Après le déguerpissement «musclé» des grévistes de la cathédrale Sainte-Marie de Libreville, le Pasteur Cid Mohamed Ella a été interpelé et placé en détention préventive à la maison d’arrêt de Makokou à la suite d’un prêche qui n’aurait pas été du goût du gouverneur de province.

Le Pasteur Cid Mohamed Ella. © Echos du Nord
Le Pasteur Cid Mohamed Ella. © Echos du Nord

 
«En guerre contre les émissaires de Dieu », tel pourrait être le titre du film que réalisent actuellement les autorités politiques et militaires du Gabon au regard de certains faits ayant défrayé la chronique ces dernières semaines autant dans la capitale, Libreville, que dans l’hinterland, notamment à Makokou où un pasteur a été interpellé pour «propos diffamatoires contre le gouvernement».
Selon des informations de l’hebdomadaire Echos du Nord du 22 septembre dernier, Cid Mohamed Ella a été interpellé sur ordre du gouverneur de province. Ruffin Moutessayigoué estime, en effet, qu’à l’occasion d’une messe œcuménique, célébrée le 16 août dernier à l’occasion de la Fête nationale au stade Alexandre Sambat, sur le thème «Implorer la grâce de Dieu pour le Gabon», le pasteur, intervenant sur la thématique «Qui a droit à la grâce de Dieu ?», aurait tenu des propos outrageants.
«Mais il n’y a jamais eu de grâce en dehors du jugement. En effet, seul un détenu peut avoir droit à la grâce présidentielle, car seul lui est passé par un procès… Or, le Gabon n’a jamais connu ces différentes phases du jugement afin de demander et d’obtenir la grâce de Dieu. Voici un pays dans lequel l’injustice s’est érigée en véritable règle de droit et dont tout le monde fait fi de ne rien connaître…», aurait lancé l’homme de Dieu. Un prêche auquel auraient très peu goûté les autorités locales. Du coup, elles ont requis l’interpellation du pasteur afin qu’il s’explique. «Nous n’allons pas laisser cette histoire en l’état. En 1973, c’est dans cette même province, par l’entremise d’un homme d’église, en la personne de Paul Mba Abessole, qu’est intervenu un désordre tel qu’il n’en a jamais eu dans ce pays. Aujourd’hui, les pasteurs refont la même chose. Il faut que nous sévissions», aurait conseillé au gouverneur le secrétaire général de province.
Lors de son interrogatoire dans les locaux de la Direction générale de l’Immigration et de la documentation de Makokou, le pasteur n’a pas réfuté ses propos. Au mieux, il en a explicité le sens et la portée, rappelant que «la parole de Dieu l’exige». «Si moi, je suis opposant parce que je condamne cela, le président de la République n’a-t-il pas mis en place un organe de lutte contre l’enrichissement illicite ? N’est-ce pas parce que le phénomène existe ? Quand la Première dame fait une marche contre les crimes rituels, elle s’oppose à qui ? Pourquoi cela crée-t-il un problème quand moi j’en parle ? Je ne suis donc pas seul opposant, mais il y a deux opposants : Ali Bongo et Cid Mohamed Ella, car tous les deux, nous nous opposons aux mêmes choses», aurait-il plaidé, lors de son interrogatoire.
Affaire aux contours brumeux ? Que reproche-t-on exactement à cet homme d’église ? N’y a-t-il pas là un abus d’autorité ? Autant de questions que se posent de nombreux observateurs. Alors que la descente de police pour déguerpir, manu militari, les grévistes du parvis de la cathédrale Sainte-Marie n’a pas encore dévoilée tous ses contours, voilà qu’une autre affaire oppose les autorités au clergé.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Madouaka dit :

    De plus en plus en pathétique, qu’est ce qui se passe au Gabon? Le régime est de plus en plus répressif.Omar Bongo après son accession au pouvoir avait surseoir le multipartisme, je suppose qu’on peux s’attendre à la même chose de son héritier. Echo du Nord a bien raison d’annoncer le report de la présidentielle.

