Lancé en grande pompe en 2013, le Programme 3808 logements de la Société nationale immobilière (SNI) est suspendu à Libreville et dans plusieurs capitales provinciales. À ce qu’il semble, BGFIBank qui avait accepté d’accorder un crédit de 100 milliards de francs CFA à la première entreprise publique de construction immobilière attend que l’État verse un acompte de 7 milliards CFA pour le déblocage des fonds.

Chantier de logements sociaux à Bikélé. © pdghautogooue.com

Chantier de logements sociaux à Bikélé. © pdghautogooue.com

 

Le programme 3808 Logements devait être livré, dans un premier temps, en septembre 2015 pour les premières habitations, puis en juin 2016 pour la seconde phase. Mais, à ce jour, aucun logement n’est disponible. De nombreux réservataires de maison ont reçu, en juin et juillet 2015, puis en janvier 2016, une correspondance du directeur général de la SNI, Juste Valère Okologo W’Okambat, les informant de ce que leur logement ne leur serait pas livré dans les délais requis en raison de «certaines contraintes techniques et financières». Problème : les réservataires avaient versé des acomptes allant parfois jusqu’à 10, voire 15 millions de francs CFA pour des logements F4 dont le prix est de 42 millions de francs CFA ! Un collectif des réservataires des logements pourrait se constituer dans les prochains jours. Il y a donc de la grogne dans l’air…

L’initiative prise par la SNI d’accompagner le gouvernement dans le projet de construction de logements était pourtant louable. Dans la promesse faite par le candidat Ali Bongo en 2009  – et moult fois fois répétée par André Ohayon, alors directeur général de l’Agence nationale des grands travaux (ANGT), de construire 35.000 logements en sept ans – la SNI apportait 3808 logements dans la «gibecière». L’entreprise avait toutefois sollicité et obtenu un crédit de 100 milliards CFA auprès de BGFIBank, mais le gouvernement devait payer les frais relatifs à ce crédit, soit un montant de 7 milliards de francs CFA. Il n’aura pas honoré son engagement.

Toutefois, la SNI a engagé le début des travaux, sur fonds propres et sur les fonds versés par les réservataires, espérant que le gouvernement finirait par honorer sa promesse de payer les 7 milliards de francs à la banque. Mais devant le peu d’empressement de l’équipe Ona Ondo, et face à un essoufflement certain, la SNI a dû suspendre les travaux. Ayant constaté qu’aucune entreprise étrangère, à l’exception d’un consortium turc, avait décidé d’investir dans l’immobilier au Gabon, la SNI s’était mise en avant pour réaliser une bonne partie des habitations. Résultat des courses : elle se retrouve dans des difficultés financières apparemment inextricables !

D’où la question de certains administrateurs de la société et de plusieurs parties prenantes au dossier de savoir si la question du logement a vraiment été la priorité des différentes équipes gouvernementales qui se sont succédé tout au long de ce septennat d’Ali Bongo. On peut difficilement comprendre en effet qu’ayant annoncé une promesse de 5000 logements (sociaux) par an, le chef de l’Etat, une fois au pouvoir, n’ait pas pu, au bout de sept ans, impulsé la fin des travaux sur les différents sites. Que ce soit à Angondjé, Bikélé, Nkok, Port-Gentil, Makokou, Kouluamoutou, ou Tchibanga, aucun logement n’a été livré. Tout compte fait, moins de neuf cents logements auront été attribués en 7 ans !

Le logement reste ainsi l’un des maillons faibles du bilan du chef de l’Etat. Il va falloir des trésors d’imagination à ceux qui mèneront sa campagne pour dire pourquoi ce secteur, comme d’autres, n’a pas prospéré. Si, avec leur gouaille et leur assurance habituelle, ils sauront trouver les mots, réussiront-ils à convaincre ?

 

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Charles Auleley dit :

    C’est tout simplement la résultante de la gouvernance calamiteuse d’un type aux manettes entouré de sa bande de tocards de petits amis et profiteurs.
    Bref, ceux qui auraient franchement parié en 2009 sur un tel échec généralisé auraient été aujourd’hui millionnaires, voire milliardaires. Une mise facile pour un gain inimaginable. Pour ceux qui savaient, ce n’était pas un jeu de hasard mais plutôt un jeu de certitude, de pure logique. Un nullard reconnu ne produit inévitablement qu’un concentré de nullité, pur jus. Croire au contraire s’apparente à de la folie!
    Malheureusement, sous le ciel gabonais, un tel nullard trouve toujours des tas de suiveurs aveuglés, manipulés, achetés ou contraints. Dieu seul sait!
    Attention, il n’est plus seul. Nous avons une génération spontanée de bébés nullards affamés qui agrandira le nombre de ce fameux « cercle familial » dans lequel chacun devrait rivaliser de bêtises. Ils visent tous le contrôle des affaires. Bonjour l’hécatombe.
    Bref, le chemin sera long et difficile. Du courage.

  2. Ngozo dit :

    Pareil pour la SNLS qui procédé au tirage au sort en janvier. Nous sommes en juin, aucun des 872 logements sociaux n’a été livré en raison aussi de « certaines contraintes techniques et financières » (la SNLS n’a pas payé la SEEG pour le branchement de l’eau et l’électricité, ainsi que la société de traitement des eaux usées). Alors qu’ils auraient pu demander aux bénéficiaires des logements de payer eux-mêmes les branchements et les abonnements à la SEEG, ainsi tout le monde aurait eu déjà son compte : les bénéficiaires leur logement, et la SNLS recouvrerait déjà les paiements. Tant que les logements ne sont pas livrés, c’est un manque à gagner de plusieurs millions par mois pour la SNLS. Le ministère de l’Habitat n’est même pas conscient de tout ça. tout le tapage médiatique sur le tirage au sort et la remise des clés n’était que du bluff. Ainsi va la gouvernance des Emergents !

  3. Man gabon dit :

    Le logement, besoin fondamental de l’être humain, qui aurait dû être une des priorité du PSGE du Chef de l’Etat, est le cadet des soucis d’Ali Bongo. Au lieu de construire aux Gabonais des logements décents et des écoles, il préfère leur offrir des accessoires improductifs comme la CAN.

  4. Jean MISSE ME ZEME dit :

    Avec cette affaire de promesse non tenue sur les 35.000 logements, quel bilan peut-on défendre ? Même nous les pédégistes, on ne peut pas le défendre. Nous nous offrirons soit à Ping, soit à Héritage et Modernité.

  5. Jean MISSE ME ZEME dit :

    Bye bye Ali !

  6. Bahia dit :

    Quelle promesse Ali a t’il tenu?

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