. Ce livre se veut une contribution au débat qui doit préparer les élections de 2016.
Vous dressez un tableau sombre de la gouvernance d’Ali Bongo qui démontre que vous n’étiez qu’un Premier ministre figuratif. Pourquoi n’avez-vous pas claqué la porte ?
On ne se rend pas compte de la vacuité d’une fonction le jour où on y accède. C’est une succession d’évènements qui se produisent et qui vous ouvrent progressivement les yeux. Vous percevez d’abord des signaux qui se mettent à clignoter avant de devenir des feux continus. C’est véritablement le dossier Sovog en juin 2013 qui m’a ouvert les yeux tant il était gros. Il m’a conduit à réinterpréter rétrospectivement les attitudes, comportements et décisions des mois qui l’ont précédé.
Cependant, confronté à la contestation syndicale, ma démission à ce moment aurait ressemblé à une fuite devant la difficulté qui aurait été exploitée contre moi. De plus, je tenais à voir aboutir l’épineux dossier des rappels. Si je l’avais lâché à ce moment, il aurait probablement été abandonné. Chacun peut d’ailleurs constater que ceux qui n’ont pas été payés en décembre 2013, attendent toujours leur tour.
C’est pourquoi aussi je n’ai pas donné suite à l’invitation très courtoise que m’a adressée le porte-parole du Président dans ce sens.
Avez-vous, tel que le prétend la rumeur, été heurté dans votre action par l’immixtion de Maixent Accrombessi ? Est-il le vrai président de la République que prétend la rumeur ?
Je vous renvoie à mon livre. Je n’y ai pas pratiqué la langue de bois. Il n’y a pas de vrai président et de faux président. Il y a un président investi en exercice. C’est lui qui donne à ses collaborateurs le pouvoir de faire ce qu’ils font. Ils agissent donc en son nom. Au demeurant, la Constitution ne reconnaît pas les collaborateurs du président en poste à la présidence. Elle connaît le président, le gouvernement, le Premier ministre et les autres institutions.
Après votre sortie du gouvernement et le tableau que vous brossez aujourd’hui, pourquoi restez-vous au PDG même si vous en avez démissionné de la hiérarchie ? Cette formation politique a-t-elle un avenir sans Ali Bongo au pouvoir ?
J’y réfléchis. Quant à l’avenir du PDG post Ali Bongo Ondimba, je ne suis pas devin.
Croyez-vous, en l’état actuel du système électoral gabonais, avec les acteurs partisans qui l’animent, que l’alternance est possible par les urnes ?
Oui, je crois que l’alternance est possible par les urnes. C’est même la seule alternance raisonnable que tous les démocrates doivent encourager. Ce n’est pas le système électoral qui pose problème, ce sont ses modalités de mise en œuvre. C’est à ces modalités qu’il faut s’attaquer pour rendre le prochain scrutin équitable. Par exemple, puisque le ministère de l’Intérieur a collecté les informations biométriques sur tous les électeurs, tous ceux-ci devraient se voir délivrer une carte nationale d’identité dès cette année 2015 pour que tous les électeurs puissent se prévaloir d’une même identification le jour du scrutin. En second lieu et pour éviter que des fraudes ne s’opèrent à partir des cartes d’électeurs non distribuées, tous les électeurs devraient être authentifiés dans chaque centre de vote de sorte que les absents ne votent pas, malgré eux-mêmes, au profit du candidat le mieux représenté dans leurs bureaux de vote. Sur cette base, les parties en compétition pourraient valablement sécuriser les votes des uns et des autres. Je voudrais d’ailleurs rappeler que j’avais présidé la commission sur les modalités de mise en œuvre de la biométrie dans le processus électoral en 2013 dont les conclusions avaient favorisé des élections locales apaisées. Le débat sur l’authentification à cette occasion avait été intense et s’était conclu par un large consensus autour d’une formule d’authentification localisée.
Pour revenir à votre livre, pouvez-vous livrer aux lecteurs qui l’attendent, un bref résumé de son contenu ?
Je crois que chaque lecteur devrait se faire sa propre opinion. Moi j’ai écrit, aux lecteurs de se faire leur synthèse. Ce que je peux dire c’est que ce livre commence par un rappel du contexte historique de 2009, caractérisé par la mort d’un homme, Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé le Gabon pendant plus de 40 ans. Il revient sur les stratégies des uns et des autres à cette occasion et leurs conséquences ultérieures. Il décrit ensuite les ambiguïtés de mon entrée au gouvernement et de mon arrivée à la Primature. Il présente alors tour à tour les dérives de la gestion courante de l’Etat ; la contestation sociale croissante ; les dysfonctionnements de l’Administration et plus largement de l’Etat ; le décrochage par rapport à la Constitution. Il se termine par un constat sur le virage manqué de 2009 et suggère des pistes en vue de sortir de l’impasse actuelle et pour reprendre le chemin de la construction d’un pays prospère. J’espère que chacun lira ce livre avant de se faire une opinion.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Kombila dit :

