Accusé d’être un «roitelet», le directeur général du Budget et des Finances publiques s’en défend, quoi que l’étendue et la nature de ses prérogatives ne soient pas claires pour tout le monde.

Jean-Fidèle Otandault, un DG au dessus de tous les autres ? © Gabonreview

Jean-Fidèle Otandault, un DG au dessus de tous les autres ? © Gabonreview

 

Pour une partie de l’opinion, le directeur général du Budget et des Finances publiques (DGBFP), serait désormais incontournable dans la chaîne de la dépense publique, à tel point que tout passerait nécessairement par lui, sinon rien. Ancien directeur général du Contrôle financier avant la réforme qui l’a vu se muer en directeur général du Contrôle des ressources et des Charges publiques, Jean-Fidèle Otandault, à l’instar du ministre du Budget et des Comptes publics, Christian Magnagna, dit avoir contribué à la conduite du projet relatif à la mise en place de la budgétisation par objectifs de programme (Bop). Si l’on se souvient que le passage à la Bop fut initié par Blaise Louembet et qu’une loi fut votée avant que son décret de promulgation ne soit retoqué par la Cour constitutionnelle, il n’est cependant pas étonnant que la gestion de la DGBFP revienne à l’actuel titulaire du poste, désormais accusé de détenir un pouvoir plus important que celui de tous les autres directeurs généraux de l’administration publique. Jean-Fidèle Otandault, «super DG» ? Serait-il un autre type de «roitelets», ces hauts fonctionnaires tout-puissants naguère dénoncés par Paul Toungui et Omar Bongo Ondimba ? La question se pose.

Pourtant, récemment interrogé sur la question, l’homme a dit comprendre les critiques. «Tout part d’un malentendu et d’un manque d’informations de la part des compatriotes qui me perçoivent comme un «DG XXXL», depuis ma nomination», a-t-il accusé, avant d’ajouter : «Il faut avoir à l’esprit ce qui se faisait avant et ce qui se fait maintenant. Depuis la création de la DGBFIP, d’importants changements ont été effectués dans le domaine de la gestion des marchés publics et des deniers de l’Etat. Il s’agit désormais de prôner la responsabilité des acteurs économiques, partenaires de l’Etat, en veillant à la réalisation de leurs engagements sans qu’on n’ait à dépenser plus qu’il n’en faut.»

Créée le 16 janvier 2015 dans le but de «s’assurer de la stricte application des dispositions du Code des marchés publics», la DGBFIP a pour objectifs de «supprimer les dysfonctionnements dans le circuit de la dépense, d’optimiser la gestion des deniers publics et de veiller à la transparence des procédures d’acquisition des marchés publics».

Réputé proche de Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet du président de la République, Jean-Fièdle Otandault affirme que sa mission ne se limite plus qu’à l’élaboration, le suivi et le contrôle du budget de l’Etat, ainsi qu’à la gestion du patrimoine administratif, au contrôle des ressources et des charges publiques comme à la centralisation de la passation, l’approbation et le contrôle de l’exécution des marchés publics. «Je ne suis donc qu’un contrôleur, et non un DG au-dessus de tous les DG du Gabon comme le prétendent certains, dont la plupart sont des lobbyistes réfractaires au changement que nous sommes en train d’amorcer», a-t-il rétorqué. Soit. Mais, peut-on à la fois, passer les marchés, ordonnancer et contrôler sans créer un mélange des genres ou s’emmêler les pinceaux ? Est-ce le meilleur gage de transparence ? Voire…

Pour tenter de faire entendre raison à ses détracteurs le directeur général du Budget et des Finances publiques indique qu’«il ne s’agit nullement d’une concentration de plusieurs directions générales comme l’estiment certains, mais d’un regroupement de quelques départements assignés à des opérations précises». Et d’ajouter : «Ce sont désormais les responsables de mission, de projets et de programme au sein de la BOP qui exécutent le budget et moi je me contente de contrôler, en mettant à la disposition des responsables de la chaîne managériale de la BOP les différentes autorisations d’engagement que le parlement a voté, et c’est à eux d’engager, de liquider, d’ordonnancer et de demander au Trésor public de payer, comme cela se fait partout ailleurs en occident, préconisé par le FMI». Au-delà du jargon technique, faut-il encore que l’on sache quel est le règlement général de la comptabilité publique. Est-ce toujours la loi 5/85 ? Mystère et boule de gomme…

Si une série de communications doit être engagée pour que la lecture officielle des choses soit présentée au plus grand nombre, d’aucuns s’interrogent du coup sur les missions et prérogatives de l’ancien directeur général du Budget, Yves-Fernand Manfoumbi : «Etait-il, à l’époque, le véritable «super DG» dont il est fait allusion ?» Seul l’actuel patron du Bureau de coordination du Plan stratégique Gabon émergent (BCPSGE) pourrait le dire.

 

 
GR
 

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