Censé réguler le temps d’antenne sur les médias publics des différents candidats à la dernière présidentielle, le CNC a tout bonnement échoué. Le rapport de la MOE-UE révèle un déséquilibre en faveur du candidat du Parti démocratique gabonais (PDG).

Le siège du Conseil national de la communication à Libreville (archive). © D.R.

 

Sur la question de la couverture médiatique de la campagne électorale d’août 2016, le rapport de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE) révèle que la totalité des médias publics a clairement été favorable à Ali Bongo. Ce qui apparaît pour beaucoup comme un échec du Conseil national de la communication (CNC) censé faire respecter l’équilibre dans la distribution du temps d’antenne des différents candidats en lice. Et si le régulateur des médias nationaux n’est pas parvenu à remplir sa mission en dépit de l’émission «Le débat» initié par ses soins et diffusé sur Gabon Télévision et Radio Gabon, c’est parce qu’il reste moins bien outillé en la matière. «La réglementation en vigueur en matière de couverture de la campagne électorale par les médias publics ne peut pas garantir l’équité d’accès aux candidats», a constaté la MOE-UE.

Le monitoring des médias nationaux publics et privés (audiovisuels et écrits) des observateurs de l’Union européenne a notamment révélé que sur 2 873 minutes consacrées à la couverture de la campagne électorale, le candidat Ali Bongo a bénéficié de 46% sur Gabon 24, 22% sur Gabon Télévision et 53% sur Radio Gabon. Pour son principal challenger, Jean Ping, la présence sur ces médias publics était respectivement de 15%, 4% et 19%. Certains candidats, indépendants pour la plupart,  à instar d’Abel Mbombe Nzoundou ou Roland Désiré Aba’a Minko n’ont été quasiment bénéficié que d’un unique passage sur chacun de ces médias. Durant les deux semaines ayant précédé la campagne électorale proprement dite, ces deux candidats affichaient 0% de temps d’antenne sur les 2 079 minutes observées dans tous les médias, publics comme privés.

La MOE a constaté que 75% du temps d’antenne et 78% de l’espace réservé par la presse écrite à Ali Bongo dans le cadre de son rôle institutionnel a été consacré à des thèmes de campagne. «Aucun des autres candidats n’a bénéficié d’un accès aux médias comparable pendant la période précédant la campagne».

Dénigrement des candidats : silence coupable ?

On l’avait regretté durant la campagne électorale, le silence du CNC, avait été mal perçu. Contrairement à son habitude, l’institution n’était pas intervenue alors que certains candidats, particulièrement Jean Ping, faisaient l’objet de dénigrement sur les médias publics et privés. Une attitude qui n’a pas échappé à la MOE-UE. «Jean Ping a été au centre d’une campagne de dénigrement sur les écrans et les pages de plusieurs médias observés avant, pendant et après la campagne électorale. Par contre, le Président a été le protagoniste de plusieurs spots audiovisuels promouvant des tournois de football ainsi que de nombreux clips musicaux diffusant ses messages politiques pendant toute la période monitorée», rappelle le rapport.

La nécessité d’actualisation

En plus de faire face à des difficultés matérielles pouvant permettre à l’institution de faire son propre monitoring des médias, le CNC est confronté à un problème d’actualisation, y compris de sa loi sur la couverture des élections politiques. Le rapport de la MOE-UE ne cache d’ailleurs pas que le régulateur s’est laissé surprendre par le ralliement de certains candidats derrière Jean Ping et le retrait consécutif de leurs candidatures.

Or, en matière de distribution du temps d’antenne parmi les candidats à une élection présidentielle, la loi prévoit trois catégories d’acteurs : la majorité, l’opposition et les indépendants. La répartition du temps d’antenne entre ces trois catégories se fait donc sur la règle des trois tiers (1/3 aux candidats et aux partis politiques de la majorité, 1/3 aux candidats et aux partis politiques de l’opposition et 1/3 aux candidats indépendants). «Cependant, relève le rapport de la MOE-UE, en tenant compte du ralliement de certains candidats derrière Jean Ping et du retrait consécutif de leurs candidatures, l’élection présidentielle a vu la compétition entre un candidat de la majorité, trois candidats de l’opposition et cinq indépendants. Ainsi, le candidat de la majorité était en droit de bénéficier du même temps d’antenne que les trois candidats de l’opposition ou les cinq candidats indépendants réunis. De surcroît, un candidat présidentiel, Paul Mba Abessole, n’appartenait à aucune des trois catégories, une situation que la Loi ne prévoit pas.»

