Le 15 octobre 2011, le fondateur de l’Union du peuple gabonais (UPG) s’éteignait à l’âge de 64 ans. Depuis, son parti peine à trouver ses repères et les guerres de leadership sont loin d’être terminées.Etat des lieux et mémoire.

Pierre Mamboundou. © D.R.

Pierre Mamboundou. © D.R.


 
Au lendemain de la célébration du 4e anniversaire de la disparition de Pierre Mamboundou, la gestion de son héritage politique est en débat. On se souviendra que suite à sa disparition, une guerre fratricide opposa ses héritiers putatifs, virtuels ou autoproclamés. Certains avaient alors cru bon de jouer de leur proximité avec sa parentèle pour s’arroger le leadership de sa formation politique. D’autres proclamaient leur proximité idéologique avec lui pour parvenir à leurs fins. Résultat des courses : des scissions en cascades et un net recul pour l’Union du peuple gabonais (UPG).
Pierre Mamboundou, en 2009. Son Fauteuil peine encore à trouver preneur. © D.R.

Pierre Mamboundou, en 2009. Son Fauteuil peine encore à trouver preneur. © D.R.


Sommaire état des lieux
Aujourd’hui, l’UPG est scindée en trois factions. D’abord, l’aile dite légaliste de Mathieu Nziengui Mboumba, qui se réclame d’une «opposition républicaine et responsable». Ensuite, la branche dite loyaliste de Jean de Dieu Moukagni Iwangou, qui revendique un ancrage dans l’opposition dure et affirme lutter pour les principes. Enfin, la tendance dirigée par Bruno Ben Moubamba qui dit combattre contre la «sorcellerie politique».
Les obsèques de Pierre Mamboundou furent une meurtrissure gravissime pour ses militants. De Libreville à Ndendé en passant par Mouila, sa dépouille fut exposée devant des milliers de personnes en pleurs. Dans ces trois villes, des marches furent organisées en son hommage. Alors président de France, Nicolas Sarkozy adressa une lettre de condoléances à la famille du défunt tandis que plusieurs parlementaires français dont François Hollande signaient le livre de condoléances pour vanter ce combattant pour la démocratie et la liberté, sans aucun doute le plus brillant de la classe politique gabonaise de son époque et l’un des plus farouches opposants au régime d’Omar Bongo.
L’héritage de Pierre Mamboundou est-il trop lourd à porter ? L’UPG ne portait-il pas en elle les germes de sa propre destruction au regard de la forte personnalité de Pierre Mamboundou, leader naturel et incontesté ? On note que sous son règne, jamais ce parti n’organisa de congrès. Si Mathieu Nziengui Mboumba siège aujourd’hui au gouvernement après le refus de Jean de Dieu Moukagni Iwangou d’en faire partie, les militants semblent abandonnés à eux-mêmes. Ils assistent impuissants à une guerre des chefs par tribunaux interposés, sans vraiment rien n’y comprendre. «Je voyais en Mamboundou, la lumière, la force de caractère, le charisme, les idées. Un homme sûr de lui et intègre. C’est ce qui m’a poussé à prendre la carte de l’UPG. Mais sa mort a tout désorganisé et c’est comme s’il n’y avait pas de textes régissant le fonctionnement de ce parti», déplore un militant désabusé, ajoutant : «La vérité est que les égos des uns et des autres sont démesurés. Voilà pourquoi l’héritage est lourd à tel point qu’ils ne savent même pas par où commencer pour le gérer. D’où tout le rififi que vous constatez».
In memoriam
Après la mort du «géant» de Ndendé, le gouvernement annonça l’introduction de la biométrie dans le système électoral dès 2013, victoire d’étape d’un combat qu’il avait ardemment mené. Les élections locales de 2012 en permirent l’expérimentation. Le stockage et la sécurité des données biométriques sont assurés conformément à la loi portant protection des données à caractères personnels proposée par Pierre Mamboundou et adoptée en 2009. Cette loi garantit la liberté des citoyens face aux usages des technologies numériques attentatoires à la liberté. Elle décline les limites de l’usage de l’informatique conformément au titre préliminaire de la Constitution. Une grande avancée quant à l’amélioration du dispositif électoral gabonais.
Que ce soit dans le cadre du travail parlementaire ou sur la place publique, les prises de position de Pierre Mamboundou avaient généralement le mérite de débusquer des lièvres et de mettre à mal le régime PDG. N’ayant jamais été aux affaires il jouissait d’une virginité qui lui conférait une audience certaine, aussi bien auprès des populations que dans certaines sphères internationales, qui lui accordaient le bénéfice du doute.
Pierre Mamboundou faisait résolument figure d’un poids lourd de la scène politique gabonaise. Député de Ndendé depuis 1996, le président de l’UPG était réputé pour sa sagacité juridique, son bagout et une certaine rigueur morale et intellectuelle. Il était doté d’une ouverture d’esprit incontestable, d’une culture politique et d’un sens de la dialectique qui en faisant un redoutable débatteur et un communiquant de bon niveau. Voilà un peu ce que ses successeurs peinent à porter.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. imagine56 dit :

