La perspective de voir la rencontre voulue par Ali Bongo se conclure par des propositions de réformes institutionnelles modifiables à souhait dans le temps devrait inciter à une réflexion de fond.

© Gabonreview/Shutterstock

© Gabonreview/Shutterstock

 

Comment tout cela finira-t-il ? Quand ? Le processus censé déboucher sur le dialogue national prôné par Ali Bongo est en panne. Au Parti démocratique gabonais (PDG), comme dans les formations de la majorité, les zélateurs soutiennent cette idée sans savoir à quelle sauce ils seront mangés ou sans pouvoir en livrer la plus-value. Dans l’opposition, deux écoles de pensée s’opposent sur le principe, sans avoir pris le temps de retourner la question dans tous les sens. Manifestement, l’espoir de voir cette grand-messe déboucher des avancées démocratiques s’éloigne. Dans le droit fil de la dynamique politique enclenchée en 2009, le pays glisse inexorablement vers une impasse. Comme toujours, un blocage complet est à redouter.

Et pourtant, une analyse de situation aurait pu mener à autre chose. Pour de multiples raisons, la classe politique nationale aurait pu s’engouffrer dans la brèche ainsi ouverte. En quête de légitimation, la majorité aurait pu s’y préparer avec sérieux, sans arrière-pensée politicienne. Dans l’opposition, la perspective d’une retraite des chefs aurait commandé davantage de lucidité. Même si personne n’ose l’évoquer à haute voix, dans les entourages immédiats de Jean Ping, Casimir Oyé Mba, Guy Nzouba Ndama, Zacharie Myboto, Didjob Divungui Di Ndinge, Jules Bourdes Ogouliguendé, la question de la succession revient désormais en boucle. Et aucun dirigeant historique ne souhaite laisser la situation en l’état. Voilà pourquoi la colère et l’émotion, la lassitude et le désespoir, les larmes et le sang ne doivent pas occulter l’essentiel : la nécessité d’agir avec stratégie, loin du tumulte et du fracas d’une forme de dictature de l’instant.

Alternative crédible

Pourquoi, sitôt désigné vainqueur, Ali Bongo a-t-il décidé de faire sienne une idée à laquelle il s’était opposé tout un septennat durant ? Simplement par souci de se conformer à sa promesse devant le Parlement réuni en congrès en juin dernier. Ensuite, du fait des «évidentes anomalies» dénoncées par l’Union européenne tout au long du processus électoral et des doutes sur la sincérité du résultat final.  Enfin et surtout, en raison de l’extrême violence ayant prévalu au moment de l’annonce des résultats. Ce climat mortifère a indubitablement radicalisé les positions et exacerber la coupure du pays en deux camps opposés. Si cette situation n’est pas totalement nouvelle, elle confirme la détermination de l’actuelle majorité à se «maintenir au pouvoir, coûte que coûte, y compris au prix du sang des Gabonais, pour conserver les privilèges qu’il en tire», selon la formule de Casimir Oyé Mba.

En appelant au dialogue politique, Ali Bongo poursuivait en réalité trois objectifs : permettre à son camp de se souder et faire bloc face à son adversaire héréditaire, donner à la communauté internationale des gages de son désir de préserver la stabilité et surtout, créer une brouille entre l’opposition et une opinion publique échaudée par le résultat de toutes les consultations politiques passées. L’opposition aurait dû en tenir compte. Elle aurait pu affiner sa stratégie, au lieu de laisser libre cours aux querelles byzantines. Surtout dans un contexte où soutenir l’éventualité d’un dialogue expose au désaveu populaire. Or une opposition républicaine, clamant son intention de gouverner, peut difficilement rejeter une solution politique. Autrement dit, un radicalisme éloigné des subtilités de la politique pourrait considérablement compromettre l’un de ses objectifs immédiats : apparaître aux yeux de la communauté internationale comme une alternative crédible à l’actuelle majorité.

Eclosion de la vérité

A y regarder de près, tout reste encore possible : le dialogue voulu par Ali Bongo peut permettre une vivisection de la machine électorale. Il peut être l’occasion d’analyser le mécanisme de confection de la liste électorale. Il peut servir à revisiter le processus de validation de la candidature controversée d’Ali Bongo. Il peut donner lieu à des éclairages sur les multiples arrestations de leaders d’opinion. Il peut faciliter l’analyse du déroulement des opérations de vote. Il  peut aider à cerner le rôle des personnels de commandement, notamment dans la province du Haut-Ogooué. Il peut contribuer à évaluer l’impact des perturbations des télécommunications sur la sincérité des résultats. Il peut figurer  la responsabilité des experts mandatés par l’Union africaine dans le processus de recomptage mené par la Cour constitutionnelle. Surtout, il peut ouvrir la voie à un bilan exhaustif de la répression et à une identification des commanditaires et exécutants. En un mot comme en mille, la recherche de solutions aux causes et sous-causes du blocage démocratique doit constituer la trame de ces assises.

