Des principes républicains non écrits veulent que les ministres de l’Intérieur ne fassent pas montre, de manière ostentatoire, de leurs convictions partisanes. Guy-Bertrand Mapangou est sorti de cette réserve, et l’opinion craint un parti pris lors de la préparation et de l’organisation de l’élection présidentielle de 2016.

Guy-Bertrand Mapangou (à gauche) remettant les 10 millions de francs CFA pour la caution d’Ali bongo au secrétaire général adjoint du PDG, Claude Dibady Mayila. © D.R.
Guy-Bertrand Mapangou (à gauche) remettant les 10 millions de francs CFA pour la caution d’Ali bongo au secrétaire général adjoint du PDG, Claude Dibady Mayila. © D.R.

 
«Dans le cadre d’une cérémonie associative largement relayée par la presse officielle, le ministre de l’Intérieur a publiquement appelé à la candidature d’Ali Bongo pour l’élection de 2016, et, à cette occasion, il a ostentatoirement exhibé les sommes nécessaires au règlement de sa caution», vient de rappeler et souligner à Paris où il effectue une visite de contacts politiques Jean de Dieu Moukagni Iwangou, le président de l’aile loyaliste de l’Union du Peuple Gabonais (UPG).
Si les ministres de l’Intérieur sont rarement populaires, est-ce une raison pour l’actuel ministre gabonais de l’Intérieur de chercher à tout prix à déplaire à l’opinion ? En tout cas, après ses dernières sorties politiques et ses déclarations, Guy Bernard Mapangou ne rassure guère. En fait, les Gabonais ont peur de se retrouver avec un nouveau «Mboumbou Miyakou», ce ministre de triste mémoire qui déclarait, en 1992, que «tant que je serai ministre de l’Intérieur, le Président Bongo ne perdra jamais une élection». Et on vit effectivement ce qu’il advint : il annonça précipitamment les résultats du scrutin de décembre 1993, alors que le dépouillement de tous les votes, notamment ceux de l’Estuaire, la province-capitale, n’était pas achevé. On ne sait pas si l’intéressé a exprimé des regrets après les événements de fin-1993 et début-1994 qui ont causé d’énormes pertes en vies humaines.

Guy-Bertrand Mapangou, le 12 mars 2014 à Libreville. © Gabonreview
Guy-Bertrand Mapangou, le 12 mars 2014 à Libreville. © Gabonreview

Guy Bertrand Mapangou, le nouveau «Mboumbou Miyakou» ?
Le style et le langage de l’actuel ministre de l’Intérieur suscitent des commentaires pas toujours positifs… Moins brillant et moins bosseur que son prédécesseur, Guy Bertrand Mapangou inquiète, intrigue, suscite de la peur pour le scrutin de 2016. Parce qu’après avoir payé la caution de 10 millions nécessaires à la candidature d’Ali Bongo, comment pourra-t-il venir des résultats qui ne seraient pas favorables à ce candidat ? Personne ne peut y croire. Une absence présumée d’impartialité et d’objectivité qui fait craindre aux adversaires d’Ali Bongo un vote joué d’avance et des résultats déjà préparés. L’homme est en effet trop ancré dans ses convictions partisanes. A l’opposé, l’autre ministre «sécuritaire», Ernest Mpouho Epigat de la Défense, apparaît comme plus républicain et moins partisan, même si sa qualité de membre du Bureau Politique du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) est connue.
Revenant sur la motion de soutien, lue à Mouila le 17 mai dernier, en vue d’inviter Ali Bongo Ondimba à se porter candidat à l’élection présidentielle de 2016 et sur l’offre au président de la République des 10 millions de francs CFA pour le paiement de la caution exigée par la loi à tout candidat à la présidentielle, un ancien ministre d’Omar Bongo, aujourd’hui député, estime que «même si on est ministre de l’Intérieur, on a le droit d’avoir des convictions politiques, mais cette fonction exige malgré tout neutralité et retenue ; M. Mapangou aurait du laisser un autre membre du PDG faire cette annonce à Mouila et présenter publiquement les 5 millions CFA de la caution. Il a, ce jour-là, manqué d’intelligence et de tact». Cet acte amène, en tout cas, aujourd’hui une grande partie de l’opposition gabonaise à solliciter la tenue d’un dialogue inclusif «pour tout remettre à plat dans le dossier relatif aux élections» ou, dans le cas contraire, à appeler à l’organisation, par les Nations-Unies, de l’élection présidentielle prévue dans 22 mois. Le danger, pour Guy Bertrand Mapangou, est de passer pour le nouveau Mboumbou Miyakou, symbole de partialité. Si on ne lui demande pas d’abandonner ses convictions, on pense qu’il aurait pu éviter d’aller aussi loin. En tout cas, «cette faute pourrait pourrir sa vie de ministre», déclare un universitaire.
Alors qu’il se trouve dans un domaine où il peut conduire des réformes importantes, notamment en ce qui concerne l’improbable décentralisation, la modernisation des collectivités locales et l’insécurité, Guy Bertrand Mapangou préfère mettre en avant sa veste de membre du Comité permanent du Bureau politique du PDG. On peut comprendre : il est d’un pays où l’on a toujours clamé qu’«on n’organise pas une élection pour la perdre».
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Minko dit :

    Ce Mr Mapangou ira rejoindre Me Mayila quelque part et pourrons échanger sur des sujets d’intérêts communs
    Personne ne se souviendra de son passage à la tête de ce ministère …

  2. Ontintin dit :

    Oui bien entendu , il passera à la télé d’Etat gabonaise RTPDG dire qu’Ali Bingo a gagné avec 51,99% des voix. Et Mborantuée de la CC illégale validera. On le sait d’avance. C’est à l’opposition et au Peuple gabonais de se préparer en conséquence.

