Trop accaparé par les affaires woleuntemoises, le Premier ministre, qui remet au goût du jour et autorise les méthodes décriées de «Papa Bongo», se met en mode «service minimum» dans la conduite des affaires de l’Etat.

Ona Ondo, le 25 octobre 2014 à la maison du Parti à Oyem. © D.R.
Ona Ondo, le 25 octobre 2014 à la maison du Parti à Oyem. © D.R.

 
Tout à la fois membre du comité permanent du Bureau Politique du PDG, commandant du navire PDG dans le Woleu-Ntem, et Premier ministre, Daniel Ona Ondo semble plus préoccupé par la situation politique en cours dans sa province d’origine, marquée par des intrigues, des coups bas, des peaux de banane, par la marginalisation de certains et des accusations de toutes sortes pour d’autres. Dans le pays, la rue grogne, et il semble ne pas en entendre les cris. Mais dès que la situation se dégrade dans le Nord, il se montre disponible.
«Qui trop embrasse mal étreint», dit le proverbe, ou plutôt «on ne peut suivre deux lièvres à la fois». Daniel Ona Ondo a, avec ses diverses casquettes, tant de choses à faire, tant de problèmes à régler, qu’il court le risque de ne rien faire, de ne rien régler. Et, s’il n’y prend garde, il risque de n’avoir que des résultats mitigés. La rue gronde. Les agents publics manifestent, à la demande des syndicats, à la devanture des ministères et autres bâtiments publics, avec, pour principale revendication, le paiement de la Prime d’incitation à la performance (PIP). Pendant ce temps, les membres de son gouvernement, en leur qualité de membres du Comité permanent ou de membres du Bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG), sont également davantage présents sur le terrain politique partisan. Dans la Ngounié, accompagné d’Yves Fernand Manfoumbi et de Dieudonné Claude Dibadi Mayla, Guy-Bertrand Mapangou, le ministre de l’Intérieur et membre du Comité permanent du PDG, vient d’aller présenter aux populations, comme si elles en avaient besoin, «les deux nouveaux ministres de la province», à savoir Martial Ruffin Moussavou (Culture et Arts) et Sidibé Nzenguet-A-Kassa (délégué à la Santé). Qui l’eut cru ? Les méthodes de «Papa Bongo» sont de retour !
Présentation des ministres aux populations : les méthodes de «Papa Bongo» sont de retour
Les ministres originaires du Haut-Ogooué, eux aussi, ont déserté leurs bureaux, pendant plusieurs jours, pour faire une tournée dans la province qui leur a permis de procéder, en leur qualité de responsables éminents du PDG au niveau local, à l’installation des nouveaux secrétaires provinciaux, départementaux et communaux. Après l’Ogooué-Maritime et le Moyen-Ogooué, l’Estuaire aussi se prépare à le faire. Avec ses ministres et ses hauts cadres de l’administration.
Le Premier ministre, lui-même, n’échappe pas à cette règle. Dès qu’il s’agit de conflits politiques, de guerres fratricides ou de quelque installation que ce soit des responsables du PDG à l’échelon local, Daniel Ona Ondo va arpenter des centaines de kilomètres pour aller s’en occuper. Il s’est ainsi rendu, le 25 octobre, à Oyem, comme il le fait tous les dix jours. Il s’agissait cette fois de procéder à l’installation des nouveaux responsables locaux de son parti. Une tâche qu’il aurait pu laisser au Secrétaire général du PDG.
Le problème est que, malgré son énergie incontestable et sa détermination réelle, Daniel Ona Ondo n’arrive pas à s’imposer face à des frondeurs trop nombreux pour être disciplinés. «Son volontarisme est impuissant à pallier les conséquences d’une conjoncture politique détériorée». A Oyem et à Bitam principalement, les grognards sont trop nombreux, à commencer par François Engongah Owono et Emmanuel Ondo Methogo. Il paraît incontestable que les dossiers politiques woleuntémois absorbent le chef du gouvernement. Les affaires du Septentrion lui prennent beaucoup de temps, trop de temps. Contrairement à ce qu’il a dit le 25 octobre, dans cette ville «PDGistement» frondeuse, le Woleu-Ntem lui cause beaucoup de soucis. Trop d’intérêts personnels en jeu, trop de conflits, trop de rivalités. Et il ne passe pas dix jours sans aller parler à ceux qui, seuls, doivent l’entendre : les électeurs woleuntémois.
Dans le même temps, les dossiers de l’Etat attendent. Le dialogue social est presque à l’abandon. Il faut que des syndicalistes viennent crier sous ses fenêtres du 2-Décembre pour que le Premier ministre consente à les recevoir sans que des réponses concrètes ne leur soient données. Le chef du gouvernement donne ainsi l’impression qu’il s’est mis en mode «service minimum» en ce qui concerne la conduite des affaires de l’Etat. La période est pourtant marquée par des revendications légitimes, comme il le reconnaît lui-même, et elles peuvent être source de chaos. Le Premier ministre doit y apporter des réponses concrètes.
PIP : quand donc sera-t-elle payée ?
Le gouvernement ne communique plus que très peu sur la PIP, trop occupé qu’il est à investir le terrain politique. Or, «le travail doit permettre une vie meilleure», et pour la concrétisation de la stratégie de développement humain qu’il a lancée, le chef de l’Etat a promis cette prime aux agents publics. Toutes ces manifestations devant les ministères ne visent donc qu’à la satisfaction de leur principale revendication. Ona Ondo semble ne les entendre qu’à peine ou ne les voit que très peu. Ce qui vaut pour la PIP vaut pour l’ensemble des revendications sociales exprimées par les agents publics. La précampagne qui s’est ouverte il y a quelque temps semble lui laisser peu de temps pour examiner les dossiers de l’Etat. Il semble n’avoir plus les yeux rivés que sur 2016. Depuis trois semaines, le porte-parole de son gouvernement ne s’exprime plus. Elle met en exergue une tournée à Libreville, Owendo et Akanda, destinée à sensibiliser les femmes sur «les sujets d’intérêt national».
Devant tant de tracas quotidiens, il va falloir que le chef de l’Etat, bien qu’occupé aux dossiers du monde, vienne de temps en temps regarder l’intendance quotidienne.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. as des as dit :

