Fidèle à son style, Ika Rosira égrène les raisons de la colère des Gabonais pour déboucher sur l’idée que la lutte pour l’éradication de ces maux serait également une manière de rendre hommage à André Mba Obame et à tous ceux «qui ont mis leurs vies en danger pour que le peuple gabonais».

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© D.R. /Zix Baud


 
Un devoir de mémoire envers tous ceux qui sont partis trop tôt nous inspire des mots d’amour. On regrette des choses qu’on a dites sans tourner notre langue sept fois. On regrette de n’avoir pas eu de réponses aux questions qui nous taraudent encore et on regrette surtout de méconnaître des gens qui comptent pour le peuple gabonais. Oui, on pense directement au décès prématuré d’André Mba Obame, mais aussi à tous ceux qui sont partis dans le même laps de temps en emportant avec eux TOUTE la vérité.
Quand on pense comme il faut au Gabon et que des sombres quidams se permettent de dire que les réclamations des enseignants sont disproportionnés par rapport à la crise que traverse le Gabon ; que les mesures d’austérité observées à cause du cours du baril de pétrole, ne permettent pas à l’État de répondre favorablement à leurs exigences ; que les syndicats sont instrumentalisés pour plonger le pays dans le chaos… Bref quoi qu’on dise, oser critiquer le pouvoir en place est punissable, vu que selon son porte-parole Billie By Nzé : du fait que la fonction de président fait de celui l’incarne une institution, on ne doit pas s’en prendre à lui, en dire du mal, voire «diffamer» cette institution (entre autres).
Quoi qu’il en soit, on a quand même décidé de ne pas rester sans rien dire, se taire, sans rien faire, sans agir, sans révéler notre vérité. En fait ceux qui ont des facilités pour s’exprimer, à l’écrit, en audio et en vidéo exercent une telle pression sur le pouvoir en place que des mesures dissuasives semblent être sa prochaine alternative.
Quand on pense comme il faut au Gabon et qu’on a une infime réflexion pour ceux qui ont sacrifié leur existence, pour ceux qui y vivent dans la peur d’exprimer librement leurs opinions, pour les enfants, les pré-ados et les adolescents qui ont passé Noël en prison, dans le but de démotiver les rassemblement des opposants à Rio. Pour ceux qui sont encore portés disparus depuis le 20 décembre, pour ces jeunes étudiants qui se sont faits violés, abusés, maltraités, sodomisés contre leur volonté, humiliés, sacrifiés à Sans-famille (en prison), pour ceux qu’on dépossède de leurs terrains, de leurs patrimoines familiaux (Affaire Bouchard), de leur héritage (Affaire Fourn) et de leurs investissements (Affaire Brice Ndong), pour ce dont la famille Bongo et les gens proches du pouvoir s’approprient, donnant l’impression qu’en fait l’État gabonais est un royaume dynastique anonyme et au dessus des lois.
Quand on pense que depuis plusieurs années, ils ont laissé s’instaurer un système de turn over pour avoir accès à l’eau et l’électricité et encore que notre cher président moins d’un an après avoir accédé au trône, a trouvé mieux d’investir plus de 100 millions d’euros dans l’achat d’un hôtel dont personne ne voulait et que les rénovations qu’il orchestre depuis maintenant 5 ans, dépassent encore son investissement initial. Mais voilà, le Gabon semblait avoir plus besoin d’acquérir un hôtel dans les beaux quartiers français que d’investir dans le développement durable du réseau d’eau et d’électricité.
Oublions la course de bateaux ; oublions la Marina qui risque de provoquer une catastrophe écologique ; oublions les pseudo-logements sociaux ; oublions le manque d’infrastructures éducatives ; sociales, culturelles ou sanitaires ; oublions les redevances que reversent les grandes compagnies aux Bongo plutôt qu’à l’État ; oublions les réclamations des entrepreneurs insatisfaits et même la confiscation des avions gabonais ; oublions qu’ils ont été Charlie sans jamais être Nigéria, Cameroun ou Kenya ; oublions surtout le fait qu’on a commandé plus de 300 000 tee-shirts pour la paix aux frais de l’État pour affirmer la suprématie du PDG d’Ali.
Quand on pense au fait que de penser trop fort, de le dire tout haut, de s’opposer à cette institution qu’est le président va être prohibé. Pour tous ces gabonais qui nourrissent une haine viscérale envers ceux qui ne sont pas au pays, et qui considèrent le combat pour le Gabon moins noble quand n’on est pas sur le territoire à subir les répressions, les intimidations, les sanctions des gens de pouvoir, n’oubliez surtout pas que les gabonais à l’étranger ne cessent pas d’être gabonais parce qu’ils sont à l’étranger.
Pendant que beaucoup pensent qu’Ali a le droit de se représenter en 2016, malgré le fait qu’il a eu à faire usage de faux documents, qu’il a eu à manquer de jugement au niveau des priorités du peuple gabonais, qu’il a tendance à penser qu’il régnera ad vitam æternam et que les 8 000 individus qui l’ont acclamé sous le soleil représentent TOUT le peuple gabonais, d’autres opposants se radicalisent et préconisent de s’immoler ou d’immoler des gens, comme quoi, les gens du pouvoir, n’ont pas l’exclusivité quand il s’agit de manquer de jugeote, de discernement et de sens des priorités, comme quoi, les gens au pouvoir n’ont pas l’apanage de la bêtise humaine.
On réfléchit aux moyens de libérer notre pays le plus pacifiquement possible et bien des gens au sein du parti démocratique gabonais commencent à se dire que le parti pourrait présenter quelqu’un d’autre, quelqu’un qui ne s’appellera pas Bongo, aux prochaines élections, nous sommes à l’ère des messes basses, des murmures dans le couloir, à l’heure où l’opposition ne sera pas la seule responsable du refus de la candidature d’Ali aux prochaines élections.
On va certainement sauver le Gabon, ce ne sera pas juste pour nous ou nos enfants, pour les crimes impunis, pour les injustices flagrantes, pour mettre fin à l’effronterie ambiante, mais ce sera surtout pour honorer la mémoire d’André Mba Obame et de tous ceux qui ont mis leurs vies en danger pour que le peuple gabonais puisse jouir des ressources dont regorge le pays.
#bringbackourcountry
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. meradie ndossi dit :

