Dans sa publication du 25 juillet, Africa Energy Intelligence a mis en évidence des blocages dans le rachat des actifs de Shell au Gabon par Assala Energy et son actionnaire Carlyle. Une situation qui agacerait les autorités gabonaises souhaitant conclure la transaction au plus vite.

Le rachat des actifs de Shell au Gabon peine à aboutir. © africapostnews.com

 

Le rachat des actifs de Shell Gabon aurait-il du plomb dans l’aile ? Tout porte à croire que oui, selon Africa Energy Intelligence. Dans son n° 798 du 25 juillet, le premier site professionnel sur l’actualité politique et économique soutient que «cinq mois après avoir été́ choisis par Shell pour reprendre ses actifs au Gabon, Assala Energy et son actionnaire Carlyle sont sur la sellette à Libreville».

En mars 2017, en effet, Carlyle International Energy Partners (CIEP) avait triomphalement annoncé que son offre pour les actifs gabonais de Shell avait été retenue par le major anglo-néerlandais. Or, cinq mois plus tard, «il manque toujours des signatures officielles sur le contrat de cession des permis et Assala Energy, la structure mise en place par Carlyle pour opérer les permis, est vivement prise à partie par le pouvoir gabonais», a rapporté Africa Energy Intelligence.

Selon ce site, les équipes de Carlyle et Shell ont été́ convoquées séparément à Libreville début juillet, puis une nouvelle fois la semaine dernière. Il s’agissait de séances de travail avec les ministères de l’Economie et du Pétrole, la Direction générale des hydrocarbures (DGH) et des conseillers de la présidence de la République. Le tout dans «une ambiance tendue», a relevé Africa Energy Intelligence.

En effet, le site spécialisé soutient que plusieurs éléments de la transaction inquiètent l’administration gabonaise. D’abord le siège d’Assala. «Le groupe est enregistré́ aux îles Caïman, chez Walkers. Or, Libreville, qui dispose de 25% des permis vendus, veut s’assurer que l’Etat traitera avec une société incorporée au Gabon, et pas avec une structure offshore», souligne Africa Energy Intelligence.

Le Gabon craindrait également le fait qu’Assala veut gager les réserves des champs pour emprunter les fonds nécessaires au développement, un système connu sous le nom de Reserve-Based Lending qui fut très utilisé par Maurel & Prom avant leur rachat par les Indonésiens de Pertamina. «Ce type de financement est soumis à l’approbation des autorités gabonaises, or celles-ci refusent, arguant que Carlyle, seul actionnaire d’Assala, dispose de fonds et n’a donc pas besoin de recourir à l’emprunt».

Autre écueil à la concrétisation de la transaction, la présence de la petite banque-conseil PlanOil aux côtés d’Assala. Fondé et dirigé par Pierre Brossollet, ex-numéro deux de Maurel & Prom au Gabon, PlanOil aurait conseillé́ Assala sur le financement de l’opération. Une situation que les autorités gabonaises peinent à comprendre, puisque Carlyle, l’actionnaire d’Assala, dispose de tous les fonds nécessaires pour boucler le rachat. «Contactés, les dirigeants d’Assala ont démenti tout rôle de PlanOil dans l’opération», a révélé Africa Energy Intelligence.

Le dernier obstacle évoqué dans le non aboutissement du rachat des actifs de Shell au Gabon concerne une garantie de passif. Selon Africa Energy Intelligence, Shell refuse d’offrir à Assala une garantie de passif. «Un détail qui inquiète beaucoup les autorités gabonaises, qui craignent que le développement des champs ne soit handicapé par une dette mal identifiée ou des réserves mal évaluées», a conclu le site.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Piouf dit :

    qu’est ce qu’une garantie de passif?

    • Thaclipse dit :

      La garantie de passif est une clause qu’un acheteur et un vendeur s’accordent lors de la vente d’un object. Le but c’est de protéger l’acheteur et le vendeur au cas où l’object vendu a été surévalué.

      Un exemple: Vous achetez une maison à 20 millions. Mais après avoir aménagé vous rendez compte que toute la plomberie est foutue. Ca veut dire que la valeur réelle de la maison n’était pas 20 millions mais 15 millions. Vous portez plainte au vendeur pour qu’il vous rembourse. Mais c’est le début d’un long processus avec beaucoup de désavantages pour l’acheteur et le vendeur. En tant qu’acheteur, même si vous avez raison, vous devez encore gagner devant la justice. En tant que vendeur, même si vous ne saviez pas que la plomberie était foutue, votre réputation se gaspille.

      Donc pour éviter ces désavantages, vendeur et acheteur s’accordent dès le départ sur des clauses raisonnables (garantie de passif) lors d’une vente. J’insiste sur raisonnable parce que si un tremblement de terre détruit la maison que vous venez à peine d’acheter, le vendeur n’y peut rien. Mais si vous êtes un bon négociateur, vous pouvez tentez d’introduire une telle clause dans le contrat d’achat.

      Et je pense que c’est exactement le problème entre Shell et Assala. Shell a dit à Assala: « Les puits de pétrole que je veux te vendre contiennent selon mon estimation scientifique 100 Barils de réserves ». Assala a répondu : « L´erreur est humaine. Qu’est ce qui se passe si en fin de compte tes puits de pétrole n’ont que 80, 60, 40, 20 ou même 0 Barils de réserves ? Je voudrait que tu me rembourses mon gain dans ces cas là ». Et Shell boude : « Les puits de pétrole là contiennent exactement 100 Barils de réserves. Si tu me crois pas, demande au Ministre Gabonais du Pétrole ». 🙂

  2. Guy Roger Remboundou dit :

    Voici au moins un sujet d’intérêt sectoriel et pétrolifère national. Merci pour ces éclaircissements.

  3. Philippe65500 dit :

    Bonjour, la garantie de passif ne couvre pas la production potentielle mais les éléments qui auraient pu ne pas être communiqués par le vendeur à l’acheteur en relation avec des charges à venir dont l’acheteur n’aurait pas eu connaissance telles que dettes, redressement fiscal, procès avec des salariés, actions en justice diverses dont seul le vendeur est responsable par nature. Le vendeur par une garantie de passif (qu’il faut définir clairement) ne prend donc pas la responsabilité de « surprises » qu’il pourrait avoir ultérieurement à l’achat de la société. Le passif ce sont comptablement les dettes pour simplifier, donc les dettes de la société restent de la responsabilité du vendeur. Pour la partie production, l’acheteur peut se retourner contre le vendeur si effectivement il y a eu tromperie sur le bien vendu mais cela rentre dans le cadre d’une action en justice différente.

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