A l’issue d’une mission, du 1er mars au 20 avril derniers, l’Observatoire de la couverture médiatique des élections Gabon 2016 déplore la «très forte dépendance des médias aux acteurs politiques». On y découvre notamment que L’Union est le journal le plus équilibré alors qu’Echos du Nord est le plus opposé au PDG et que TV+ est la télévision la moins partiale.

(Image à titre illustratif). © AFP/Sanongo

(Image à titre illustratif). © AFP/Sanongo


 
Veillant à l’équité dans la répartition du temps d’antenne, l’Observatoire de la couverture médiatique des élections Gabon 2016 vient de publier son premier rapport. Il y note que le paysage médiatique, en cette période pré-électorale, est caractérisé par de nombreux problèmes : très forte dépendance des médias aux acteurs politiques, sources d’information non diversifiées, confusion entre journalisme et militantisme, parti pris des médias audiovisuels publics au profit du PDG, etc.
Du 1er mars au 20 avril derniers, l’Observatoire de la couverture médiatique des élections Gabon 2016 dit avoir noté que «les médias de tous bords confondus ont couvert les activités politiques en violant le principe d’impartialité». Il en va ainsi des médias publics, qui ont consacré l’essentiel de leur espace au Parti démocratique gabonais (PDG), et à Ali Bongo. «Sur 154 mn (2h34) d’informations politiques diffusées par Gabon Télévision durant la période d’observation, 89% ont été consacrées au PDG ou à son candidat, dont 81% de ce temps pour des informations favorables et aucun élément défavorable», peut-on lire dans le rapport, qui précise : «Seulement 11% du temps est revenu à l’ensemble des autres partis et candidats, et pour diffuser des informations qui leur sont pour la plupart défavorables».
Le rapport soutient également que les sources d’information de Gabon Télévision traduisent sa partialité puisqu’elles proviennent à 71% de la majorité présidentielle. Ainsi, le niveau du déséquilibre mesuré sur une échelle de 0 (équilibre parfait) à 10 (déséquilibre parfait), donne 5,6 contre 3,8 pour la chaîne privée TV+, dont le déséquilibre est moins marqué. Ce déséquilibre est encore plus prononcé sur Radio Gabon, qui a consacré 102 mn sur 122 (84% du temps) au PDG, sans aucun élément défavorable. «Le peu de temps restant a servi à diffuser les informations pour la plupart défavorables aux partis et candidats de l’opposition», souligne le rapport, relevant : «Les informations de cette radio ne reflètent pas la diversité du paysage politique national puisqu’elles proviennent à 77% de la majorité au pouvoir». Son niveau moyen de déséquilibre est donc de 6,7 «soit le pire résultat en cette période d’observation».
Ce constat de déséquilibre est tout aussi criant s’agissant les télévisions privées. C’est le cas de Télé Africa, qui a consacré 102 mn sur 112, soit 91% au PDG. «Les sources de ces informations sont à 82% de la majorité. D’où un énorme déséquilibre moyen de 6,7, le pire des résultats», souligne l’observatoire.  La tendance est la même à RTN, dont l’actualité est essentiellement axée sur les activités de l’opposition. Ce média a consacré 29 mn sur 55 à Jean Ping, soit 54% du temps, contre 13 mn au PDG, soit 24%. Ses informations proviennent à 71% de l’opposition, tandis que son niveau de déséquilibre est de 4,9, «soit un déséquilibre moindre par rapport à la chaîne à capitaux publics». TV+ fait mieux : sur 79 mn d’informations politiques, aucun parti politique ou candidat n’a eu droit à la moitié. Ce qui lui donne un niveau de déséquilibre de 3,8, soit le meilleur score des chaînes observées.
L’observatoire de la couverture médiatique des élections Gabon 2016 a également jeté un regard sur la presse écrite.   Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, le quotidien national est le plus équilibré et le moins partial. Sur 43,7 pages d’informations politiques, L’Union a consacré 34,1 pages, soit 78% au PDG. L’Union nationale (UN) n’a eu droit qu’à quatre pages (9%), Jean Ping et ses soutiens à 2,6 pages (6%). Ainsi, les sources du quotidien sont à 72% de la majorité présidentielle contre 25% de l’opposition. Soit un niveau de déséquilibre de 5,2, le meilleur score de la presse écrite. Juste derrière L’Union, arrive Nku’u Le Messager. Cet hebdomadaire a consacré 12 de ses 24,4 pages d’informations politiques, soit 49%, aux informations défavorables au PDG, avec 6,6 pages (27%) favorables au Front, 7% à l’Union nationale, avec des sources à 88% de l’opposition. «Son niveau de déséquilibre moyen est de 5,5», note l’observatoire. L’Aube a consacré 90% de ses 43,9 pages aux informations défavorables au PDG, avec des sources de l’opposition à 82% et un niveau de déséquilibre de 6,6. Echos du Nord  ferme ce classement avec un déséquilibre moyen de 7,2, soit 73% de ses 34,7 pages dédiés aux informations défavorables au PDG. 15% de ses pages ont été favorables à l’Union nationale.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Rhody Junior dit :