  2. Bibang bi ze dit :

    @Lee-White que pensez-vous de notre gouvernance à lire cet article? Vraiment du gros n’importe quoi cette gouvernance. Quid des droits l’homme? quid du droits constitutionels de liberté d’expression? quid de la séparation Etat vs Eglise? Il faut pas être une « cigale » pour le savoir ou bien « nous tous… »(n) »…avons pas fait l’ecole? »…. Loool, pauvre d’eux qui se croient au-dessus de la mélé. je vous renverrai au mythe de la caverne Messieurs les Pdgsoso et leur (pdg)admnistration…

  3. IPANDY dit :

    Les choses ce sont passés comme nous le rapport échos du nord via gabonreview, je pense que la première autorité de l’ogooé Ivindo à manquer de sagesse. Il ne faut pas empecher les gens de dire ce qu’ils pensent surtout quand il s’agit d’un homme de Dieu. Ce fut l’érreur de ceux qui ont fait crucifiés Jésus-Christ. Je plaint ce pauvre gouverneur qui fait dans l’excès de zèle en se salissant, malheureusement les mains devant l’éternel Dieu.

  4. Mboumba dit :

    Selon moi, M. le Président de la république devrait plutôt sanctionner ceux de son camp qui ternissent son image par de tels comportements. Pour eux, on ne doit dire que ce qui ferait plaisir à entendre aux oreilles de M. le Président plutôt que de dire la vérité afin de rectifier le tir et de corriger là où il y a des manquements. Dans le cas contraire, que ce Gouverneur conseille à M. le Président de la république d’arrêter tous ces gabonais qui pensent comme cet honnête pasteur et on verra la suite…

  5. L'observateur du cord de garde dit :

    et dans tout cala ou est la liberté d’expression?
    le pays va mal!

  6. MWANA Y TCHE dit :

    Encore une erreur de casting ! C’est ce genre d’ignorant de la Constitution qu’Ali nomme comme gouverneur. Excès de zèle, quand tu nous tiens !

  7. Le Gabonais de 2016 dit :

    Il vaut aussi, qu’on nous arrete, nous qui faisons les commentaires sur la vie du pays depuis 2009. C’est peine perdu, il y a beaucoup d’AMO, de PING, Jean Christophe, Essono Mengue etc. Ali a cherché, il a trouvé.

  8. Aboubakar dit :

    C’est la fin des temps et la persécution des chrétiens a commencée.
    Ne vous étonnez point car ces choses ont été annoncées par les prophètes. Mais malheureux qui s’oppose à Dieu.

  9. Vert-jaune-bleu dit :

    Quel est dont le rôle des représentations diplomatiques dans ce pays? les droits de l’homme en l’occurrence le droit d’opinion quand il est foulé du pied les représentants des institutions internationales ne devraient-ils pas réagir? ou alors ils ne se sentent pas concernés. Les USA le fameux pays de la liberté a un ambassadeur au Gabon pourtant les libertés violées ne l’offusquent pas du moins du monde lui et ses amis du corps diplomatique

  10. Gaboma dit :

    Les PDGistes sont conscients que les chrétiens pratiquants représentent aujourd’hui une part importante de notre population. C’est très rare d’entendre les hommes de Dieu dénoncer les crimes et les injustices entretenues et perpétuées par ceux qui nous dirigent. Ils sont conscients que les gabonais ne portent pas ce système Bongo.Les chrétiens sont comme désintéressés par les sujets politiques. Mais imaginez tous les hommes de Dieu, dans ce pays avoir cette même attitude honnête de ce pasteur sur la gestion de notre pays. Non les Bongos et leurs courtisans, conscient de leur illégitimité dans un pouvoir usurpé n’hésiteront pas à persécuter les églises. Mieux elle continue à endormir et à désintéresser les populations de la gestion de leur propre pays.

  11. mbuku dit :

    Dommage ce qui continue d arriver a ce beau petit pays qui par manigance s est retrouve aux mains d un etranger…et ca continue…que peut on esperer d un chanteur? ainsi s empire la situation de ce pays…rien a dire le peuple gabonais boira jusqu a la lie ce qui s y passe; en esperant que nous tous apprendrons de ces deboires pour construire un meilleur futur…A moins qu on change ou du moins que dieu change le cours de l histoire si encore celui ci existe????….
    que dieu protege les gabonais

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