    Pour le peros de son ame.

  2. l'homme dit :

    paix à ton âme André,
    même si je ne partageait pas tes positions
    je ne peux nullement me réjouir de ta mort,
    DIEU seul connait le jugement qui te revient,
    ta fougue manquera aux Gabon.
    paix à ton âme

  3. lepositif dit :

    Une litanie d’affirmations gratuites. Du deja lu et entendu qui frise l’overdose.Insipide en plus. Passons.

  4. Bassomba dit :

    La mort est un passage obligé pour tous les mortels que nous sommes, chacun à son tour…; ainsi on ne peut se réjouir de la mort de notre semblable. Néanmoins, concernant Amo qui a promis au petit peuple que nous sommes des tas de vérités, nous en sommes quelque peu déçus: où est la clé usb de la fraude aux élections qu’il détenait et qui empêcherait quiconque de le refaire? Où sont les confidences promises au petit peuple de tout ce qu’il avait su du pouvoir…? Non, arrêtez! Amo était, pour certains, un « espoir », mais un espoir sur quelle base? Ailleurs on demanderait, qu’ a t-il entrepris pendant plus de 2 décennies au cœur du pouvoir qui puisse faire envisager un espoir? Relativisez SVP!

  5. Miss T dit :

    Ali Bongo, Acrombessi et Cie mourront également. C’est tellement sûr qu’on se demande à quoi sert tout ce cirque que la bande à Ali Baba et ses 40 voleurs nous font.

  6. Véracité dit :

    Ali Bongo donne sa vie pour le peuple gabonais. Pourquoi Ika ne lui rend pas hommage ?

  7. imagine56 dit :

    C’est tellement vrai ce que tu dis Véracité
    à plusieurs reprises, Ali m’a invitée à sa table, quand ma maison a brulé, il a tout de suite donné des instructions pour que je sois logée, mon fils qui cherchait du travail a trouvé un emploi à l’ANGT, il n’a pas eu à faire des courbettes, à « baisser son pantalon », Ali a exigé de s’en tenir uniquement à son CV. L’école de son épouse Sylvia compte de nombreux enfants dont les parents ne paient pas les frais d’inscription, c’est gratis!
    J’ai vu plusieurs fois Ali donner son sang pour sauver des vies, depuis qu’il est à la tête du pays, les femmes n’accouchent plus à même le sol, elles vont à El Rapha ou chez Chambrier et c’est lui qui paie la facture…Il est gentil tout plein, c’est mère Teresa
    Véracité, tout le monde est heureux dans le pays, c’est pourquoi depuis que j’ai vu ton post , je me suis demandée, pourquoi ces gabonais ingrats que nous sommes détestons YA ALI, lui qui donnerait sa vie pour nous, un peu comme le Christ.
    Merci de m’avoir ouvert les yeux Véracité
    IKA, ma sœur, ne sois pas ingrate!

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