De l’entreprise française Gemalto à l’Agence de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep) en passant par les compagnies de téléphonie et fournisseurs d’accès internet  ou encore les responsables des institutions impliquées, toutes les parties impliquées dans l’organisation de la présidentielle du 27 août dernier doivent être interpellées. Les membres de la Cour constitutionnelle, le président de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap), le procureur de la République, les ministres de l’Intérieur ayant conduit le processus d’enrôlement, le ministre de la Défense au moment des faits, le président de l’Arcep, le gouverneur de la province du Haut-Ogooué, le président de la Cour d’appel judiciaire ou les responsables des forces de défense et de sécurité devraient alors saisir cette occasion pour contribuer à l’éclosion de la vérité. Chacun d’eux pourrait situer l’opinion sur sa participation à ce vaudeville traumatique. Individuellement et collectivement, ils devraient se tenir prêts à assumer l’énonciation de leurs actes, leur effectuation et, par suite, les réparations voire les suites, judiciaires ou non. On ne peut et ne doit faire comme si la dernière présidentielle ne s’était soldée par des flots d’hémoglobine et des torrents de larmes.

A cette occurrence, et à elle seule, le dialogue national voulu par Ali Bongo pourrait avoir du sens. Il y a, de ce fait, nécessité à s’accorder préalablement sur le problème à résoudre. Hors de cela, le pays pourrait se retrouver face à une impasse, sur une question politique dont l’onde de choc peut traverser plusieurs générations. Malheureusement, au train où vont les choses, on imagine déjà la suite : un consensus mou sur de prétendues réformes institutionnelles, condamnées à être ensuite modifiées au gré des intérêts de la majorité. En somme, un échec salué par les «fondamentalistes» des deux camps. La régression politique vers une période anesthésiante. Avec, en prime, le discrédit de la classe politique. Pourtant, une solution politique demeure indispensable. Pour rompre avec le surplace et la tradition du rendez-vous manqué, une analyse froide s’impose, au-delà des convenances et carrières personnelles. Il s’agit de penser les défis du moment avec imagination, audace et rigueur. Cet indispensable examen de conscience se fera-t-il ? Nul ne le sait. Une chose est cependant sûre : si les défis et le futur condamnent à s’y risquer, le combat pour la démocratie et le progrès commande d’agir selon une stratégie pensée.

 
GR
 

20 Commentaires

  1. Doly imossi dit :

    Ceux ne sont ni les tournures de phrase ou les figures de styles qui changerons quoi que ce soit :Pas de dialogue!
    Il faut être naïf pour penser les conséquences des dialogues précédents seront différents de ceux envisager par le camp au pouvoir.
    Espérer une élection présidentielle à deux tours comme un des avantage a ce speudo dialogue comme si on aurait jamais vu des gens avoir plus de 80% déclaré vainqueur au premier tour.
    On n a pas besoin de dialogue.Appliquez juste les lois existentes au lieu de penser aux lois future que vous n appliquerez pas!

  2. Mbonga la future exilée dit :

    L’éclosion de la vérité!! Vous y croyez vraiment? L’ensemble de la majorité ou du moins ses principaux responsables sont dans le déni permanent, les manipulations et le mensonge.Ce soit disant dialogue voulu est une mascarade de plus qui fait perdre du temps. Ali est « président » (sans p majuscule!) N’est ce pas? Qu’il dirige le pays et que son 1er ministre accélère l’exécution de son plan d’actions . Le chronomètre est déclenché pour 1 bilan à présenter dans moins de 100 jours il me semble, et nous évaluerons. Au fait pourquoi ce dialogue ne débute til pas? Les parties prenantes s’étant déjà faites connaître et sachant que Ping à déclaré haut et fort qu’il ne serait pas de la partie, il est nécessaire d’avancer car nous vivons une impasse non favorable à l’épanouissement du pays.