  3. as des as dit :

    Je suis d’accord avec vous.c’est un reve de voir mapangou passer a la rtpdg dire qu’ali a perdu l’election

  4. L'observateur du cord de garde dit :

    Ontintin tu m’amuse les gabonais se preparerons pour faire quoi en 2016 ? Mourire avec les bales bales perdues? les gabonais ont sanctionner le PDG en 1993 et en 2009 cela a changé quoi? une fois MAPANGOU declare la victoire MBORANTSOU valide et l’armée sur le terrain qui va léver la tête? donc c’est peuple qui decidont, c’est la france.

  5. gabon tchouooooo dit :

    @ as des as, ce n’est pas un rêve, c’est un cauchemar… La balle est dans notre camps; à nous (le peuple) de faire en sorte que çà ne se produise pas.

  6. tara dit :

    y’a quoi de nouveau dans cette affaire que MAPANGOU le dise ou pas on le sais c’est comme ça. On va pas réinventer la roue aujourd’hui l’opposition avait -elle besoin de cette déclaration pour demander la tenue d’un dialogue inclusif pour faire quoi??
    vraiment amusant. on joue au chat et à la souris.

    • FILO dit :

      Mon petit, le dialogue inclusif servira a partager la gâteau.
      une chose est certaine, ALI gagnera tous le savent. le problème qui est le leur est celui de trouver une tribune ou s’entendre pour la distribution des postes après les élections. pensez vous que une opposition qui veut prendre le pouvoir se contenterait de parler de la nationalité du président ou celle de ses collaborateurs? alors que les GABONAIS veulent connaitre qu’elle alternative ils nous proposent.
      l’idiot serait celui qui se mettra dans la rue après les élection 2016 car, le héro mort ne nourrit pas sa famille.
      n’oubliez que,comme l’avait dit un pédégiste de l’opposition, « …personne ne peut me montrer l’invitation qui lui a été adressée pour se mettre dans la rue…. »

  7. tara dit :

    Et puis honnêtement il y’ a pas encore un candidat qui sort du lot pour pouvoir battre Ali. PING essaie tant bien que mal de s’en sortir mais il est encore trop loin du compte. La seule question serait déjà pourquoi voter PING plutôt qu’un autre candidat?
    A l’époque d’OMAR il y’avait Mba abess (1993), Mamboundou (1998,2005),Avec Ali il y’avait Mamboundou(2009), Mba obam(2009),
    Ils avaient du charisme mais là vraiment y’a rien.

  8. bienvenue au bongoland dit :

    Depuis 5 ans, on nous avaient vendu que c’etait bon de voté ali parcequ’il etait deja « riche », donc lui « au moins » il ne devait pas nous piller, puis que sont père nous avait deja bien pillé avec sa complicité. Pourtant, 5 ans apres nous constatons qu’il est encore pire que son père dans leur philosophie selon laquelle « l’abondance des biens ne nuis pas ». Resultat: Il a construit de nouveau palais en 5ans, il a achetés bcp de nouvels voitures, il a acheté bcp de nouveaux palais parmis les plus cheres du monde,il a acheté de nouvels FERRARI, de nouveaux BABY-FOOT, de nouveaux terrain et meme de nouveaux terrain de golf il a donc augmenté en 5ans, tout son parc immobilier…Il a augmenté les crimes rituels, il a augmenté la paupérisation des pauvres, il a crée de nouveaux jeunes riches, il a offert un immeuble a son fils en face du Coneil Economique et social, il a acheté un nouveau jet pour Sylvia….AHHH Ali ton règne est tellement bon altesse…Toi qui avait promis de baisser le train de vie de lEtat, toi qui avait promis le plein emploi, toi qui avait promis d’augmenter le pouvoir d’achat des plus faible et non celui des ministres..;tu es un bon prési vrai vrai…;

  9. Fax1 dit :

    Mr Mapangou devrait s’interroger sur le point de savoir si la candidature d’Ali Bongo pour 2016 est conforme à la Constitution. Sinon, il est complice d’un nouveau parjure. http://www.fayard.fr/nouvelles-affaires-africaines-9782213685922

  10. Jean-Marcel Boulingui dit :

    Je suis convaincu que, pour une fois, Mborantsuo va donner les vrais chiffres d’une élection. Elle aura 61 ans en 2016, et encore toute sa vie devant elle. Elle va pouvoir se racheter une conduite.

  11. gee dit :

    cet arrogant la continue j espère que tu es éternel???? il y’a que dans des villages ou on assiste a un tel rituel Ministre de l’intérieur pedegiste qui remet de l’argent liquide pour la candidature du président devant les médias,le monde se moque de vous.vous êtes allés apprendre a l’étranger mais le sous développement colle a la peau.

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