Face à la presse à la presse le 25 août dernier, le président de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) est longuement revenu sur les préparatifs du scrutin présidentiel. Ci-après, quelques préoccupations des médias auxquelles René Aboghe Ella a bien voulu apporter des éclairages.

René Aboghe Ella (au centre) et ses deux vice-présidents, lors de la conférence du 25 août 2016 à Libreville. © Gabonreview

René Aboghe Ella (au centre) et ses deux vice-présidents, lors de la conférence du 25 août 2016 à Libreville. © Gabonreview

 

Gabonreview : Avez-vous résolu le problème des membres des candidats indépendants qui siégeraient à l’assemblée plénière de la Cenap ? Qu’en est-il des rumeurs autour de l’impossibilité de vote dans certains bureaux consulaires ?

René Aboghe Ella : Concernant la première question, je dois avouer que le sujet n’a pas été bien compris par les représentants des acteurs concernés. La représentation des candidats indépendants pour l’élection présidentielle de 2016, est prévue à l’assemblée plénière de la commission électorale. Mais pour que cette représentation puisse être assurée, il faut au préalable que la commission ait validé les candidatures. Ce n’est qu’à l’issue de ce processus que les représentants des candidats indépendants peuvent être admis à la commission électorale. Ce qui a été le cas, lorsque la commission a rendu publique la liste des candidats indépendants ou non, qui ont été invités à désigner leurs représentants. Maintenant, concernant les commissions électorales locales, la loi électorale prévoit un mode de représentation qui implique la concertation préalable de l’ensemble des candidats indépendants : ce qui a été fait ! Nous avons donc communiqué auxdites commissions, les décisions qui accréditent les représentants des candidats indépendants. C’est une question qui ne se pose plus aujourd’hui.

Quelques moments de la conférence de presse. © Gabonreview

Quelques moments de la conférence de presse. © Gabonreview

S’agissant du second volet de votre question, il y a un seuil qui a été déterminé pour pouvoir établir les commissions consulaires à l’étranger. L’enrôlement des électeurs au moment de la révision de la liste électorale s’est effectué dans toutes les représentations diplomatiques gabonaises. Mais, à l’examen, il s’est trouvé que nous n’avions pas atteint, à certains endroits, le seuil qui nous aurait permis d’ouvrir des commissions électorales à l’étranger. C’est ainsi que certaines localités ont été écartées par le décret déterminant le nombre de commissions électorales à l’étranger. Dans les faits, nous avons donc 32 commissions électorales à l’étranger alors que, à titre de comparaison, lors de l’élection présidentielle de 2009, nous en avions 39. En gros, il se trouve qu’il y a certaines localités où nous n’avions suffisamment pas de Gabonais pour assurer la mise en place, dans les conditions optimales  de commissions électorales consulaires.

Gabonreview : Pourrions-nous avoir une idée du nombre de cartes d’électeur distribué ? Par ailleurs, quid de l’aspect sécuritaire autour des bureaux des votes, et votre position sur la décision du camp Jean Ping, de procéder au décompte des voix dans certains bureaux de vote ?

René Aboghe Ella : Au sujet des statistiques sur la distribution des cartes d’électeurs, je ne puis malheureusement vous les donner. Car, dans la phase actuelle, cette opération est assurée par le ministère de l’Intérieur. Cependant, je relèverai que cette année, l’opération a démarré assez tôt et nous avons bon espoir que nous aurons une grande quantité de compatriotes qui iront retirer les cartes avant le jour du scrutin ; la loi électorale prévoyant, par ailleurs, que les cartes non retirées, seront mises à la disposition des électeurs dans les bureaux de vote, le jour du scrutin.

Concernant le dispositif sécuritaire autour des lieux de vote, cet aspect relève des compétences du gouvernement. Il est vrai que les ministères en charge de cette question sont représentés au sein de la commission électorale et, à ce titre, nous les avons sensibilisés sur la nécessité d’avoir un dispositif bien étoffé. Et des assurances nous ont été données dans ce sens.

S’agissant enfin du dernier volet de votre question, la loi électorale permet la publication des résultats à l’issue des dépouillements qui sont effectués dans tous les bureaux de vote : chaque bureau de vote publiera les résultats au terme des opérations de dépouillement. Ce n’est donc pas une innovation qui serait introduite par le candidat auquel vous avez fait allusion. Cela se fait déjà !

Gabonreview : Certaines localités à l’intérieur du pays sont très enclavées. Qu’en est-il de l’acheminement du matériel électoral dans ces zones ?

René Aboghe Ella :  Je puis déjà vous assurer que l’ensemble du matériel électoral est mis en place dans toutes les commissions électorales, aussi bien sur toute l’étendue du territoire national qu’à l’extérieur. Et les commissions électorales procèdent présentement à la mise en place des bureaux de vote, y compris dans les zones les plus reculées. Il faut indiquer que l’élection présidentielle de 2016, dans son mode d’administration, n’est pas une opération qui ne soit pas maitrisée. Les procédures utilisées dans le passé sont mises en œuvre pour garantir la tenue du scrutin, effectivement, au sein des 2580 bureaux de vote. Certes il y a des difficultés, mais nous les avons déjà gérées par le passé.

Gabonreview : L’opposition, dans son ensemble, doute de la régularité du scrutin, évoquant notamment des procès-verbaux déjà établis.

René Aboghe Ella :  Les dispositions pour que le scrutin se déroule de manière régulière et intègre, sont contenues dans la loi électorale. Et ce sont ces dispositions que la commission électorale met en œuvre. Les rumeurs autour des procès-verbaux, véhiculées notamment par la presse, relèvent, de notre point de vue, des dérives de la liberté d’expression. Qu’à cela ne tienne, les seuls résultats qui seront pris en compte, seront ceux constatés par la commission électorale et elle seule. Et le dispositif électoral de notre pays permet de garantir que les opérations dans chaque bureau de vote soient suivies par l’ensemble des acteurs.

Gabonreview : De sources concordantes, il a été prouvé l’existence de bureaux de vote clandestins, mis en place par certains hauts cadres du pays, avec, en prime, un business autour des cartes d’électeurs.

René Aboghe Ella : Les comportements déviants et frauduleux, la Cenap ne peut les empêcher. Mais ce que nous garantissons et que nous allons garantir, c’est que dans chaque bureau de vote, le contrôle des opérations et la présence de tous les acteurs, concourent au bon déroulement du scrutin. Concernant la multiplication frauduleuse des cartes d’électeurs, il y a le jour du vote un contrôle rigoureux de ce document. Si d’aventure nous entrons en possession de tous les éléments relatifs à ces faits frauduleux, nous saisirons l’autorité judiciaire.

Gabonreview : Pourriez-vous revenir sur le vote par procuration ?

René Aboghe Ella :  Le vote par procuration est prévu et encadré par les dispositions de la loi électorale. Les conditions de délivrance d’une procuration sont également prévues par la loi électorale. Pour qu’une procuration soit régulière, elle doit être signée par le président de la commission électorale et ses deux vice-présidents, représentant la majorité et l’opposition. Et les bureaux de vote doivent procéder au contrôle des procurations avant qu’elles n’y soient admises. Par ailleurs, un électeur ne peut être détenteur que d’une seule procuration. Cette opération est minutieusement suivie. Encore une fois, le processus électoral est maitrisé dans notre pays.

 

 
GR
 

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