Paru en juin 2018 aux Editions Jets d’Encre, l’ouvrage «La Nouvelle école capitaliste en Afrique noire : De la marchandisation à la fin de l’école ?» du Gabonais Gilbert Nguema Endamne pose un regard torve sur l’éducation en Afrique noire et dans son pays.

Première de couverture de «La Nouvelle école capitaliste en Afrique noire : De la marchandisation à la fin de l’école ?». © Jet d’Encre

 

Alors que l’école gabonaise peine à retrouver ses lettres de noblesse, au regard des grèves à répétition qui plombent son développement, le Professeur de sociologie de l’éducation, Gilbert Nguema Endamne, scrute dans un essai ce que devient l’école, une institution devenue hyper capitaliste.

Cet essai pose en effet la question essentielle de l’éducation en Afrique noire. Mais le lien est vite fait avec son pays, le Gabon où l’école est à plusieurs vitesses. A côté de l’école publique dite gratuite, peinant à démarrer ou régulièrement ralentie par des mouvements de grèves, il y a l’école privée. Celle-là dans laquelle on accède en déboursant énormément d’argent.

L’auteur observe que «depuis une trentaine d’années, l’éducation est un secteur en crise en Afrique noire, notamment au Gabon». «À l’heure où l’école se veut pour tous, des milliers d’enfants ne sont pas ou mal scolarisés. Les coupables ? Les fausses promesses du capitalisme. Sous prétexte de rendre l’éducation rentable, les écoles se privatisent, le savoir devient marchandise et, tandis que certains s’enrichissent, les inégalités se creusent, l’humanisme recule et l’égalité des chances ne semble plus qu’une lointaine chimère…», lit-on.

Dans cet essai, Gilbert Nguema Endamne s’insurge contre les conditions déplorables d’enseignement en Afrique noire ; des conditions qu’il serait grand temps d’améliorer. «L’Afrique souffre d’un système éducatif calqué sur le modèle occidental en perpétuel changement, d’une insuffisance de ressources pour le financer et des mentalités africaines, qui croient désespérément au miracle que l’école pourrait encore produire pour changer leur destin terrestre». Le système scolaire obligatoire, comme le fait remarquer avec justesse l’écologue politique autrichien, Ivan Illich, devient en définitive une entrave au droit à l’instruction, et donc à l’épanouissement des hommes.

Gilbert Nguema Endamne estime que «les savoirs enseignés enferment les individus ou les bénéficiaires de l’école dans des schémas tracés par la division du travail et qui mettent l’accent sur la spécialisation». De même que «la pédagogie, comme cheval de Troie de l’économie, s’est résolument appliquée à saucissonner des savoirs».

L’auteur pense que l’absence de ralliement des savoirs entre eux produit des individus incomplets, qui n’arrivent pas à résoudre les problèmes. Ce système garde les apprenants dans l’ignorance et augmente les risques d’une distanciation entre eux et la société tout entière.

Gilbert Nguema Endamne est Professeur de sociologie de l’éducation, enseignant-chercheur à l’Ecole normale supérieur (ENS) de Libreville. Il donne également des cours à l’Université Omar-Bongo de Libreville ainsi qu’à l’Ecole Nationale d’Administration (Ena) du Gabon.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Michel Ndong Esso dit :

    Oui,la question de l’éducation est ici abordée sous un angle essentiel, en rapport avec le projet de socialisation de l’individu. Le but de l’éducation, en effet, c’est de transformer l’individu en citoyen,vivant dans et pour la collectivité. C’est en que l’école est dite républicaine.Or, la société de consommation évolue aux antipodes de la solidarité sociale. L’école capitaliste ne forme que pour les besoins du marché,afin de maintenir la productivité des entreprises privées. C’est forme nouvelle et bien plus dangereuse de l’aliénation sociale. L’école est désormais au service des riches dont elle assure la perpétuation. Pas étonnant donc qu’elle finisse elle-même par se privatiser. Belle analyse de Gilbert Nguema Endamane…

  2. Essono ndong samuel dit :

    Je crois que la question traitée doit servir d’appel aux politiques au regard de ce que l’école publique présente comme problème aujourd’hui. Pour une population aussi faible comme la notre. Le sociologue interpelle. Au lieu d’organiser la tash force ou je ne sais pas quoi. Prenons la peine de lire, d’observer l’état actuel de notre belle école publique
    et de demander ou d’appeler à une concertation. Les enfants des familles modestes ne trouvent plus d’issue. VIVE LE GRAND BANDITISME (Braquages, viols, vols, prostitution et la pédophilie). attention demain un jour nouveau

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