    Trop d’allusiions et de non-dits et je reste sur ma faim. Que GR consacre plus de temps à une interview de cette nature ne déplaira à personne. Surtout en dehors du livre (est-il aussi en ligne ?), que nous eespérons trouver dans les librairies gabonaises, nous voulons connaitre surtout le reste et je n’ai rien vu des sujets annoncés dans le « chapeau ». Ou j’ai mal lu ? Ou ça viendra plus tard ?

  2. yolande dit :

    mrs ndong sima vous etes cet homme qui peut enmener le gabon vers un autre destin . en fonction vous etes restés combatif pour le plus grand nombres , vous auriez pu vous taire et continuer de jouir de vos avantages comme le font des ainés tels que ondo methogo et autres , vous etes un modéles et merci de prendre vos responsabilité

  3. Loundou dit :

    Le problème de Ndong Sima se sont ses volte face. PDGiste bon teint, qui dirigeait les sociétés d’etat, puis subitement UDGD quand il a tout perdu, puis rePDGiste dès qu’il a été appelé au gouvernement, et dès que ça ne marche pas, le revoilà opposant de fait.
    Il faut que les barons arrêtent de croire qu’on ne voit pas ça. Le peuple attend passer à autre chose. On veut un homme neuf.

  4. wa makebe dit :

    Merci ,Mr loundou: tu as bien parlé(folte face de ndong sima)

  5. Marcelin dit :

    Loundou sa c’est le congossa avant 2006 ndong Sima n’avait jamais été pedegiste il avait des fréquentations d’oppositions et mais ne militait dans aucun parti politique . Le problème est qu’au gabon on assimile la réussite professionnel obligatoirement à l’appartenance au PDG . Ndong Sima est entre à lugdd en 2006 puis il en est ressorti en 2006 ….de 2006 à fin 2011 il n’est dans aucun parti puis octobre 2011 il entre au PDG donc d’où viens cette rumeur qu’il serait changeant à chaque fois

  6. L'observateur dit :

    Chapeau Mr le PM cet ouvrage est très interessant en tout cas !!
    On y découvre un homme apparemment attaché aux valeurs républicaines et qui aime son pays (même si du coup j’ai du mal à approuver les raisons de son ralliement)
    Par contre si ces allégations sont vraies (et je le pense), notre pays est dans un état déplorable.
    Le livre n’est pas un receuil d’injures ou de ragots mais incite à une réflexion importante sur la réforme nécessaire de l’état, des mentalités et l’établissement des règles de vivre ensemble. Dommage qu’il ne soit que de 200 pages je suis resté sur ma fin tant je pense qu’il y avait d’autres aspects à déveloper. Je le recommande vivement.

  7. Alex KABENA dit :

    c’est le resumé actuel de la vie politique au Gabon, des qu’on se fait oublier par le PDG on change de camp

  8. Mamboudouiste authentique dit :

    Voila ce que doit être le vrai débat. la réflléxion sur les problemes actuels et les solutions possibles pour en sortir. Ndong Sima incarne l’avenir de ce pays: il n’est pas tribaliste comme d’autres, bon technocrate il croit dans un Gabon prospère par l’actio conjuguée de tous ses enfants sans disctinction régionale. Ce type qui m’ a enseigné à INSG et l’IEF est le genre des Gabonais qu’il faut soutenir en cas de…..

  9. lpb dit :

    On ne commet pas un livre. Du moins, par cette expression vous connotez négativement l’oeuvre qu’à produit Mr le PM.
    On commet un acte répréhensible, chers Gabonreview.