C’est le 28 juillet 2016 que la MOE-UE a débuté son monitoring des médias au Gabon. Celui-ci, basé sur l’analyse qualitative et quantitative d’un échantillon de plusieurs médias nationaux audiovisuels, écrits et en ligne, publics et privés, s’est intéressé à Gabon Télévision, Gabon 24, TéléAfrica, TV+, Radio Gabon, La Loupe, l’Union, Nku’u Le Messager, Echo du Nord, Ezombolo, Le Mbandja, Gabonactu.com, Gaboneco.com, Gabonews.com, Gabonlibre.com, Gabonreview.com et Gabonactuel.com.

 
GR
 

13 Commentaires

  1. Rhody Junior dit :

    « Ce qui apparaît pour beaucoup comme un échec du Conseil national de la communication (CNC) » Échec Non!

    Je crois qu’un échec est ne pas atteindre ses buts et objectifs.

    Et comme je crois aussi que l’objectif du CNC n’a jamais été de donner le même temps de parole à tous, il n’y a pas d’échec.

    Je crois même que cette institution comme toute les autres (encore que celle ci est dirigée par un ex ministre de l’intérieur au moment d’une élection des plus « démocratique ») est au service d’Ali Bongo.

    Comme le président de la Cenap qui se fait applaudir pour avoir triché, des policiers qui ont reçu des primes après des morts, celui du Cnc sera chaudement félicité pour ces chiffres qui témoignent de sa haute dévotion. Voici le Gabon des Bongo, le même depuis 50 ans.

    • marcel Guisir dit :

      Rhody Junior, c’est exact! Ils ont atteints leur objectif, donc pour le PDG ce n’est pas un échec.

      Lorsqu’on voit ces chiffres, on comprends aisément que dans ce pays, le choix des électeurs portent peu sur les idées développées par les candidats, mais plus sur les hommes. De même que le projet PDG qui a été le plus médiatisé n’a vraisemblablement pas convaincu, même en considérant les résultats de la CC, avec toute la médiatisation 15000 voix d’écart (ça représente un lycée).

    • Le Juste dit :

      Entièrement d’accord avec toi RHODY

  2. Airborne dit :

    Toutes ces institutions de la cours constitutionnelles, cenap en passant par le cnc, la MOE-UE a confirmé dans son constat que ce sont des coquilles vides qui font du bruit et qui manquent de credibilité. Donc, tout cela est à revoir afin de se mettre aux normes internationales comme d’autres pays africain, où la democratie se sent et se vit (Ghana, Senegal…)

  3. lepuant dit :

    TOUTES LES INSTITUTIONS AU GABON SONT DES MACHINS . Elles n’ont jamais inspieés confiance meme du vivant de BONGO- PERE .Et c’est vraiment une honte !

  4. Le Rapporteur du Palais dit :

    Paul Biya au Cameroun, 5 ou 6 ré-élections continues, plus de 32 ans de pouvoir; Sassou du Congo, idem; L’Equato Mbazogo idem; Idriss Deby du Tchad idem; et la liste continue, même hors de notre Région…. Ou sont les rapports MOE-UE ad hoc ? Na Pas !
    Pourquoi les Gabonais acceptent que leur pays soit traité comme le petit Poucet de la Région ? Comme un état encore sous-tutelle ?
    Que les patriotes Gabonais, dans un sursaut d’indignation nationale, jettent cette paperasserie au panier et se réunissent dans un Dialogue National pour régler les problèmes nationaux. Formez mille, deux mille Partis ou Associations, avec le sigle *. »pour le Dialogue National » et vous serez invités sans autre forme de procès.
    Il y a a manger pour tout le monde, mais faut-il se donner la peine de venir s’attabler.
    A bons entendeurs

  5. CHARY dit :

    Les institutions Gabonaises ne sortent de leurs léthargie, dans le Gabon des bongo, que pour frauder, détourner l’argent public et exercer la répression. Le CNC et La CENAP(qui n’a pas de règlement intérieur??), ne sont des institutions que de nom, en d’autre terme des coquilles vide, sans aucun pouvoir et aucune autorité, ne parlons même pas d’indépendance, comme le démontre le rapport de l’UE (oeuvre historique, pour les génération future, qui plante dans le marbre la forfaiture des bongo). Voila pourquoi le Gabon est une république bananière, UN PAYS SANS INSTITUTIONS…ET SANS CONSTITUTION.