  3. DOUKAGA DOU NGAZI dit :

    Au lieu de vous partager le peu d’argent qui reste au pays en perdiems et autres avantages, merci de construire des écoles et des dispensaires, de former des enseignants afin de radier de la fonction publique enseignante tous les mercenaires politiciens déguisés en syndicalistes

  4. Équilibre dit :

    On peut admettre que l’opposition mette en place une très bonne stratégie pour tenter de contraindre le régime dictatorial en place pour plus de démocratie qui, à terme, pourrait déboucher sur l’alternance politique. La question qu’on doit se poser c’est de savoir comment l’opposition pourrait contraindre un pouvoir qui n’a que pour objectif de se maintenir coûte que coûte et au détriment du peuple. Le camp du pouvoir est assis sur un arbre qu’il n’entend pas scier.
    Ce qui est à retenir c’est qu’aucun peuple ne s’est affranchi en négociant avec son bourreau !

  5. Yoka dit :

    Quelle naiveté ! Votre analyse pousse à pleurer de rage. Etes vous certain que Ali et ses amis sont prets à discuter, sans tabou ni arriere pensées, de tous les points que vous énumerez ? Et surtout croyez vous une seule seconde que les recommendantions de ces assises aurons valeur de loi ? Quid des accords de Paris et d’arambo ? Ceci est une perte totale de temps. Il faut bien un dialogue mais s’il est initié par ABO, ce ne serait que roublardise et Rien, Rien de bon ne sortira de là. Ce que veut ce gars c’est démontrer qu’il tient la barre et mettre tout le monde sur le fait accompli. A mon avis il faut chercher autre chose sachant que la force physique et l’armée ne résoudront aucun probleme dans notre pays. Au contraire cela exacerbera le raz le bol.

  6. Le Griot dit :

    Hé oui! c’est l’histoire d’un voleur qui viens voler chez toi et pour récupérer tes effets il te dit négocions d’abord, dans cette négociation il voudra te donner les effets qui lui seront important et te laisser ceux qui de son vouloir ne représente aucune valeur, voila le dialogue des tropiques il n’y a observer le dialogue de KABILA, commencer à dialoguer on attend les conclusions !!!!!

  7. nzam ata dit :

    Cela tient, Ali Bongo a déjà décliné toute responsabilité en comparant l’époque ou il était ministre de la défense…du pipo.

  8. larepublique dit :

    que l’on réunis tout ce monde que tu as cité Roxane tant pour le dialogue rien ne doit changé il feront toujours la volonté du maitre même les disparut les morts les blessés la justice n’arrive même pas a lire le droit c’est la cc et autre qui viendra faire quoi ou dire quoi pendant le dialogue. Tout pour eux Ping a perdu le champion de les champion a gagné les 9 juges sont patrie remercié Dieu pour la sagesse qu’il ont eux ce jour la Roxane comme ont dit ici Wait and see

  9. tara dit :

    « de Jean Ping, Casimir Oyé Mba, Guy Nzouba Ndama, Zacharie Myboto, Didjob Divungui Di Ndinge, Jules Bourdes Ogouliguendé, »

    Autant qu’ils sont ses papas ne veulent pas aller en retraite pire ils ne pensent pas à leur successions dans leurs partis respectifs ils veulent manger manger jusqu’à mort s’en suive, comment toute une génération comme ça ils peuvent pas et ne veulent pas voire un jeune éclore il faut que ça soit tjr eux.

    «maintenir au pouvoir, coûte que coûte, y compris au prix du sang des Gabonais, pour conserver les privilèges qu’il en tire

    je crois que vs ne fassiez erreur c’est plutôt le contraire y’en a qui sont près à sacrifier tout le pays pour prendre le pouvoir, ils comptent sur l’UE pour tuer et massacrer les gabonais et leur livrer le pouvoir comme un gateau d’anniversaire

    • Fille dit :

      Tara, faut arrêter de gesticuler. Vous etes surs d’avoir triché oups gagné ? les gabonais ont voté pour vous ? Alors oubliez les pauvres vieux opposants et gouvernez le pays. Pourquoi avez-vous tant besoin qu’on vous tende la main ? pour mieux la couper ? Votre dialogue, c’est piège à cons. On aurait aimé avoir un dialogue inclusif et sans tabou longtemps avant les élections, vous avez dit nier. Alors après le coup de force et la mort de gabonais, vous voulez dialoguer, mais ma parole vous êtes cons ou quoi ? Partagez-vous le bifteck et avancez donc.

      • tara dit :

        Certains opposants voulaient un dialogue avant les élections chose qui n’étaient pas opportune, aujourd’hui c’est ce même dialogue qui est mis sur la table les esprits éveillés dans l’opposition on choisit d’y participer sinon pourquoi vouloir faire un dialogue hier et ne pas vouloir aujourd’hui vs me direz peut être parce qu’il y’a eu des morts vs êtes sensibles ah ça et depuis quand??? on est tous d’accord pour regretter qu’il y ait eu des pertes en vie humaines mais c’est à croire que c’est la 1ere fois quand vs avez voulu le dialogue avant les élections des compatriotes n’étaient pas morts en 2009?????