    Mamboudouiste authentique,
    Tu me déçois, j’aurais voulu que tu rebondisses sur cet article, en effet Mamboundou, le grand Pierrot reste un de tes sujets de prédilection.
    Pourquoi ce silence mon frère, mon ami? Ne te soucies pas de ceux qui vont te contredire, défends tes idées et ceux pour qui tu as de l’admiration, peux tu comprendre mon message?

  2. Mamboudouiste authentique dit :

    Ma soeur Imagine56, une hausse de tension artérielle au dessus de la normale m’ a un tout petit peu éloigné des computers du fait que cette pression artérielle a des effets moteurs sur la concentration. Ceci dit l’article rend bien compte de ce qu’ a été le Président Pierre MAMBOUNDOU qui, le Maitre politique de nombre des compatriotes. Son héritage est aujourdhui difficile à porter pour plusieurs raisons objectives et subjectives les unes des autres. Pour ma part si les regles basiques de conduite et d’animation d’un parti politique pouvaient être respectées, l’héritage serait tellement aisé à gerer et l’une des règles fondamentales c’est de reconnaitre et accepter qu’un parti politique doit être une organisation dont le projet de societé et son programme gouvernemental sont la proprieté des militants et non des personnalités autoprocalmmés héritiers principaux ou secondaires. Et que la vie d’un parti politique est rythmée par des flux d’entrée et sorties des personnes qui adherent ou partent en fonction de leurs choix de l’instant. De même un parti politique, comme une entreprise ne saurait se contenter de vivre sur son seul passé pour esperer survivre dans l’avenir fait de concurrence de plus en plus accrue. La survie d’un parti politique passe par la necessité de prendre en compte toutes les énergies anciennes et nouvelles que constituent ses ressources d’abord humaines qui doivent exprimer leurs capacités et devoiler leurs ambitions à l’intérieur d’un jeu des rôles permettant à la démocratie interne de s’assoeir sans exclusion aucune. Hors l’observation nous conduit à constarer pour vraiment le regretter que d’aucuns se sont octroyés des rentes de situation qui les ammene à se consider comme les seuls ayant-droits politiques derriere lesquels on doit s’aligner sous peine d’être taxés de Hors -conformisme. l’approche tribaliste à laquelle se cotoie celle très régionaliste gouverne l’option managériale des uns qui voit l’avenir de l’UPG sous ce prisme degradant. La visions exclusive elle aussi s’exprime qui affirme la miseà l’écart systématique les énéo upgistes » désignés interdits d’exprimer toute ambition qui menancerait les ambitions légitimes et très mal cachées des uns et des autres. Entre ces deux approches anormales et irrationnelles, je me place moi Mambouiste authentique pour une option universelle et rationnelle qui intégre les forces nouvelles et anciennes capables, susceptibles d’impulser la machine de manière UNITAIRE et permettre à l’UPG, mon UPG au centre de tous les débats politiques actuels et avenirs. Pour le moment, l’UPG toutes tendances prises en compte ressemble dans son cheminement à milles voies, s’apparente à un grand MURMURE aux multiples sons qui derangent le peuple, ce peuple sans lequel il n’aurait été l’UPG. Sauf à croire que ce MURMURE DISSONANT est comme on dit sur les bords de la Dola, MUGUTSI, DUREMBOU et sans doute la MPSSA est l’expression sonore de la recherche d’u CHEMIN qui mene à la sortie de l’IMPASSE. Telle est ma modeste réaction à ton interpellation positive. salut Imagine56, Azoth, Jean Jacques, Iboundji, Loundou, Douk Douk et autres internautes positifs.

Poster un commentaire