  6. Le Villageois dit :

    Ce sont des institutions-poubelles. C’est révoltant de savoir que les personnes qui y travaillent sont grassement payées par l’argent du peuple. On voit certains, sans aucune dignité, se pavaner en ville dans de grosses cylindrées avec des plaques estampillées CNC pendant ce temps et à cause de leurs actes, le Gabon se fait ridiculiser devant le monde entier. Triste spectacle !

  7. Gabond'abord dit :

    Mais qu’est-ce que les gabonais peuvent être myopes!!! On se déchire, s’entretue et on crée un climat tellement anxiogène que c’est nous même qui souffrons. La démocratie à l’occidentale est un modèle de pensée unique selon lequel c’est dans la confrontation que l’on progresse. Est-ce que nous sommes préparés à gérer cette démocratie des réseaux sociaux, des invectives, des injures, au détriment de la question essentielle qui est celle des projets de développement du Gabon et de la façon de les mettre en œuvre. Je suis finalement nostalgique du monopartisme avec ses plans de développement, son administration bien pensée et au service des populations. Aujourd’hui, nous sommes à la merci des occidentaux, chacun cherchant à vendre ce pays au nom des intérêts personnels, des égos, du ventre. Il faut voir comment chacun ricane en entendant les invectives des colons. Bon sang, ressaisissez vous! Nous avons besoin de discuter au nom de l’intérêt du pays, il n’y a pas de camps, de familles, d’égo, mais une nation, le Gabon! Faut-il qu’on fasse la guerre pour que l’on comprenne une bonne fois pour toute que nous devons construire un modèle de gouvernance à notre image, selon nos valeurs, dans la paix et la transformation structurelle du pays?

    • gaboma dit :

      Le problème justement ce que les valeurs on n’en a pas. Vous en premier d’ailleurs. Le problème ce n’est pas la démocratie mais la mauvaise moralité, la méchanceté des gouvernants, la nature criminels, voleurs, tricheurs se parfois caché se révèle à chaque élections parce que la démocratie que voulez accuser devient nocive lorsqu’elle n’est que de façade pour ceux pour qui « on organise pas une élection pour la perdre ». Les pays les plus avancés du monde restent démocrates « comme on l’entent ». Et la bassesse de vos pseudo-valeurs qui vous empêche de dénoncer la malhonnêteté et le manque de loyauté envers la patrie de ceux qui incarnent nos institutions. Les gabonais et les africains en général n’attendent pas l’UE et la démocratie pour se rendre compte qu’on est dirigé par des cupides sans vergogne. Ce n’est pas l’UE qui falsifient des résultats de vote de façon aussi honteuse et les valide. Vous êtes nostalgiques du partie unique parce vous faites partie de ces égoïstes qui pensent que seul leur caste doit rester à diriger le Gabon et que les autres gabonais et leurs familles ne doivent aspirer à diriger leur pays à la plus haute fonction. Le problème ce n’est pas la démocratie mais les fossoyeurs de la démocratie.

    • gaboma dit :

      Argument malhonnête et fallacieux. Et c’est ça vos seuls valeurs. Le problème ce n’est pas la démocratie mais ceux qui la corrompent avec des institutions plutôt familiales et partisanes que républicaines. Démocratie corrompue avec la fraude systématique et organisée. Dans ces conditions la dictature est mieux parce que les dictateurs pour entretenir une démocratie de façade utilisent les moyens de l’état, les institutions et l’administration principalement d’abord pour contrer la démocratie par la corruption et la gabegie. Mais une démocratie lorsqu’elle est réelle comme au Ghana, au Sénégal, est tout ce qu’il y a de meilleur pour avoir la personne qu’il faut à la place qu’il faut, car il n y a pas d’émergence possible dans une dictature où un système hybride qu’on veut faire passer pour une démocratie qui ne serait bonne pour certains pays.

  8. Usain Nkomi dit :

    @Gabond’abord

    Quelles valeurs? Citées les moi svp.

    Ceux qui se sont proclamés vainqueurs et qui pensent avoir le droit de diriger ses assises incarnent ils les valeurs dont vous parlez?

  9. Pierre M dit :

    Le CNC c’est comme tout les intitutions a la solde du pouvoir que sont la cours constitutionnel, la CENAP, l’Armee, l’Assemblee Nationale, les medias publics etc
    C n’est donc pas un echec mais plutot une reussite du CNC car elle a bien fait son travail de partialite en faveur d’ali bongo.

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