    Le premier ministre sait malheureusement qu’il est a ce poste pour ramener le septentrion dans la maison pdg.mais helas!la mission est presqu un impossible

  2. Roberto dit :

    Ils sont d’abord ministres de leur province et n ‘ont pas la culture et la priorité des affaires de l’Etat. C’est toujours l’archaïsme qui prévaut. le Gabon est dirigé par des nases.

    • Onturi dit :

      voilà où mène le tribalisme.

    • dsk ne m'a pas violée(Nafissatou Diallo) dit :

      C’est le système qui les confine dans leurs provinces d’origine c’est fait à dessein je mets quiconque au défi de nous donner le nom d’un ministre ou d’un premier ministre ayant fait une tournée nationale(toutes les 9 provinces)pour des raisons administratives et non pédégistes ou électorales et encore.C’est simplement un boulet qui leur est attaché au pied et que l’on garde sous le coude au cas où ce dernier aurait des velléités de départ ou d’opposition on pourra lui dire qu’il a snobé le reste du pays au profit de sa province même le pédégistes purs et durs comme Nzouba Ndama ou Boukoubi n’ont pas réussi cet exploit de visiter tout le pays en tant que ministres ce n’est pourtant pas la volonté qui leur a tous manqué mais vouloir faire une tournée nationale est un risque politique que tous connaissent et ne sont pas prêts à prendre connaissant les risques inhérents car ils sont tout de suite soupçonnés de vouloir se bâtir une envergure nationale de vouloir faire de l’ombre au président dont c’est le privilège et dans votre pays là vouloir faire de l’ombre au président c’est vouloir se présenter contre lui et au PDG ça ne pardonne pas absolument pas mais rassurer chers amis Gabonais c’est à peu près la même chose partout en Afrique en raison de la conception qu’ont certains Africains du pouvoir et de sa conservation.

  3. Le Citoyen Libre dit :

    Il ne reste plus qu’à avoir un 1er ministre par province.

  4. okoura dit :

    huuuuuuuuuu Ona Ondo osoan ayu osoan !!!!! qui se traduit par Ona Ondo quelle honte!!!

  5. dsk ne m'a pas violée(Nafissatou Diallo) dit :

    Ali ne sera heureux que le jour où le Grand Nord lui apportera plus de suffrages qu’en 2009 lors de la présidentielle anticipée au cors de la quelle il n’a fait qu’un triste 4% ET pour et pour le PDG ça tourne à l’obsession mais tout porte à croire que 2016 risque d’être pire que 2009 et la nomination de ses deux derniers Premiers ministres ne semblent pas produire l’effet escompté car pour cette province le vrai combat est celui du développement et celui des nominations qui ne sont que des promotions à caractère personnel.Quid de l’Université promise en 2005 par BONGO père?Rien que ça.