        Pire les Redjambe et consort sont morts…..vs vs ne vs êtes pas arrèter un moment pour penser au pays????

        Perso tout le monde doit aller au dialogue et si et seulement si les concessions faites par le pouvoir sont dérisoires vs prouveriez aux sceptiques et au monde entier que vs êtes aller au dialogue et celà n’a rien donné mais se targuer de pas aller il y’a vraiment aucune raison qui peut le justifier. Comme l’a dit le chef de l’Etat il y aura aucun sujet tabou

        Ce dialogue ne concerne ni PING ni ALI mais il concerne le futur de notre pays notre vivre ensemble et notre devenir, notre unité sinon en 2023 ce sera la cata c’est pour le Gabon le président peut décider de prendre des arretés et consorts pour changer la constitution mais il faut tjr les imputs de l’opposition qui doit aussii dire ce qu’elle a pour son pays

        Pour finir une frange de la population n’a pas voté le président actuel il est important de prendre en compte ses aspirations mais surtout les plans objectifs dynamiques et constructif des adversaires pour une meilleure santé (économique , social et financière) du pays

  10. DoanESS dit :

    Il y a quelque chose que j’ai un peu du mal a comprendre.Pouquoi chercher coute que coute le dialogue avec son adversaire qu’on affirme et réaffirme a qui veut ou ne veut pas l’entendre, qu’on l’a battu? Puisque les choses semblent claires qu’Ali a « gagné » l’élection pourquoi cherche-t-il a dialoguer avec le PRESIDENT PING? Il est clair que se risquer d’aller dialoguer c’est fournir à Ali l’élément essentiel sans lequel son regime n’est en réalité qu’un  » petit truc machin ». Je reste convaincu que son pouvoir va demeurer  » un petit truc machin » car le PRESIDENT PING ne lui donnera jamais jamais jamais cette opportunité.

  11. Legende1987 dit :

    Cette analyse est pleine de naïveté. Voilà un type qui viole la mère des lois sans état d’âme, pensez vous que ce sont de vulgaires accords entre gabonais qu’il respectera ? Qui est ce qui va l’y obliger ? les institutions, l’armée et la communauté internationale, à travers la France sont tous à sa solde. Le seul dialogue qui vaille c’est celui qui consistera à rétablir la vérité des urnes et rendre justice aux victimes de la répression et à leurs familles. Le reste n’est que diversion, distraction.

  12. bofff dit :

    Je ne croirai à ce dialogue que si aux usa trump appelle hilary pour dialoguer.

  13. GNAN ITOLIYANI dit :

    PAS MAL COMME ANALYSE/UNE CHOSE EST SURE LE RGIME DICTATORIAL EN PLACE NE CONCEDERA AUCUN POUCE DE SES PRIVILEGES:EX LIMITATION DES MANDATS A DEUX /C EST RATE ETANT DONNE LA MAXIME DE MONARCHIE MISE DEJA MISE EN PLACE/BILIE BI NZE A DECLARE » »NOUS ALLONS DIALOGUER ET VOIR CE QUE NOUS POUVONS FAIRE COMME CONCESSIONS A NOS INTERLOCUTEURS/ALLEZ COMPRENDRE//

  14. Obus dit :

    On perd le temps. Chaque camp entrevoit un dialogue. Que personne n’empêche l’autre de le faire. Le peuple avisera en fonction des perspectives de réforme. Même si on limitait les mandats présidentiels aujourd’hui, Ali sera candidat en 2023 et aura réorganisé un an avant sa Cenap et sa tour de pise. S’il faut aller à son dialogue, ce ne peut être que pour lui dire de ne pas invoquer la non rétroactivité des lois et de se retirer. Le reste, c’est une perte de temps.

  15. jean bille dit :

    bla bla bla…………..dommage, mais l’eau tiède a été inventée il y a bien longtemps. les mêmes analyses pour une même et seule question.pourquoi refaire une conférence nationale 1990?des accords de paris?des accords d’arambo? quand la volonté politique est à la confiscation du pouvoir et au refus de la démocratie pour le peuple? vous des individus, comme ali bongo et autres, qui n’ont pas d’autre ambition que s’approprier privativement d’une terre et de ses habitants.voilà tout. le reste c’est du blalabla……………de la prose destinée à mentir et à tromper encore et toujours les mêms cerveaux démunis d’intelligence et de mémoire.

Poster un commentaire