    Bon rapport, facilement compréhensible et assimilable même par les non initiés. Détails clairs (tant de minutes observées des JT, tant de pages consultées de tel journal). Merci.
    Et Merci à la Rtg, que je préfère appeler ainsi ou encore PDG télévision. Aucune information émanant d’une investigation de la part des journalistes (à charge comme à décharge pour le gouvernement) avec des chiffres précis, coupés et recoupés ainsi que des analyses et études (comme celle soumise dans cet article).
    Durant chaque journaux et avec leurs grosses vestes, ils préfèrent nous mentir tous les soirs et ne même pas relayer des informations de dramatiques de la société (tel l’incendie meurtrier du PK8 il y a quelques années qui a décimé toute une famille) pour nous bassiner du PDG tous les jours de l’année.
    Merci Messieurs, puissent vos consciences se rappeler un jour à leur devoir, devoir non envers votre éternel maître (dont il vous faut vous émanciper), mais envers le peuple (enfin).

  2. imagine2016 dit :

    l’UNION gouvernemental serait le plus équilibré et le moins partial?
    hum hum ….
    l’Observatoire de la couverture médiatique des élections Gabon 2016, c’est encore quoi comme organe, elle est composée de qui? en fait c’est la première fois que j’entends parler de cette organe. Peut-on nous dire qui est derrière l’Observatoire en question?

  3. Jule Obame dit :

    Bonjour à tous,
    Dans ce pays nous avons la culture exagérée de la confusion des genres, c’est le cas de le dire pour cet observatoire dont on ne sait de quel bord il est???
    Mais pour le savoir il suffit de d’analyser son approche et on voit très bien que: si il était simplement présenté les statistique des média gouvernementaux, cela aurait pour effet, de renforcer le déséquilibre entre le temps médiatique accordé à la majorité car, il n’y a pas une différence entre la majorité et le PDG et le temps médiatique accordé à l’opposition.
    mais qu’à t-il fait, pour adoucir ce déséquilibre, il a vite fait d’y associer les médiat privés, c’est une habile maladresse.
    vous en conviendrez que les médias gouvernementaux sont financés en totalité par l’argent du contribuable, de l’argent public? donc ces médias sont au service de tous les gabonais quel qu’en soit son bord politique. donc un tel média ne peut qu’être impartial.
    vous en conviendrez aussi, qu’un média privé est financé en partie (subventions) par l’Etat et l’autre partie vient des ressources des tiers, mes les raisons d’être de ces médias ne sont pas à but étatique, ces médias ont des lignes éditorialistes ancrées sur leur raison sociale. c’est pour quoi certains sont purement spécialisés (musique, religion et autres) alors d’autres sont généralistes.
    de ce principes d’origine et du financement du média on ne peut tenir compte notamment de leur impartialité parce qu’à la base les médias privés sont impartiaux. on prêche pour sa chapelle…
    donc on fait (exprès) ici un mélange de genres pour faire ressortir l’idée que si les médias gouvernementaux sont impartiaux, ceux privés aussi le sont, c’est une méprise de la part de cet observatoire.
    on ne peut comparer que deux choses comparables: média public 1 contre média public 2, média privé 1 contre média privé 2….
    je ne sais quels étaient les objectifs de ces statistiques, mais la méthode est inappropriée compte tenus des deux principes évoqués plus haut.
    Merci

  4. Axelle MBALLA dit :

    Bonne analyse de Stevie Mounombou. Cependant, il aurait été judicieux de pousser jusqu’à la taille de ces médias. L’union et Nku le Messager n’ont ni la même dimension en terme de tirage, ni la même fréquence dans les kiosques. L’un est quotidien, l’autre (je crois) un hebdo. Les mêmes comparaisons sont transposables aux radios et TV. Et ainsi de suite.
    Ainsi apparaît au grand jour, l’accaparement de l’espace médiatique par le système en place. Et comment faire ainsi l’économie de la remise en cause de nos « gratte-papiers » pro Ali-ACCROMBESSI ET LES AUTRES!!
    Médias gouvernementaux neutres au Gabon!!! C’est comme si nos chercheurs au CENAREST (excusez-moi pour cette comparaison)!!! envoyaient notre premier satellite (ibobolu) sur saturne..
    kiakiakiakia!!!!

Poster un commentaire