  6. louetsi dit :

    Le Gabon a 9 provinces donc les enfants de toutes les provinces ont été associés pour bâtir cette nation, aujourd’hui feu OMAR étant décédé l’on vient nous sortir des histoires du style « Ceux-là sont des mauvais gestionnaire! » Car aujourd’hui les frustrations observer dans certaines localité est dû au fait que un fils ma foi moins vigilant dans la gestion des affaires courantes soit débarquer de son poste du coups c’est l’intox qui s’installe et le Gabon ne pourra pas avancé comme cela !

  7. delpino dit :

    C’est impossible surtout pas lui qu’on prenne quelqu’un d’autre pas ONA ONDO le WOLEU-NTEM n’est pas aux bétises

  8. Madouaka dit :

    M.Mounomby pourquoi Ona Ondo a été nommé? telle est la vraie problématique. Ali Bongo a choisi des premier ministre fang du Nord, pour essayer de regagner des voix dans le Nord. De ce point de vue Ona Ondo fait le job même si les résultats sont minables

    • Le Citoyen Libre dit :

      ALI ne nomme pas le 1er ministre pour travailler pour le Gabon mais préparer son élection en 2016. Comment comprendre qu’un 1er ministre passe son temps dans une seule province c’est comme si toute la richesse du Gabon est concentrée dans cette province, c’est comme si ALI n’a pas besoin des autres provinces pour la mise en place de son programme de société, c’est comme si les autres provinces ne représente rien dans le développement du Gabon.

  9. le gabonais d'en bas dit :

    Mais quelle est cette affaire de mélange du genre, un premier ministre à multiples casquettes et qui joue sur tous les fronts, il sera essoufflé et sera noté zero au finish, de toutes les façons rien n’est étonnant dans tout ça on est gabon

  10. Jean-Marcel Boulingui dit :

    Ce que dit Gerald Mounomby est vrai : Daniel Ona Ondo, lui, montre vraiment qu’il est le Premier ministre du Woleu-Ntem. Raymond Ndong Sima mettait en avant sa casquette de Premier ministre du Gabon.

    • Le Citoyen Libre dit :

      ALI croit vraiment developper le Gabon avec le Nord uniquement ?
      C’est vraiment un amateur, son pere etait mieux, ALI est entrain d’envoyer le pays droit au mur.
      C’est quoi cette façon de gerer le pays ?
      Quand je discute avec nos freres etrangers j’ai honte par rapports aux propos qu’ils tiennent sur la gestion du gabon depuis 2009, ils regrettent meme Bongo Ondimba, le Gabon etait respecté, mais depuis 2009 c’est la catastrophe totale..

      • Pas posssible dit :

        LA tu me tue, je suis assis et mort de rire.
        Juste petit rappel, quand tu parles des étranger qui regrette OBO tu parles de nos frères Congolais qui étaient nos beau-frère et qui avait tous les droits au Gabon.
        Non mon frère le Gabon pleure OBO mais ne le regrette pas. Si t’avais fait la route vers le sud avant 2009 tu ne parlerai pas comme ça.

  11. mavoungou dit :

    tous les premiers ministres ont generalement été premier ministre de leurs contres ; ndong sima aura été quand meme l’exception en etant premier ministre pour le gabon

  12. John Brice Kamil dit :

    ici les gens font d’un seul commentaire laissé par quelqu’un le sujet du débat en laissant ce qui est publié, qui devrait normalement être commenté. Triste

  13. as des as dit :

    Le gabon ne peut regretter omar svp.il est le premier responsable de la situation du pays.

  14. Intelligent Libre dit :

    La réalité socio politique de la province est à décrypter en profondeur. Le fait de nommer un ressortissant du Woleu-Ntem au poste de Premier Ministre n’enlève rien au fait que cette province à toujours inspiré de la méfiance auprès de l’administration coloniale et des régimes BONGO. En fait, c’est toute la dynamique de la question « Fang » posée à un moment donné de l’histoire de notre pays et qui n’a pas fini d’exacerber des tensions, à fragiliser des équilibres et à créer des complexes entre groupes ethno-linguistiques.
    Omar Bongo a été incapable d’apporter des vraies solutions à des vrais problèmes d’unité nationale et de cohésion sociales. Le Gabon n’a jamais fonctionné comme un État moderne avec des normes sociales. Il faut repartir à zéro. Question: que peut Ona Ondo dans un système cinquantenaire marqué par la négation du sacré par le profane, l’institutionnalisation du Mal sur le Bien? Le Gabon est dans les abîmes de l’obscurantisme! Le PSGE ne concerne pas le Woleu-Ntem. Ona Ondo parle de quoi, de qui?

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