    • François Ndjimbi dit :

      En effet, selon le Larousse, «Commettre» signifie «Accomplir une action blâmable ou regrettable : Commettre un crime, une imprudence.» Et selon la même référence, en langage familier «Commettre» c’est : «Être l’auteur d’un ouvrage, d’un article irrespectueux, critiquable, ou considéré comme plus ou moins valable, etc.» L’ironie qui est la notre nous a fait penser que l’ouvrage de M. Ndong Sima sera nécessairement reçu et qualifié, par ses adversaires, avec cette deuxième acception. Permettez-nous un peu d’ironie, un peu de métaphore, mais surtout, merci d’avoir relevé ce petit trait d’esprit que certains n’ont pas saisi. Merci également de continuer à nous suivre.

  10. Mone Afirikara dit :

    Voici ce que pense JEUNE AFRIQUE de la situation au GABON. Ce magazine roule vraiment pour Ali. Vraiment c’est honteux pour l’Afrique ( dire que c’est pour de l’argent; on ne vous enterrera même pas avec).
    « Un climat politique tendu, des cours du pétrole en berne, des grèves à répétition : il n’en fallait pas plus pour que certains prédisent une explosion sociale. Mais les nuages se dissipent, et le gouvernement maintient son cap. »
    …. »Stratégie hasardeuse de l’opposition
    C’était oublier que Libreville n’est pas Ouagadougou et qu’Ali Bongo Ondimba n’est pas Blaise Compaoré. Mais qui parmi les meneurs de la manifestation du 20 décembre dans les rues de la capitale n’a pas rêvé du contraire ? Peine perdue, la stratégie hasardeuse de l’opposition n’a pas produit le résultat escompté. Et le soufflé Péan est retombé. À cause des liens troubles du Français avec le Gabon, des approximations d’une enquête et de l’extrême violence de l’attaque – qui a eu pour effet de susciter de l’empathie pour sa victime. » JEUNE AFRIQUE
    Heureusement qu’on connait déjà votre ligne éditoriale!
    FOUTAISE!

  11. Koulou la tortue dit :

    Merci Raymond Ndong Sima, grâce à vous j’ai eu mon rappel que j’attendais depuis 10 ans.

  12. imagine56 dit :

    Boycottez ce journal ,Jeune Afrique doit bien « manger » l’argent de l’émergence pcq, quand Ali ne sera plus là, je suis de ceux qui demanderont à ce que ce journal ne paraisse plus au Gabon…Jeune Afrique c’est la réplique du journal gouvernemental l’UNION, quand on l’a compris , on ne l’achète pas, il ne raconte que des mensonges
    exactement comme les J-Jacques Azizet et cie

  13. Manzo sinandong dit :

    Le Gabon est une maison de verre! Tout ce qu’est expliqué dans ce livre est connu de tous. Le Gabon est malade de ses dirigeants,il faut avoir du courage pour parler avec objectivité et du bon sens pour préserver les générations futures de cette gestion calamiteuse.

  14. pangolin dit :

    Raymond, j’ai acheté ton bouquin… top !!! courage, tu es l’avenir
    je serai très content d’avoir une dédicace pour notre bibliothèque
    Je transmettrai mon contact par la voie des grands anciens

  15. Mezui dit :

    Vous les Gabonais vous ne comprenez rien du tout, Ali et tous ces gens qui écrivent se foutent de votre gueule pendant qu’il y en a qui continue de mourir de faim, de crimes rituels, de paludisme et qui dorment par terre pendant qu’eux tous sans exception roulent dans de grosses voitures, achètent des appartements en France à des prix défiant toute concurrence, s’hébergent dans des hôtels luxueux, se tapent toutes femmes qu’ils veulent, ne pensent qu’à leur carrière. Le coup qu’Ali et ce type sont en train de vous préparer va vous mettre tous à terre ; ce sont des frères ésotériques les amis. Soit disant Attias répond, foutaise, il est en train de le soutenir et tout ca pour faire diversion et laisser passer Ali tout en gênant le Front. Une fois qu’Ali sera repassé en 2016, vous me direz si ce type n’a pas sa promotion. Il ne pense qu’à sa réussite perso, il n’en a rien à foutre de vous, il suffit de voir comment il a géré son entourage proche. PPppFFFF blablablabla, on mange les livres ? il va encore s’enrichir sur votre dos. Faites des photocopies ; ne l’enrichissez pas plus que ça, il a déjà bien volé comme il faut. La politique, c’est savoir manier son savoir pour berner le plus grand nombre

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